En attendant de savoir qui, de DSK ou de Martine Aubry, se présentera à la primaire du PS, les socialistes s’organisent avant le 28 juin, date du dépôt des candidatures.
Royal choisit son propre tempo
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Discrète dans les médias, la présidente de Poitou-Charentes multiplie posts et tweets et occupe différemment le terrain de la primaire.
Jusqu’ici, Ségolène Royal a toujours réussi à créer l’actualité. Encore une fois, la candidate à la primaire du PS est parvenue à surprendre ses “camarades” et le monde médiatique en maîtrisant “son temps, son tempo” et en se faisant plus rare dans les médias pour éviter, a-t-elle expliqué sur i-Télé, le jeu des “petites phrases” et “des conflits de personnes” qui “dévoient la politique”.
Mais la candidate à la présidentielle de 2007, que les sondages disent distancée par Dominique Strauss-Kahn, François Hollande et Martine Aubry, affirme n’avoir en rien renoncé : “Je n’abandonne jamais les combats dans lesquels je m’engage”, commente-t-elle. Une manière de prévenir les autres responsables du PS qu’elle ira au bout de la primaire, forte du soutien dont elle se prévaut auprès des jeunes et des catégories populaires. “Elle parle à des gens qui sont loin de la politique”, reconnaît le strauss-kahnien Jean-Marie Le Guen. Ségolène Royal a déjà prévu de faire une série d’annonces dès que les derniers candidats à la primaire – DSK ou Martine Aubry – seront connus, au moment de l’ouverture des candidatures le 28 juin.
D’ici là, une série d’universités populaires participatives auront lieu, à commencer par celle sur la fiscalité, ce mercredi 20 avril, en partenariat avec la fondation Terra Nova, puis sur la vie chère et sur la sécurité énergétique. Elle continuera d’alimenter son blog, Facebook et Twitter où, depuis début avril, elle a accéléré le rythme des messages. Une manière de montrer qu’elle est toujours présente…
Hier, elle a de nouveau réuni son conseil politique à la Rotonde, la célèbre brasserie située à côté de Montparnasse à Paris en présence de Dominique Bertinotti, Jean-Louis Bianco et Guillaume Garot. Au menu, la Libye avec cette interrogation : que ferait Royal si elle était Présidente ?, la cacophonie gouvernementale suite à la proposition de Nicolas Sarkozy de reverser une prime de 1000 euros aux salariés des entreprises qui distribuent des dividendes à leurs actionnaires, le terrible accident de la route survenu à Chelles et la réflexion sur un dispositif dans les voitures avec un étylotest pour bloquer le véhicule en cas d’alcoolémie du chauffeur, une réflexion sur l’immigration après le dossier de Lampedusa, et le problème de la vie chère et du pouvoir d’achat.
Il y a quelques jours Ségolène Royal a proposé le blocage des prix de l’essence par décret. Hier elle a aussi suggéré sur BFM de bloquer le prix de 50 produits de base alimentaire et d’entretien : « C’est la force qu’elle a, commente Jean-Louis Bianco, de proposer des solutions que les gens comprennent. » Sur BFM, mardi soir, Ségolène Royal a d’ailleurs repris cette formule à son compte en déclarant : « Je veux être celle qui apporte des solutions concrètes aux problèmes que se posent les Français. »
Hollande veut garder le rythme
En progression constante dans les sondages, le député de Corrèze veut éviter que le soufflé retombe.
