Le bruit est aussi l’aliment d’un repas raté ou réussi. Un restaurant new-yorkais a choisi une solution radicale : il impose le silence. Une fausse bonne idée ? Le restaurant new-yorkais où l’on mange en silence a fait du bruit jusqu’à Paris. Eat, situé dans le quartier branché de Greenpoint au nord de Brooklyn, propose […]
Le bruit est aussi l’aliment d’un repas raté ou réussi. Un restaurant new-yorkais a choisi une solution radicale : il impose le silence. Une fausse bonne idée ?
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Le restaurant new-yorkais où l’on mange en silence a fait du bruit jusqu’à Paris. Eat, situé dans le quartier branché de Greenpoint au nord de Brooklyn, propose un repas silencieux par semaine. Ce petit établissement austère, aux longues tables de bois et pichets de grès fait maison, interdit les portables. Un concept performatif dont Nicholas Nauman, 28 ans, a eu l’idée en prenant un déjeuner silencieux dans un monastère indien lors d’un pèlerinage bouddhiste.
“Une disposition assez puritaine”, commente l’historien Pascal Ory (L’identité passe à table…, PUF), “cela rappelle le Moyen Age monastique ou les collèges religieux : on ne parlait pas pendant les repas, quelqu’un lisait et on écoutait la parole de Dieu”. Manger en silence, pour Neuman, recentrerait l’attention sur la nourriture et l’acte de manger. Précisons que le resto est veggie, locavore et bio. Les aliments traçables remplacent les traces de Dieu et leurs fluides apportent une énergie quasi tantrique. “A l’inverse, dans le déjeuner français, on parle même de ce qu’on ne mange pas”, compare Ory, “un des plaisirs de l’hédonisme est de commenter : pendant l’amour, on peut préférer que ce soit parlé”.
Considérations métaphysiques à part, les clients de Eat achètent 40 dollars une plage de silence. Le bruit est la deuxième cause de plainte des clients, selon Zagat (guide gastro US). D’après le New York Times, un tiers des restos ont des niveaux sonores dangereux (à plus de 90 décibels – le bruit d’une perceuse). Il faut blâmer le design contemporain : les surfaces lisses n’absorbent pas le son mais l’amplifie. Le critique gastro François Simon indiquait les décibels de chaque resto visité. Chez Eat, on est entre 0 et 20 (bruit des poivrières inclus).
Avantage : pas la peine de chercher un sujet de conversation en tête à tête gênant ou de subir ceux d’inconnus sur la diarrhée du petit ou un accident de sodomie.
Inconvénient : des bruits de mastication dégoûtants ou grincements de couverts stridents non atténués. Soit pour toute personne atteinte de misophonie (phobie des sons, de bouche, de table…), la définition de l’enfer. Montez le son !
Eat 124 Meserole Avenue, Greenpoint, Brooklyn 11222
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