Notre consommation de vêtements augmente alors que leur utilisation est en baisse, selon un rapport de la Fondation Ellen MacArthur publié mardi. La faute à une industrie de la mode dominée par la fast-fashion, qui pousse à acheter puis jeter toujours plus, avec de graves répercussions au niveau environnemental.
« Depuis le XXe siècle, les vêtements sont de plus en plus considérés comme jetables, et l’industrie est devenue fortement globalisée, avec des vêtements souvent imaginés dans un pays, fabriqués dans un autre, et vendu partout à travers le monde à une vitesse incroyable. » Dès l’ouverture de son rapport A new textiles economy: Redesigning fashion’s future (« Une nouvelle économie du textile : repenser le futur de la mode »), la fondation Ellen MacArthur pointe les deux responsables de l’augmentation de la pollution générée par la mode: la popularité croissante d’une mode « jetable » et un éclatement des étapes de fabrication, dispatchées à travers le globe souvent en fonction du coût de la main d’oeuvre.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Publié cette semaine, le rapport de 150 pages (à télécharger gratuitement ici) invite à repenser le fonctionnement global de la mode, qui a vu ses effets néfastes sur l’environnement augmenter considérablement ces 15 dernières années. En cause : une demande croissante de la part d’une classe moyenne aux moyens plus élevés et l’émergence de la fast fashion, qui a fait doubler la production de textile mondiale cette période. « De nos jours, l’industrie textile est basée sur un modèle dépassé, linéaire, qui prend, fabrique et jette, ce qui augmente incroyablement le gaspillage et la pollution, dit Ellen MacArthur, l’activiste écologique qui a créé la fondation éponyme, au Guardian. Nous avons besoin d’une nouvelle industrie textile au sein de laquelle les vêtements sont conçus différemment, portés plus longtemps et beaucoup plus recyclés. »
https://www.instagram.com/p/BcFSrhNB6GP/?taken-by=ellenmacarthurfoundation
Le fléau de la fast fashion : acheter plus, jeter plus, polluer plus
Selon le rapport, plus de la moitié des textiles produits par la fast fashion sont jetés en moins d’un an : chaque année, dans le monde, les consommateurs de mode jettent pour 460 milliards de dollars de vêtements qui pourraient encore être portés. La faute à une mode toujours changeante, mais surtout à la baisse des prix des vêtements qui font que suivre les tendances est plus accessible que jamais.
Le problème majeur est que l’industrie textile dépend majoritairement de matières non-renouvelables : 98 millions de tonnes par an d’huile (pour produire les fibres synthétiques), d’engrais (pour faire pousser le coton) et de produits chimiques (pour teindre les vêtements). Chaque étape mise bout à bout (la production, le déplacement, puis la destruction du surplus par combustion ou enfouissement) génère 1,2 milliards de tonnes de gaz à effet de serre par an. Plus que les vols internationaux et le transport de marchandises réunis, selon le Guardian.
Du plastique dans nos assiettes
L’industrie textile pompe également 93 milliards de m3 d’eau par an, contribuant à l’assèchement de certaines zones. Les vêtements, une fois produits, continuent d’être néfastes : une demi-tonne de micro-fibres de plastique, qui se détachent de nos vêtements à chaque lavage, est relâchée dans les océans. Selon le site Fashionista, cela équivaut à plus de 50 milliards de bouteilles en plastique. Ces micro-fibres sont ensuite ingérées par la faune aquatique, et voyagent jusqu’en haut de la chaine alimentaire : elles se retrouvent dans notre alimentation.
Soutenu par des marques comme Stella McCartney, Nike ou H&M, le rapport préconise quatre champs d’action : limiter la présence de micro-fibres au sein des matières textiles, passer à l’utilisation de matières renouvelables, augmenter l’utilisation des vêtements existants (via des initiatives comme les sites de revente ou de location de vêtements) et radicalement améliorer le recyclage. « Nous avons déjà assez de vêtements et de textiles pour satisfaire notre demande annuelle, reprend Ellen McArthur dans le Guardian. Tout ce que nous devons faire c’est s’assurer que tout cela ne finit pas à la poubelle. »
{"type":"Banniere-Basse"}