Malgré ses huit Oscars, le film de Danny Boyle ne convainc pas l’auteur des Versets sataniques.
« Ce film empile invraisemblance sur invraisemblance ». Pour Salman Rushdie, Slumdog Millionaire, carton au box-office US et multi-oscarisé, est en réalité un tas d’inepties. Répondant à une interview à l’université d’Atlanta, Salman Rushdie a joué le trouble-fête. « Feel good movie » (Film pour se sentir bien), Slumdog serait une adaptation mièvre et chevaleresque de la réalité indienne, frisant l’autocensure et truffée de détails qui le rende irrecevable à ses yeux. Comment les personnages du film font-ils pour se procurer une arme dans ce pays ? Comment les héros se retrouvent-ils pour la scène finale au Taj Mahal, alors que dans la séquence précédente ils étaient à mille kilomètres de là ?
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Slumdog n’est pas le seul film récompensé qui a suscité l’ire de Sir Rushdie. L’Etrange histoire de Benjamin Button, d’après une nouvelle de Francis Scott Fitzgerald, n’aurait «finalement rien à dire » et Le Liseur, adapté d’un roman de Bernhard Schlink sur l’Holocauste, n’est qu’ « un film lourd et sans vie, tué par excès de respectabilité ».
Pour l’écrivain britannique, Slumdog appartient à la catégorie « des mauvais films sociaux ». Des films qui « à trop vouloir créer une meilleure compréhension entre les peuples, finissent par empêcher l’expression de certaines opinions ». Ce n’est pas en masquant la violence qui existe dans certains pays, que l’on pourra l’apaiser, mais plutôt, selon lui, en mettant en avant « les vérités essentielles ».
Des vérités que Rushdie voudrait bien révéler au grand jour avec l’adaptation des Enfants de Minuit, son roman fleuve couronné par le Booker Prize en 1981. Réalisé par Deepa Mehta et co-écrit par Rushdie, le film, dont on ne connaît pas encore la date de sortie, est actuellement en cours de préparation.
Gladys Marivat
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