Journal intime d’une call-girl sort en DVD tandis que le créateur de Sex and the City planche pour HBO. La pute de luxe revient-elle en force ?
Dans leur course effrénée vers moins de déjà-vu, les chaînes n’ont plus peur de grand-chose. La tendance s’était profilée dès le milieu des années 1990 avec Profit, figure du libéralisme sauvage, tueur jamais repenti, tels les personnages de Bret Easton Ellis. A l’époque, John McNamara, créateur de la série, avait malheureusement crié dans le désert – seulement sept épisodes de son chef-d’oeuvre d’anticipation sur notre monde en crise avaient été diffusés. La situation s’est renversée pendant la décennie qui s’achève, avec le règne des personnages ambigus, voire malfaisants, de Tony Soprano à Dexter Morgan. Ce dernier fait désormais office d’étalon de la série contemporaine : mi-serial-killer, mi-flic.
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Les personnages féminins hors limites sont restés plus rares, même si quelques héroïnes trash ont pointé le bout de leur nez dans Sex and the City, Weeds, Desperate Housewives ou maintenant United States of Tara. Le nouveau must correspond pourtant à autre chose qu’une femme au foyer désespérée : c’est une fille qui se désape souvent et le fait payer très cher. “Personne n’a encore vraiment jeté un oeil à l’univers des escorts de luxe, et je compte m’y mettre”, déclarait il y a quelques mois Darren Star, créateur de Sex and the City, en évoquant sa nouvelle idée pour HBO, l’adaptation du roman Diary of a Manhattan Call Girl, inspirée des mémoires d’une ancienne escort.
La série conservera le modèle du groupe de copines qui a fait le succès des aventures de Carrie Bradshaw, à la différence que les nouvelles Charlotte, Miranda… seront des putes de luxe. “Ces héroïnes ne ressentent pas de honte par rapport à leur travail, elles sont une source d’inspiration pour les autres”, a glissé Star. Le pilote a déjà été tourné, mais l’affaire traîne un peu – le projet avait été annoncé en 2007. Serait- ce parce que, contrairement à ce qu’a affirmé Star, il existe déjà une série sur le même sujet ?
Diffusée en Angleterre sur ITV2 depuis 2007, gros succès aux USA sur Showtime, le concurrent de HBO, Journal intime d’une call-girl raconte la vie d’Hannah, alias Belle, une jolie fille de Londres qui sort de la fac, “aime le sexe et l’argent”. Inspirée d’un blog très couru et écrite en majorité par Lucy Prebble, la série a adopté un format court, vingt-deux minutes rythmées par les rencontres avec les clients et les commentaires face caméra d’une héroïne qui n’a pas froid aux yeux. Assez faible, voire frigide, du point de vue de la mise en scène, la série décolle grâce à la liberté absolue de mouvement et de parole de son héroïne, une fille de son époque qui se démène avec son image et son corps. Une leçon d’audace, tant le parcours de cette prostituée échappe aux discours ordinaires sur l’exploitation.
JOURNAL INTIME D’UNE CALL-GIRL (Koba Films Vidéo, double DVD), environ 25 €
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