Le parcours des politiques est souvent regardé dans un rétro déformant…
Claude Chirac a avoué récemment avoir fait don d’anciens costumes de son père à des migrants. Du côté de Calais ou boulevard de la Villette, il y a donc des types qui portent des falzars en Tergal qui leur remontent aux omoplates et des vestes aux manches trop longues avec des taches de sauce gribiche et de Corona.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
C’est l’intention qui compte, le geste symbolique également, même si on a la mémoire qui grince un chouia en pensant que c’est probablement bien droit dans les mêmes costumes que l’ancien président aujourd’hui grabataire ordonna l’évacuation à coups de hache de l’église Saint-Bernard et des sans-papiers qui y avaient trouvé refuge. C’était il y a vingt-deux ans, ça n’en était pas moins dégueulasse, mais Chirac est devenu depuis cet homme attendrissant à qui l’on devrait tout pardonner.
A l’époque, Alain Juppé était Premier ministre et Jacques Toubon garde des Sceaux. L’un incarne aujourd’hui la droite humaniste qui s’oppose à Wauquiez, l’autre est carrément porté aux nues par la gauche, en tant que Défenseur des droits, pour ses positions courageuses contre les dérives sécuritaires et le traitement infligé aux réfugiés.
Il y avait donc bien un cœur qui battait dans les poitrines des brutes RPR, mais au-delà des changements qui s’opèrent à l’intérieur des hommes eux-mêmes, il y a aussi notre capacité à les amnistier une fois qu’ils ne concourent plus aux hautes fonctions.
Regrets et nouvelle virginité
Un ex-président, même le plus honni, peut ainsi se refaire tranquillement une popularité à bon compte – sauf Sarko, faut pas déconner non plus –, notamment en entonnant le refrain bien lâche des regrets. Dans son nouveau livre, François Hollande regrette de ne pas avoir fait voter la PMA. Giscard se morfond sans doute de n’avoir pas aboli la peine de mort.
Lorsqu’il aura 80 piges, Macron regrettera sans doute d’avoir maltraité les cheminots, les retraités, les personnels hospitaliers, les étudiants et les zadistes, et on offrira peut-être les costards que personne n’ose lui tailler aujourd’hui. Même pas Pernaut, Bourdin ou Plenel.
Rien à dire, la vieillesse est parfois un sauvetage.
{"type":"Banniere-Basse"}