Le dernier livre de Roberto Soviano, « Extra Pure » sur le trafic de cocaïne, est accusé de plagiat par le « Daily Beast ». L’écrivain italien s’en défend. Mais il avait déjà été condamné à l’époque de son best-seller « Gomorra », pour « reproductions abusives ».
« Saviano n’a pas seulement écrit un mauvais livre. Il a écrit un livre extraordinairement malhonnête. ZeroZeroZero [le titre américain d’Extra Pure, ndlr] est bourré de reportages et écrits pillés à des journalistes moins connus ; cela inclut des interviews avec des sources qui ne peuvent exister ; et de nombreux cas de plagiat sans ambiguïté. » Dans un article paru jeudi dernier, le chroniqueur de The Daily Beast Michael Moynihan a vivement critiqué l’écrivain italien Roberto Saviano et a recensé méticuleusement plusieurs supposées fautes, comme des passages « empruntés » à d’autres auteurs sans en faire la mention.
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Ainsi, lorsque Saviano aborde la structure interne des terribles bandes mexicaines Los Zetas, il s’appuie sur « des sources mexicaines et américaines [qui] ont révélé que… » Il n’y avait pourtant pas à chercher si loin car toutes ces explications se retrouvaient à l’identique sur Wikipédia. Un reportage du Los Angeles Times de la journaliste Deborah Bonello, datant de 2009, a également été recopié par l’écrivain italien. Il concernait l’assassinat en septembre 2009 du journaliste et réalisateur franco-espagnol Christian Poveda (auteur du film La Vida Loca).
Michael Moynihan accuse Saviano d’avoir profité de multiples traductions (anglais/espagnol/italien) pour faire passer le plagiat comme une lettre à la poste. Enfin, concernant le mafia russe, plusieurs passages auraient été « empruntés » à une enquête du St. Petersbourg Times ou une enquête de Robert I. Friedman paru dans le Village Voice et à son livre Red Mafiya : How the Russian Mob Has Invaded America.
Devant ces accusations détaillées et – cette fois – sourcées, Roberto Saviano s’est défendu. Dans un article paru le lendemain de celui du Daily Best, dans le plus grand quotidien italien La Repubblica, il écrit :
Dans un livre qui n’est pas un essai, mais justement un roman non fictionnel, il n’y a pas à citer tous ceux qui ont écrit sur le sujet. Surtout quand les sources sont ouvertes, comme dans le cas du document du FBI, donc des sources communes, ou comme les documents gouvernementaux sur les organisation criminelles [….] Si, par hypothèse, je décrivais l’écroulement des Twin Towers, comment ferais-je pour citer tous ceux qui ce jour-là ont décrit l’événement ? De même, quand je décrirai l’écroulement des tours, j’utiliserai des mots similaires puisque les sources sont identiques et, surtout, parce que cette source commune, c’est la réalité : l’attaque terroriste est advenue, c’est une nouvelle, et il n’y a pas mille manières de raconter une nouvelle. Les interprétations, elles, peuvent, oui, être infinies, et à elles doit être attribuée une paternité. Toujours. »
Ce n’est pas la première fois que Saviano fait face à ce genre de critiques. En 2006, son best-seller Gomorra comportait 0,6% de plagiat. Un taux que la justice italienne n’avait toutefois pas considéré comme pouvant porter atteinte à son originalité. Pourtant derrière ces accusations et malgré son statut de « rock-star » du journalisme italien, son image reste loin d’être immaculée dans le pays de la Botte. Plusieurs journalistes ou politiciens, eux aussi victimes d’intimidations, ne supporteraient plus la posture de victime prise par Saviano, qui vit caché depuis maintenant neuf ans, entouré de gardes du corps en permanence.
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