Et le rock à la télé ? Mieux vaut être (très) curieux pour trouver les bonnes vibrations. Ou alors aller voir sur le net s’il y est.
Qui de mieux qu’un homme de radio pour parler de télévision ? C’est Vincent Théval de France Musique qui résume la situation en France : « Avec l’éclatement des publics, le rock n’est plus vraiment une musique qui fédère. Il n’est plus une priorité pour les chaînes. » En 2012, pour voir de la musique binaire, inutile de chausser ses Ray-Ban, l’offre n’est pas aveuglante. Il n’y a plus lieu de rêver aux émissions capables de servir de marque-pages à toute une génération, tant la moindre place dévolue au rock ressemble à une concession et non à une évidence. Heureusement, quelques cases (brûlées?) résistent : La Musicale et l’Album de la semaine sur Canal+ dans un registre live, les reportages de Tracks et les soirées estivales sur Arte. Sans oublier les « Nagui Sessions », pardon, Taratata, à regarder en pantoufles.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
« On n’a jamais autant écouté de musique, mais on n’en a jamais aussi peu parlé à la télé. L’erreur est de vouloir faire une émission qui évoque toutes les musiques. Essayer de ratisser large est voué à l’échec. Car alors tu ne touches personne. »
Stéphane Basset est, depuis la rentrée, l’animateur d’une des rares initiatives récentes, Monte le son !, un honorable magazine qui entame sa seconde saison sur France 4. L’intelligence de Monte le son !, c’est d’avoir changé sa formule foutraque, une sorte d' »On refait la musique » ludique mais creux, pour devenir plus informatif en empruntant à tous les genres télévisuels (l’interview, le live, l’enquête, l’évocation historique). Objectif pour Basset : servir de référent pour les machines à café le lundi matin. Pas évident vu la morosité ambiante dans l’univers du disque.
Un coup de frais venu du Web
Si le rock télévisé peine à trouver un second souffle, c’est que la lourdeur du cadre l’a empêché de muter assez rapidement. La génération internet n’allait bien sûr pas attendre le 75e album des Rolling Stones pour faire preuve de sa créativité. Rapidité et soif de nouvelles formes sont maintenant l’apanage du web, et notamment de la renommée Blogothèque. Apparu en 2003-2004 comme un simple blog rédactionnel de critiques musicales et d’échanges de liens, blogotheque.net s’est adapté aux évolutions techniques pour devenir cette vitrine d’une collection de vidéos faites à la maison et copiée à travers le monde.
En invitant les artistes à des performances de poche, la Blogothèque donne un coup de frais à la représentation du rock : formats courts correspondant à un shoot d’adrénaline, captation en un plan-séquence enivrant, choix de lieux iconoclastes. Une générosité inventive tendant à la désacralisation du concert, et donc de l’artiste.
« Au début, les labels ne comprenaient pas, on bougeait des schémas trop établis, raconte Christophe Abric, l’un des fondateurs des Concerts à emporter. Maintenant, un groupe n’a même pas sorti d’ep qu’on lui demande de faire une session acoustique. Le moindre média a ses vidéos, même L’Express ! »
D’autres sites ont depuis essaimé, avec un dispositif proche : liveathome.tv ou, dans un autre registre, Arteliveweb. Le live reprend du rose aux joues.
Pascal Mouneyres
Monte le son ! tous les samedis, 20 h 15, France 4
{"type":"Banniere-Basse"}