Il aura quand même mis trois bonnes semaines à réagir. Hubert Védrine, ex-ministre des affaires étrangères et éminence grise d’Emmanuel Macron avait pourtant été très gravement mis en cause dans la dernière livraison de la revue XXI. Son rédacteur en chef Patrick de Saint-Exupéry, grand reporter qui avait vécu en direct le génocide rwandais de 1994, l’accusait d’avoir signé en tant que secrétaire général de l’Elysée un document autorisant des livraisons d’armes aux génocidaires hutus en fuite vers le Zaïre, l’actuelle République démocratique du Congo (RDC). Et ce malgré l’embargo sur les armes promulgué par l’ONU.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
“Sauver des dizaines de milliers de Tutsis”
Hubert Védrine a publié un communiqué dans lequel il “dément bloc les allégations et les accusations fondées sur des spéculations”. Il poursuit :
“Ces accusations répétées contre l’action de la France au Rwanda (…) ont été maintes fois démenties avec précision par les autorités gouvernementales, parlementaires et militaires françaises. La France a été le seul pays à mesurer, dès 1990, les risques de guerre civile et de massacres au Rwanda ; le seul à s’engager pour trouver un compromis politique par les accords d’Arusha en 1993 ; le seul à avoir agi pour porter secours aux populations pendant le génocide par l’opération Turquoise, du 22 juin au 22 juillet 1994 qui a permis de sauver des dizaines de milliers de Tutsis.”
Lire également “Génocide rwandais: deux nouvelles plaintes contre la BNP et des officiels français”
Patrick de Saint-Exupéry cite un témoin anonyme de ce document accusateur, un haut fonctionnaire chargé par François Hollande de déchiffrer les documents secrets liés à la tragédie, mais il n’a pu en fournir la preuve formelle. Cependant un autre témoin, un officier français de l’opération Turquoise, Guillaume Ancel, affirme voir assisté à la livraison d’armes aux fuyards génocidaires par des camions de l’armée française.
“On m’a expliqué que nous livrions des armes pour que les génocidaires ne se retournent pas contre nous, explique Guillaume Ancel. J’étais effaré que nous fassions cela alors que nous les avions en partie désarmés et que nous savions qu’ils avaient du sang jusqu’au cou.”
Un épisode de plus dans l’interminable imbroglio sur l’implication de la France dans la crise rwandaise qui a mené au dernier génocide du XXe siècle provoquant la mort de plus de 800 000 Tutsis et opposants hutus.
{"type":"Banniere-Basse"}