Ce mercredi, François Hollande se fait une petite virée au Printemps de Bourges. L’occasion de voir quelques artistes et de nouer des contacts dans le milieu de la culture. La semaine prochaine, le 27 avril, à Clichy-Garenne (92), devant quelque 600 personnes, François Hollande prévoit un grand meeting de lancement de campagne avec un discours fondateur, explique son entourage, « pour qu’il soit identifié sur des lignes de crête. Aujourd’hui François Hollande a une image de sérieux mais il faut qu’il incarne quelque chose, qu’il soit identifié à un projet politique comme l’image de Martine Aubry est par exemple associée dans la tête des gens au projet politique. »
Ensuite, le candidat à la primaire du PS se rendra à Bruxelles, Berlin, Tunis, puis en Grèce et peut-être aux Antilles françaises et à Haïti. « Il faut qu’on remette un coup de collier, qu’on soit une force de proposition, qu’on crée l’actualité, explique un proche de François Hollande. On a réussi jusqu’à présent toutes les phases : l’entrée en campagne puis le début de la campagne. Jusqu’ici, on a fait un sans faute. Mais il ne faut pas s’arrêter, il faut qu’on passe à la seconde phase : faire des propositions. »
Notamment sur la jeunesse, avec un grand texte à venir, ou encore sur les grands thèmes de campagne, qu’il évoquera lors de son discours du 27 avril. « Notre devise, commente le député Michel Sapin, c’est lentement mais sûrement, pas besoin de coup d’éclat. C’est un processus, un cheminement, c’est la construction d’une personnalité, d’une relation à l’opinion. » Stéphane Le Foll se veut confiant : « La jeunesse et la fiscalité, on ne peut pas dire qu’on ait la raté la cible : tout le monde s’y est mis ! »
Reste une inconnue pour François hollande et ses amis : qui de DSK ou de Martine Aubry sera candidat à la primaire ? Selon la première secrétaire ils n’iront pas l’un contre l’autre. « On est face à quelque chose de mouvant, explique-t-on chez les « hollandais », on n’a pas encore les conditions de la primaire. Si DSK revient, c’est sûr que ça va secouer. Mais il faut qu’on reste tranquille, qu’on continue à avancer sans se soucier des autres. C’est comme pour le vélo, quand vous arrêtez d’avancer, vous perdez l’équilibre ». Et un ami de François Hollande d’ajouter serein pour la suite : « sa grande force c’est que sans bouger, par comparaison avec DSK, François Hollande rassure à gauche, et par comparaison avec Martine Aubry, il rassure à droite ».
La banane des strauss-kahniens
DSK n’est toujours pas candidat à la primaire. Pourtant, ses proches s’activent pour préparer son retour.
« Il y a des gens qui n’ont pas encore compris que Dominique serait candidat », s’amuse un de ses amis qui confirme que le patron du FMI sera de passage à Paris à la fin du mois d’avril. L’occasion de voir ses « camarades » et de possibles partenaires de travail. Nicolas Hulot, Arnaud Montebourg et Ségolène Royal sont ceux que les strauss-kahniens ménagent le plus en ce moment. Les deux premiers pour « l’identité de leur candidature, leur engagement positif, leurs idées« , Ségolène Royal pour ce qu’elle représente dans l’électorat de gauche, sa spécificité. En revanche, la bête noire du moment s’appelle François Hollande, envers qui le ton des strauss-kahniens a tendance à se durcir. « En quoi Hollande se différencie-t-il de DSK ? Et il dit vouloir être un président normal. Ca veut dire quoi normal ? Transparent ? »
Dès lors que les partenaires de jeux sont à peu près connus, reste à définir le cadre de campagne. « Dans le projet du PS, on commence à voir ce qui fonctionne, là où il faut faire au contraire des améliorations », confie un strauss-kahnien, « comme sur le paquet énergétique et sur la partie fiscale« . Pourtant, certains proches du patron du FMI ne poussent pas leur champion à multiplier les promesses : « Les mesures sont anxiogènes : plus elles sont brillantes, moins elles sont crédibles. Les communicants nous expliquent qu’il faut qu’on sorte simplement cinq idées fortes« . Mais à construire une campagne autour « d’une conception de l’action politique, de valeurs, d’une stature » convaincu que chez Nicolas Sarkozy « c’est moins sa politique que les Français rejettent avant tout que sa personne et son style« .
Même si dans la campagne, tout ne peut être contrôlé… A commencer par les « coups » de l’adversaire : « On s’attend à tout de Nicolas Sarkozy. Il jouera sur tout les registres. Tout ce qui est imaginable, on y aura droit ! », grince un proche du patron du FMI. Dès lors, pas question d’exposer outre mesure DSK aux coups de la droite. S’il est candidat, comme ses fidèles l’assurent sans mettre désormais de conditionnel, il pourrait se lancer dans la primaire puis se retirer du champ entre le 16 octobre (date du second tour) et le début de 2012. « On va prendre notre temps. » Et un fidèle de lâcher : « Mais ça ne sert à rien d’essayer d’avoir le scénario de la campagne de Strauss-Kahn jusqu’au bout… Personne ne l’a ! »
Marion Mourgue
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