On le décrit comme LA figure du négationnisme. Mais pour l’historienne Valérie Igounet, spécialiste du discours négationniste et de l’extrême droite, la personnalité de Roger Garaudy est bien plus complexe que cela.
Figure du négationnisme, ancien communiste, chantre de la cause palestinienne, Roger Garaudy s’est éteint mercredi à l’âge de 93 ans et emporte avec lui un grand nombre de paradoxes. Retour sur cette personnalité complexe avec l’historienne Valérie Igounet, spécialiste du négationnisme et de l’extrême droite.
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Quelle a été la place de Roger Garaudy dans le négationnisme ?
On parle de lui comme » figure du négationnisme » mais en réalité il s’est engagé tardivement dans le négationnisme, en 1996 avec son livre Les Mythes fondateurs de la politique israélienne. Il s’est plutôt imposé comme une figure du négationnisme dans le monde arabe. Il a donné un nouveau souffle à ce discours dans les années 90 en le médiatisant. Roger Garaudy a permis également de donner un écho au négationnisme en France, une nouvelle fois, avec « l’affaire Garaudy », qui deviendra rapidement l’ « affaire Garaudy- abbé Pierre » au printemps 1996. Il a médiatisé le discours négationniste en s’engageant à international et en se rapprochant de certaines personnalités populaires.
Quelles relations existe-il entre Roger Garaudy et le monde arabo-musulman ?
L' » affaire Garaudy » a mis en évidence la perméabilité du monde arabe aux thèses négationnistes. Il a été accueilli en héros plusieurs fois dans certains pays arabes. Converti à l’Islam, cet homme y apparaît comme le nouveau héros de la cause palestinienne. Son livre a été traduit plusieurs fois en arabe. Aujourd’hui, le négationnisme est un instrument de propagande politique dans certains pays, particulièrement en Iran.
Roger Garaudy a connu plusieurs virages politiques et idéologiques. Comment est-il passé du communisme au négationnisme ?
Il est difficile de trouver une explication unique à ses différentes adhésions politiques et idéologiques. Roger Garaudy était une personnalité très complexe. Son itinéraire le prouve. Il a mis surtout son « antisionisme » en avant. Il faut savoir que les négationnistes avancent un antisionisme de façade afin de tenter de légitimer leurs thèses. La défense des Palestiniens s’intègre par exemple dans le négationnisme.
Néonazis, négationnistes, antisionistes… dans quelle catégorie peut-on ranger Garaudy ?
Le négationnisme est un discours qui met en avant un soi-disant apolitisme. Roger Garaudy a donc suivi le mouvement. Mais parallèlement, il a insisté sur sa critique de la politique israélienne. Il a tenté de semer la confusion en se proclamant antisioniste, paravent d’un antisémitisme déguisé. Roger Garaudy ne s’est par contre jamais revendiqué comme néonazi, il ne s’est même jamais reconnu officiellement dans une idéologie d’extrême droite.
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