Entre l’hyperluxe et la dêche sur fond de crise, chronique de la branchitude new-yorkaise. Une comédie produite par Mark Wahlberg.
Qu’est-ce qui fait courir les losers ? C’est à cette question intriguante, à la fois ténue et possiblement majeure, que tente de répondre depuis quelques semaines la nouvelle comédie d’HBO, simplement intitulée How to Make It in America (en français : “Comment réussir en Amérique”).
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Dans la nouvelle tendance lo-fi lancée par la chaîne câblée, déjà représentée par les intéressantes Hung ou encore Bored to Death (intrigues minimales, univers clos, héros malhabiles et limite falots, vivotant par temps de crise), la série créée par Ian Edelman propose une vision moderne et pimpante du rêve américain.
Deux potes inséparables et sans véritable travail (Ben et Cam) tentent une percée dans le monde de la mode à New York. Ils font jouer leur intelligence de la rue pour obtenir rendez-vous et bons plans afin de lancer leur marque de jeans. C’est normal : ils connaissent toujours une amie qui connaît un ami qui connaît une personne importante qui devrait changer leur vie…
Sauf que la réalité n’est pas aussi linéaire. La série est assez intelligente dans sa façon de montrer la fausse circulation des richesses aujourd’hui, même dans une métropole aussi ouverte que Big Apple : si Ben et Cam peuvent être assez facilement introduits dans les cercles chic de la mode, la distance qui les sépare du succès et de l’opulence reste abyssale. Par leur persévérance candide, leur démarche d’enfants rêveurs, ils touchent d’entrée le spectateur pourtant habitué à rencontrer des antihéros à la télé des années 2010.
Si How to Make It in America n’est pas encore une grande série, elle se révèle très vite beaucoup plus fine qu’elle en a l’air. En toile de fond, c’est de l’Amérique de Barack Obama qu’il s’agit, balancée entre un espoir nouveau et la permanence d’un fond social et économique très violent.
Aux manettes, on retrouve Mark Wahlberg et Stephen Levinson, déjà producteurs d’Entourage, située à Hollywood. How to Make It in America raconte un peu la même histoire dans un autre milieu, mais de là à limiter son impact à une version East Coast de sa cousine de Los Angeles, il y a un pas qu’on évitera de franchir. Car la série existe par elle-même et invente sa propre géographie sentimentale et concrète.
New York, ici, ressemble à un drôle de mélange entre les restes de quartiers populaires à Brooklyn et dans le Bronx, et les îlots de branchitude outrée (ces fêtes dans des lofts impossibles où tout le monde écoute Florence & The Machine). La série peut agacer par sa constante démonstration de bon goût, sa description d’une jeunesse pas spécialement dorée mais toujours parfaitement lookée, fan de sneakers et de skate, à l’aise dans les galeries comme au stand de pizzas. Sauf que cet univers peut produire autre chose que son propre narcissisme. Rien que le générique, une suite de photographies de rue rythmée par un morceau envoûtant d’Aloe Blacc, I Need a Dollar, en donne une preuve éclatante.
HOW TO MAKE IT IN AMERICA Avec Bryan Greenberg, Victor Rasuk, Luis Guzmán. Sur HBO et iTunes.
A écouter : Une mixtape réalisée notamment par Kid Cudi (www.datnewcudi.com)
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