Semestriel fondé par le photographe français basé à Londres Romain Sellier, Sentimental Magazine vient de sortir son premier numéro. A partir de septembre, le magazine sera disponible chez Colette. Nous avons interrogé Romain, qui nous explique ce qui l’a poussé à réaliser ce projet. Pourquoi avez-vous décidé de lancer Sentimental Magazine? Quel est le concept ? […]
Semestriel fondé par le photographe français basé à Londres Romain Sellier, Sentimental Magazine vient de sortir son premier numéro. A partir de septembre, le magazine sera disponible chez Colette. Nous avons interrogé Romain, qui nous explique ce qui l’a poussé à réaliser ce projet.
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Pourquoi avez-vous décidé de lancer Sentimental Magazine? Quel est le concept ?
Je suis photographe et, comme beaucoup, je me sens souvent frustré. La liberté d’avoir mon propre magazine, de contrôler l’ensemble d’un projet, est un lointain fantasme. Mais j’étais toujours assez intimidé par les publications déjà existantes, que je trouvais très glamour ou ultra créatives. A Londres, j’ai découvert qu’il existait une autre tendance, de laquelle je me sentais très proche… Des magazines qui me semblaient à la fois humbles et très honnêtes, et qui n’hésitaient pas à approcher la mode, ou bien l’image de mode, avec de la distance, et parfois même de la dérision. Mais surtout, des publications au sein desquelles l’humain était très présent. Cela m’a libéré de mes appréhensions. J’ai donc décidé de me lancer.
Comment définissez-vous l’univers de ce premier numéro? Quelle histoire avez-vous voulu raconter?
Pour ce premier numero, il était très important pour moi que les photographes choisis racontent quelque chose d’intime. Ce sont presque tous des photographes de mode, mais je leur ai demandé de ne pas faire de séries de mode à proprement parler. Ou alors, de traiter de la mode avec humour. Je voulais qu’ils soient le plus libre possible, leur seul contrainte étant d’être honnête et de livrer quelque chose de personnel.
Votre style se caractérise par de fortes références à la culture underground… Cela relevait-il de l’évidence pour vous d’y lancer un magazine de mode dit « indépendant »?
Je suis venu vivre à Londres, ville qui est effectivement la Mecque des magazines indépendants, mais aussi la capitale de la photographie de mode. Je pense que c’est une ville où peuvent cohabiter des sensibilités très différentes et elles sont toutes les bienvenues. Il y a moins ce besoin d’appartenance à un « groupe », ou ces signes de reconnaissance qui sont si importants à Paris. En tous cas, je me sens plus libre à Londres. Mais attention.. J’adore Paris!
Vous avez fait appel à des contributeurs tels que les photographes Jonas Lindstroem ou Kira Bunse… Comment se sont opérés ces choix d’artistes?
Ce sont des photographes dont je suis l’évolution depuis longtemps, certains pour une seule de leurs images, d’autres pour l’ensemble de leur travail. J’ai eu l’heureuse surprise qu’ils acceptent presque tous de participer au premier numéro, ce qui n’est jamais evident lorsque l’on ne dispose d’aucune référence antérieure. Mais finalement, les photographes aiment qu’on leur donne toute liberté!
Pourquoi avoir pensé un magazine semestriel, uniquement disponible en version papier, à l’heure du « digital » ? Le processus de fabrication doit être très long…
Je passe la plupart de mon temps sur internet a chercher l’inspiration, je crée des dossiers plein d’images, de références… Mais je me suis rendu compte que je ne les regardais presque plus jamais. L’aspect éphémère et surtout le fait qu’une image est si vite remplacée par une autre plus récente, a tendance à me provoquer une sorte de vertige assez angoissant et culpabilisant. Au contraire, le processus de créer un magazine papier, concret, où les images peuvent rester, peuvent être épinglées au mur, passées de main en main, a quelque chose de serein et de satisfaisant de mon point de vue. A cela s’ajoute le fait que j’apprécie le rythme d’un magazine semestriel, qui permet de bien réfléchir à ses envies, ainsi qu’aux contributeurs qui collent le mieux à ces idées.
Qu’est ce que vous aimeriez apporter avec « Sentimental Magazine » ? Les grandes publications qui dominent le marché proposent-elles des images trop lisses?
C’est bien la question que j’ai évité de me poser avant de me lancer. Sinon, je ne l’aurais jamais fait! Le premier numéro de Sentimental va sans doute toucher une corde plus « affective » que des magazines de mode plus classiques, chez un lecteur qui est plus habitué à rencontrer une perpétuelle innovation plastique ou conceptuelle – dont je suis par ailles également très admiratif.
Vous allez être vendu chez Colette à partir du mois de septembre… Quels sont les projets futurs pour « Sentimental Magazine » ?
Oui Colette, mais également d’autres très bons de point de vente parisiens, et j’en suis très heureux! Je travaille sur Sentimental # 2 depuis quelques jours seulement, et j’ai déjà d’excellents contributeurs qui ont donné leur accord pour ce prochain numéro… J’ai donc hâte de recevoir leurs images !
Propos recueillis par Cora Delacroix
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