L’UMP se déchire sur la stratégie à suivre après l’échec des cantonales. Copé et Fillon sont comme chien et chat…
« C’était pas la peine d’aller au Japon. S’il voulait voir une belle explosion nucléaire, le président n’avait qu’à rester à Paris ! » Ce député UMP manie l’ironie à l’Assemblée, où les élus de la majorité sont encore sous le choc des 24 dernières heures, aussi riches en émotions, en violences et en coups de théâtre que la défunte série télévisée du même nom…
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Un député PS établit pour sa part un parallèle entre la guerre Fillon-Copé et le long affrontement Fabius-Jospin des années 90, qui « n’a pas été sans conséquences sur la gauche au pouvoir« . Bref, ambiance…
« Il n’est pas possible d’exposer ses différends avec le Premier ministre ainsi à la télévision«
Le choc s’est produit lundi soir, au lendemain de la défaite des cantonales, lorsque Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, s’est laissé aller à des petites phrases peu amènes à l’encontre du Premier ministre sur le plateau du Grand Journal de Canal +. Maître d’œuvre du débat sur la laïcité, qui doit se tenir le 5 avril et n’en finit pas de susciter la polémique, le patron du parti a accusé le Premier ministre, qui avait critiqué l’exercice, d’avoir trouvé « l’occasion d’une posture » et de « ne pas jouer collectif« .
Mardi matin, Nicolas Sarkozy, tout heureux de retrouver un rôle d’arbitre raisonnable, a appelé le chef du gouvernement et celui de l’UMP à garder leur sang-froid. Lors de cette réunion de la majorité à l’Elysée, Jean-François Copé a maintenu ses propos sur le fond, s’attirant un recadrage immédiat de François Fillon : « Il n’est pas possible d’exposer ses différends avec le Premier ministre ainsi à la télévision« . Après cet échange musclé, les deux hommes ont consenti quelques gestes pacificateurs devant les députés de l’UMP puis devant la presse.
« J’ai été excessif sur la forme mais j’ai voulu mettre les pieds dans le plat« , a expliqué un Copé visiblement encore un peu énervé. « Nous nous sommes dit les choses et l’heure est à l’apaisement« , a-t-il précisé. « Je ne peux pas accepter qu’on m’accuse de prendre une posture quand je défends une conviction« , a déclaré de son côté François Fillon, qui avait appelé la semaine précédente à un vote « contre le Front national » au second tour es cantonales alors que Sarkozy et Copé s’étaient mis d’accord sur un « ni ni », ni FN ni front républicain.
La tension amplifiée par les commentaires de l’entourage
Comme d’habitude, les entourages des deux hommes ont contribué à entretenir la tension. Etienne Pinte, un député proche de François Fillon, a estimé que Jean- François Copé devrait démissionner de la direction de l’UMP. Avant de se rétracter. Dans une tribune publiée par Le Monde, le ministre des Affaires européennes, Laurent Wauquiez et une cinquantaine de parlementaires de son club La Droite sociale critiquent la gestion du député-maire de Meaux, placé à la tête du parti par Nicolas Sarkozy lors du remaniement de novembre.
Même Christian Estrosi s’est démarqué de la ligne Sarkozy-Copé en estimant que l’échec de l’UMP aux cantonales était due à une erreur de stratégie et en vantant les réalisations « sociales » dans son département des Alpes-Maritimes, qui ont selon lui permis à la droite locale d’échapper à l’emprise du Front national. S’attirant cette réplique prêtée à Nicolas Sarkozy par l’un des participants aux réunions élyséennes : « C’est normal, il y a toujours des coups de pied de l’âne… »
Dans l’attelage majoritaire, il y a en tout cas de plus en plus de chevaux qui ne tirent plus dans la même direction. Jean-Louis Borloo, qui s’inquiète d’une droitisation de l’UMP, devrait annoncer début avril qu’il va fonder une confédération centriste, hors les murs de la rue de la Boétie. D’ici là Nicolas Sarkozy sera rentré du Japon, avec sans doute de nouvelles recettes pour tenter de colmater les fuites du parti qu’il a conquis en 2004.
Hélène Fontanaud
{"type":"Banniere-Basse"}