Clitoris, orgasme féminin, parité… Conçu par une équipe composée uniquement de femmes, Siné Madame traite de sujets engagés avec humour. Le tout de manière ludique. Pourtant, les membres rejettent le terme “féministe”.
Il serait « le premier mensuel satirique et sociétal entièrement écrit et illustré par des femmes ». Créé par Catherine Siné, Siné Madame déboule dans les kiosques ce mercredi 17 avril. Au total une vingtaine de femmes, journalistes, autrices, dessinatrices ont participé à ce numéro plutôt fin et bourré d’esprit qui traite de questions diverses, mais toujours en rapport avec l’émancipation des femmes. On y trouve des sujets engagés et politiques de par leur traitement pédagogique. Dans ce contexte, un article nous a toutefois un peu surpris : une interview sur l’andropause – cette maladie hormonale qui touche les hommes – en première page du numéro.
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Résultat : des textes et des illustrations sur le clitoris, le gel orgasmique, le cancer du col de l’utérus, l’utilisation du mot « garce », la féminisation des noms de métiers ou encore la représentation des femmes dans les médias. Dans la chronique Maman est féministe, Serena Reinaldi aborde la question de la maternité et de son épanouissement supposé avec humour tout en soulevant des vraies problématiques. « Cher fils, tu n’as pas deux ans, et, déjà, tu me fais chier », écrit-elle avant d’ajouter plus loin : « Comment faire pour que tu ne deviennes pas un de ces hommes qui, parce qu’ils sortent enfin la poubelle, sont mieux payés que nous ? ». Conçu à 100 % par des femmes, Siné Madame insiste dans son édito : le journal s’adresse aussi aux hommes.
« Je ne suis pas féministe mais je veux lutter contre les inégalités »
Parmi les signatures on trouve quelques figures du France Inter telles que Charline Vanhoenacker, Juliette Arnaud, l’humoriste Constance, ou encore Roukiata Ouedraogo. Une question reste alors encore en suspens ? Pourquoi ne pas tout simplement assumer le fait d’être un journal féministe ? Dans une interview au JDD de ce dimanche, Catherine Siné déclarait : « le journal n’est ni féministe ni féminin : il parlera des femmes comme on n’ose pas le faire avec humour et engagement ». De quel engagement parle-t-on donc ? Celui pour l’égalité femmes-hommes que l’on appelle « féminisme » ? « Je ne suis pas féministe mais je veux lutter contre les inégalités », dit encore l’une des illustratrices au JDD. « Nous ne sommes pas en guerre contre les messieurs », ou encore « faire peur aux hommes ne sert à rien » font partie des autres petites phrases – surréalistes – que les contributrices ont pu déclarer dans la presse.
Dans Nous sommes tous des féministes (2015), Chimamanda Ngozi Adichie, la romancière nigérienne écrit : « Il me semble que le terme de féminisme – que le concept même de féminisme – est limité par les stéréotypes ». Et dénonce les clichés les plus répandus envers les féministes : détester les hommes, le soutien-gorge, la culture africaine, le maquillage, l’épilation, l’humour et le déodorant. Il est en effet dommage qu’en 2019, des femmes qui lancent un journal sur des sujets profondément féministes doivent presque s’en excuser et perpétuer ces stéréotypes anti-féministes.
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