Les ex-salariés de l’entreprise Ecopla ont organisé, mercredi 14 novembre, une assemblée générale à la Bourse du travail de Grenoble. A leurs côtés, le journaliste François Ruffin, l’économiste Frédéric Lordon et l’ancien militant syndicaliste Charles Piaget. Ils ont décidé, samedi 14 janvier 2017, de reprendre le contrôle de leur usine par la force.
« Les jeunes venez vous asseoir par terre il n’y a plus de places assises… Je voulais qu’on soit 577 pour représenter les 577 députés de l’Assemblée nationale. Je crois qu’on a réussi ! », annonce avec un sourire franc François Ruffin, devant la salle comble de la Bourse du travail de Grenoble. Tous sont présents, mercredi 14 décembre, pour assister à la première assemblée générale des ex-salariés de l’entreprise Ecopla.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Salle comble pour l’AG d’ #Ecopla à #Grenoble
« Je voulais qu’on soit 577 personnes comme les 577 députés de l’Assemblée. On a réussi » pic.twitter.com/xTPy4DLc9v— Boutin Clément (@Boutincle) 14 décembre 2016
En mars 2016, ce fabriquant français de barquettes en aluminium pour l’alimentaire, situé à Saint-Vincent-de-Mercuze (Isère), a mis la clé sous la porte. Onze de ses 77 employés ont alors proposé de reprendre l’usine sous la forme d’une société coopérative et participative (Scop). L’offre a été rejetée par la justice, au profit d’une entreprise italienne concurrente Cuki Cofresco.
D’où l’idée de cette assemblée exceptionnelle pour remotiver les ex-salariés d’Ecopla. Une idée du rédacteur en chef de Fakir, François Ruffin, afin de faire participer les citoyens grenoblois à un vote important : décider si les Ecopla doivent récupérer leur usine par la force. Cette dernière a été cadenassée en novembre 2016 par un huissier de justice, pour empêcher les anciens employés d’y accéder. Le recours à la force a remporté la quasi-totalité de l’adhésion du public.
Un combat de longue haleine
« C’est dur, ça a été compliqué de se faire mettre dehors. On ne peut même plus accéder à notre usine, notre deuxième maison… », confie Christophe Chevalier, délégué syndical CGT, un peu avant le début de l’assemblée générale. Ce grand gaillard aux yeux bleus, qui avoue avoir « un peu grossi à cause de la lutte », a passé 16 ans dans l’entreprise en tant que monteur régleur.
Au moment de la liquidation judiciaire d’Ecopla au printemps dernier, il est devenu, avec Karine Salaün, porte-parole de leur projet de Scop. Un projet qui remonte déjà à septembre 2014 au moment où le tribunal de Grenoble a refusé le redressement de d’Ecopla.
Le projet de reprise en Scop prévoie l’embauche de 20 salariés, puis d’une une trentaine dans les trois ans. Il a réuni un tour de table de trois millions d’euros. La proposition a cependant été rejetée lors des différentes audiences judiciaires. La dernière solution, très coûteuse, est le recours en cassation.
Des personnalités emblématiques
La cassation est une piste envisagée mais les Ecopla ne sont pas encore décidé sur la viabilité de cette dernière. L’assemblée générale du mercredi 14 décembre était le moyen de sonder l’attachement des citoyens grenoblois au projet et aux valeurs défendus par les ex-salariés de l’entreprise.
De nombreuses personnalités, représentatives d’une certaine idée de la lutte au travail, se sont succédé pour signifier l’importance du combat des Ecopla. Charles Piaget, ancien syndicalise chez l’horloger Lip dans les années 70 par exemple, ou Olivier Leberquier ex-Fralib, qui a appuyé l’idée que sans la force « les Fralib n’y seraient pas arrivé ».
« Jamais j’aurais pensé avoir le culot de faire ça », Charles Piaget, ancien syndicaliste de l’entreprise LIP. pic.twitter.com/6iu6GCvhL1
— Boutin Clément (@Boutincle) 14 décembre 2016
Des intellectuels étaient également présents pour discuter de la situation des Ecopla tels que l’économiste Frédéric Lordon et le journaliste François Ruffin. Le rédacteur en chef de Fakir a souligné que l’affaire Ecopla doit permettre de « reprendre en mains notre destin commun » et de « se demander ce qu’on veut produire et ce qu’on ne veut plus produire, où on veut le produire, et comment on veut le produire. »
Engouement populaire
Les multiples « Ecopla vivra ! » repris en coeur par la foule de citoyens grenoblois présents semblaient signifier que la décision de reprendre l’usine par la force était déjà acquise. Chacun a eu la possibilité, en fin d’assemblée, de prendre librement la parole pour exprimer son avis.
Cette prise de parole spontanée a permis de mettre en valeur la diversité des personnes présentes. D’un jeune de 17 ans à un monsieur plus âgé surnommé « Jaurès » par François Ruffin, tous les citoyens n’ont pas hésité à proposer leurs idées pour occuper et récupérer l’usine. « Jaurès » a, par ailleurs, reçu une avalanche d’applaudissements au moment où il a demandé à connaître le diamètre du cadenas qui bloque l’entrée de l’usine « pour pouvoir amener sa cisaille ».
https://youtu.be/6cgtvqDCqjI
Le rendez-vous est donc pris pour le samedi 14 janvier. L’opération devrait avoir lieu dans l’après-midi. Les Ecopla invitent tous ceux qui sont disponibles à venir les aider. Les 500 personnes présentes dans la salle ont en tout cas promis de se déplacer.
{"type":"Banniere-Basse"}