Pour “Les Inrocks”, Sandrine Rousseau (EELV) revient sur l’élection présidentielle de 2022 et les défis des prochaines législatives.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le premier tour aura lieu dimanche 9 juin. Vous êtes candidate à la 9ème circonscription de Paris au sein de la Nouvelle Union Populaire, Écologique et Sociale (La Nupes). Quelles leçons avez-vous tirées de l’élection, et de ce fameux premier tour ?
Sandrine Rousseau – Ce premier tour a été un électrochoc ! Je pense que l’on a réussi avec la Nupes ce que l’on n’avait pas voulu entreprendre au moment du premier tour. Cette alliance des gauches – on verra ce que cela donne électoralement –, mais elle était très attendue. En 2017, finalement, Benoît Hamon est au-dessus des 5 %, pas de beaucoup mais tout de même ! Cela veut dire qu’il est remboursé de ses frais de campagne, qu’il n’y a pas de conséquences structurelles. Et, en 2017, on se dit encore que c’est une erreur, un accident, que c’est conjoncturel. Quand en 2022 les choses se reproduisent, on est obligés de constater qu’il y a quelque chose de beaucoup plus profond.
Je connais plein de gens qui ne pensaient pas un jour voter Mélenchon, mais qui l’ont fait parce que pour eux, le plus important, c’était de gagner. Pour moi, le message envoyé par l’électorat, c’est “on ne veut plus que vous ayez un bon score, que vous jouiez, mais que vous gagniez”. D’où l’importance, plus que jamais, du vote utile. Nous l’avons entendu et l’avons mis en place pour les législatives avec la Nupes.
La Nupes, l’alliance des gauches aux législatives 2022, a d’ailleurs été particulièrement critiquée par la droite tout au long de la campagne…
Tout le monde se moque des différences que l’on peut avoir, mais le message envoyé est extrêmement fort et on peut saluer le fait que, pour la première fois, les organes politiques ont tiré des conséquences des urnes, que c’est ultra puissant. Si nous n’avions pas pu le faire auparavant, c’est parce qu’il y avait des résistances très lourdes au sein des partis politiques. Maintenant, c’est au tour de l’électorat de se mobiliser. Nous avons pris nos responsabilités. À droite, on passe parfois plus de temps à dénigrer notre alliance qu’à construire sa candidature, c’est pour ça que je pense qu’il y a malgré tout de l’espoir (rires) !
Qu’est-ce qui a vraiment participé à lever ces résistances ? Le score de Le Pen ?
Je pense que c’est Macron. À gauche, on a très peur de Macron et de ce qu’il pourrait faire encore cinq ans de plus. Il a quand même lâché des propositions avant le premier tour qui sont inquiétantes : l’histoire du RSA et des 15 à 20 heures par semaine, la retraite à 65 ans… On sent qu’il n’a toujours pas compris pourquoi il avait été élu. Pour nous, il s’agit de protéger les gens de Macron.
Pourquoi la Nupes n’est pas arrivée avant ?
Il y avait vraiment un refus. J’ai perdu les Primaires EELV notamment pour ça, parce que je prônais l’union. Il n’y avait pas de volonté. Ni de notre côté, ni de celui de Mélenchon ou même dans les rangs du Parti communiste. Du côté du PS, c’est seulement quand ils ont vu une forme de faiblesse qu’il y a eu un pas en avant. Olivier Faure et moi, nous n’étions que deux à vouloir cette union.
Le paysage politique s’est redessiné avec cette Nouvelle Union. Comment se déroule votre candidature à Paris ?
Je sens un réel enthousiasme. Pour la première fois, on se met en ordre de marche pour gagner ! Je pense que l’on passe d’un moment un peu auto-centré, à une marche commune pour la victoire. C’est une réelle révolution !
Comment avez-vous vécu la campagne présidentielle ?
Ce fut, selon moi, un énorme gâchis, à la fois parce que Jean-Luc Mélenchon ne se qualifie pas pour le second tour, mais aussi parce qu’aucune formation de gauche ne dépasse les 5 %. On ne pouvait pas faire pire !
Est-ce que vous aviez trouvé votre place chez EELV pendant cette campagne ?
Ça n’a pas été simple, et ça s’est un peu vu ! Nous n’avons pas réussi à trouver nos complémentarités, ni à construire quelque chose. Je pense avoir fait un pas en avant en acceptant la présidence du conseil politique de la campagne de Yannick Jadot, mais nous n’avons pas réussi à trouver nos complémentarités, ni à construire quelque chose. Mais maintenant c’est fini, on passe à autre chose !
Propos recueillis par Elsa Pereira.
{"type":"Banniere-Basse"}