En l’absence de son père qui n’est finalement pas venu perturber sa rentrée politique, la présidente du Front national a déclaré que l’immigration n’était « pas une chance » mais un « fardeau ». Avec cette rentrée politique sans esclandre, Marine Le Pen peut désormais se tourner vers les élections régionales de décembre où le FN ambitionne de remporter deux régions.
Les universités d’été du FN se sont terminées au son de « Happy » de Pharrell Williams. Si les dirigeants frontistes ont longtemps crû au débarquement impromptu de Jean-Marie Le Pen, le parasitage n’a finalement pas eu lieu. Fatigué, le « vieux » a préféré rester cloitré dans sa chambre d’hôtel situé à quelques encablures du Palais des congrès de Marseille. Avant de prendre un avion pour rejoindre la capitale, le co-fondateur du mouvement s’est malgré tout justifié sur BFM TV en déclarant : « Je ne ferais que rendre service à Marine Le Pen en attirant l’attention sur elle alors qu’elle en est réduite aux miettes médiatiques de ce week-end ».
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Si ce week-end frontiste a durant longtemps ressemblé à un remake marseillais d’En attendant Godot, il a surtout tourné autour de l’immigration dans les discours des orateurs frontistes. Une manière de mobiliser les troupes avant les élections régionales de décembre où le FN espère remporter deux régions, celles du Nord-Pas-de-Calais – Picardie et de Provence-Alpes-Côte-d’Azur, où Marine Le Pen et Marion Maréchal Le Pen, représentent les plus belles chances du parti.
Toute l’après-midi de la première journée de ces universités d’été a ainsi été consacrée « à l’immigration et ses nouvelles menaces ». Habituellement cantonné à des sujets économiques ou sociaux, Florian Philippot y a lui aussi été de son laïus. Tandis que le sénateur frontiste Stéphane Ravier s’est illustré en déclarant : « Quand les immigrés voient que dans notre pays on défile quasi-nu avec une plume dans les fesses, comment peuvent-ils le respecter ? ».
« Les sociétés multiculturelles sont par nature multiconfictuelles »
Le lendemain, les diatribes anti-immigration sont encore montées d’un cran. Dans ce rôle là, le secrétaire général du FN, Nicolas Bay, n’a pas déçu les militants frontistes. N’hésitant pas à rappeler le slogan d’une vieille affiche du Front national de la jeunesse (« Quand nous arriverons, ils partiront »), l’ancien mégrétiste a déclaré que « nous ne sommes plus seulement face à des territoires de non-droit, mais face à des territoires de non France ». Et de s’interroger à haute voix : « Combien de Kouachi, de Coulibaly, de Nemmouche-, de Sid Ahmed Ghlam, parmi les clandestins qui débarquent sur notre territoire ? ». Ajoutant que les « sociétés multiculturelles sont par nature multiconflictuelles ».
Nicolas Bay à fond sur les fondamentaux reprend le slogan d’une vieille affiche d’une FNJ sur l’islamisme. #UDTFN pic.twitter.com/9uIqzS7fzL
— David Doucet (@Mancioday) 6 Septembre 2015
Marine Le Pen s’exprime devant une salle bondée
En milieu d’après midi, Marine Le Pen a pris le relais. Après la projection d’une courte vidéo présentant des paysages de France digne de Windows 98, la présidente du FN est arrivée sur l’estrade sous un tonnerre d’applaudissement devant une salle bondée de plus de 3000 personnes. Dans un très long discours (plus d’une heure), la présidente frontiste a abordé des enjeux plus nationaux que régionaux. Si la droite jure par le modèle allemand, la présidente frontiste a de nouveau sorti de sa poche l’exemple britannique pour réaffirmer sa volonté de sortir de l’euro. « S’il le faut, nous devrons nous arracher aux griffes de l’Union européenne via un référendum, comme au Royaume-Unis (…) Un Etat peut sortir de l’Union, à bon entendeur ». Après avoir abordé la question de la réforme scolaire, la loi sur le renseignement ou bien encore le « démembrement du système de santé », la présidente du FN est longuement revenue sur la question migratoire. « Désormais des migrants errent dans nos villes (…) l’heure est à l’accoutumance au terrorisme (…) il faut les renvoyer chez eux », s’est exclamée Marine Le Pen, sous les acclamations de la foule.
« Je mettrai l’islam radical à genoux »
Affirmant sans détours que « l’immigration n’est pas une chance, c’est un fardeau » et que l’immigration actuelle n’était pas comparable aux vagues migratoires précédentes, Marine Le Pen a su séduire son auditoire en mettant le braquet à droite toute. Parmi ses propositions pour réduire le droit des immigrés en France, la fille de Jean-Marie Le Pen a réaffirmé sa volonté de « réformer le droit d’asile pour le restreindre considérablement, de reconduire systématiquement à la frontière les clandestins comme la loi de la République l’exige et de supprimer toutes les pompes aspirantes de l’immigration clandestine, à commencer par le logement gratuit pour les demandeurs d’asile et l’aide médicale d’État pour les clandestins… ». Ajoutant que de nos jours, « il vaut mieux être clandestin que Français en France ».
Julien Rochedy, l’ancien patron du FNJ, regrette le simplisme formel du discours de Marine Le Pen #UDTFN pic.twitter.com/Y7KlXNuYDP — David Doucet (@Mancioday) 6 Septembre 2015
Même si l’ancien patron du Front national de la jeunesse a regretté sur Twitter le « simplisme » du discours de Marine Le Pen, il a réjoui les troupes frontistes. Le point d’orgue de ce meeting anti-immigration a été atteint lorsque la présidente frontiste a promis de manière solennelle qu’elle « mettrait l’islam radical à genoux ». Les 3000 militants frontistes se sont alors levés spontanément en criant son prénom, et en entonnant un traditionnel « on est chez nous ».
Au moment de conclure, après avoir dressé un tableau apocalyptique de la France façon Jean Raspail, la présidente frontiste a eu une allusion à peine voilée à son paternel : « Une page se tourne, notre monde est à la fin d’un cycle. La situation est sans commune mesure avec celle que nos parents ont eu à relever ». Avec son discours, Marine Le Pen a en tout cas prouvé que même sans son patriarche, le FN reste fidèle à la vulgate des origines.
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