Une investigation précise et pleine d’enseignements sur un cas emblématique de l’ère pré-MeToo par deux journalistes, Marine Pradel et Anne-Cécile Genre, qui étaient alors présentes sur place.
Dans les mouvements féministes espagnols, “porter des lunettes violettes” (“usar gafas violetas”, le violet étant la couleur associée au féminisme) renvoie à la manière dont la remise en cause du patriarcat modifie notre regard sur la réalité et révèle les inégalités, discriminations et violences sexistes qui étaient encore hier invisibilisées. La passionnante proposition de ce podcast produit par StudioFact est de regarder avec des lunettes violettes un scandale d’agression sexuelle emblématique de l’ère pré-MeToo : l’affaire du Sofitel ou affaire Dominique Strauss-Kahn.
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En 2011, alors qu’il est le grandissime favori de l’élection présidentielle à venir, DSK est accusé par Nafissatou Diallo, femme de chambre dans un hôtel new-yorkais où l’homme politique français séjourne, d’agression sexuelle, de tentative de viol et de séquestration. À l’époque reportrices et correspondantes pour des médias hexagonaux, les autrices du podcast, Marine Pradel et Anne-Cécile Genre, sont envoyées pour obtenir des images de l’affaire.
Racisme, classisme et sexisme
En huit épisodes magnifiquement réalisés par Théo Boulenger, elles vont minutieusement reprendre leur enquête, en analysant les matériaux recueillis à l’époque ainsi qu’en interrogeant des personnalités clés de l’affaire : l’avocat de Nafissatou Diallo, la juge qui a pris la décision d’envoyer DSK à la prison de Rikers, des journalistes américain·es ayant couvert l’affaire et Tarana Burke, fondatrice du mouvement MeToo.
Comme un autre podcast sur le journalisme d’investigation, l’excellent Mécaniques du journalisme, Shame on You (titre emprunté aux cris de colère qu’un groupe de femmes de ménage profère devant le tribunal où DSK est attendu) dit à quel point l’information est une mise en scène qui dépend donc de choix personnels mais aussi du contexte.
L’émergence d’un nouveau récit, plus conscient des injustices
C’est sur ce contexte que les autrices insistent, démontrant comment les statuts diamétralement opposés de DSK (un homme politique blanc à la tête du FMI) et de Nafissatou Diallo (une femme de ménage noire) ont impacté le traitement médiatique de l’affaire. Regrettant une forme de racisme, de classisme et de sexisme dont leur profession et le reste de la société ont fait preuve, elles tentent de faire émerger un nouveau récit, plus conscient des injustices.
Shame on you de Marine Pradel et Anne-Cécile Genre, réalisé par Théo Boulenger, produit par StudioFact Audio.
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