De nouvelles révélations, dues à un prélat espagnol et à une laïque italienne, font trembler les fondations du Saint-Siège.
Même les scénaristes hollywoodiens n’auraient pas osé “pitcher” une histoire pareille. Pensez donc : deux arrestations au cœur du Vatican. Celle d’un prélat espagnol, Lucio Angel Vallejo Balda, proche de l’Opus Dei, cette “prélature personnelle” si puissante en Amérique latine, et celle de Francesca Immacolata Chaouqui, franco-italiano-marocaine, jeune attachée de presse vaticane.
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Le tout couronné par la parution de deux brûlots qui reviennent avec insistance sur la gabegie, la corruption et les traitements de faveur qui semblent depuis trop longtemps régner au Vatican et qui ont déjà eu raison d’un pape : Benoît XVI.
Une corruption œcuménique endémique
Ces turpitudes sont-elles le propre de l’Eglise catholique ? Non, on pourrait même arguer qu’elles sont le propre de toute religion. Même les bouddhistes ne sont pas à l’abri : en 2013, une vidéo sur YouTube montrait trois moines à bord d’un jet privé lors d’une “mission religieuse”, lunettes de soleil dorées et clinquantes sur le nez et sac Vuitton entre les genoux.
Et souvenez-vous du recteur Boudjedi, imam de la mosquée de Nanterre, heureux propriétaire d’une Jaguar, d’une BMW et d’une Mercedes, condamné en octobre 2014 à trois ans de prison, dont dix-huit mois ferme, pour avoir “sciemment détourné” 530 000 euros provenant des fidèles et d’un organisme parapublic. Il a bien sûr fait appel.
La curée pour la Curie
Ce qui rend l’affaire des mécomptes du Vatican si exceptionnelle, ce n’est pas tant le récit – digne d’un polar – des tentatives des uns (la curie) pour résister aux réformes des autres (le pape François) que l’accumulation de signes extérieurs de richesse et de frivolité, qui portent, en plus, sur un sujet que tous les citadins comprennent immédiatement : l’immobilier. Prenez un simple papier daté du 5 novembre et publié par La Stampa dans ses pages “Cronache” (“Faits divers et société”).
L’article illustre parfaitement cet effet d’accumulation dévastateur : on y apprend que l’ancien secrétaire d’Etat de la curie, le cardinal Tarcisio Bertone, s’est récemment installé au dernier étage du palais San Carlo au Vatican. Appartement avec terrasse, refait entièrement pour lui, et dont on discute encore s’il mesure 700 ou seulement 500 mètres carrés.
Et ainsi de suite : Raymond Leo Burke, patron de l’Ordre souverain de Malte ? 417 mètres carrés. Le cardinal américain William Joseph Levada ? 524 mètres carrés. Le cardinal canadien Ouellet ? 500 mètres carrés. Le cardinal Sergio Sebastiani ? 424 mètres carrés. Le cardinal Domenico Calcagno, dit “monseigneur Rambo” pour sa passion des armes ?
Monsignore Rambo
Lui mérite une mention spéciale : comme son immense appartement romain de fonction ne suffisait plus, il s’est offert une sorte de retraite campagnarde de 20 hectares avec appartement et une ferme aux alentours de Rome. Evidemment, le contraste avec les 50 ou 70 mètres carrés de la résidence Sainte-Marthe – où le pape François a décidé de s’installer après son élection en 2013 – n’en est que plus effarant.
Mais c’est surtout l’écart avec le quotidien des Romains qui est violent. Rome est une des villes d’Italie où se loger est le plus cher et le plus difficile. La désinvolture de ces prélats y est donc particulièrement insupportable.
Le seul à se réjouir de ces affaires d’argent et de train de vie luxueux est le Premier ministre italien, Matteo Renzi. Depuis plusieurs mois, il essaie de faire passer une version light du mariage gay (et du divorce civil), malgré la sourde opposition des catholiques de l’Assemblée. Pour lui, c’est le moment ou jamais, et il le sait.
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