L’artiste américain Richard Prince est un génie du scandale. La semaine dernière, une femme a exprimé sa stupéfaction sur Instagram en voyant son portrait présenté – puis vendu pour 90 000 dollars – lors de sa dernière exposition à la Gagosian Gallery de New York, qui s’est tenue de septembre à octobre 2014. Génie ou plagiat? L’”appropriationnisme” – ou […]
L’artiste américain Richard Prince est un génie du scandale. La semaine dernière, une femme a exprimé sa stupéfaction sur Instagram en voyant son portrait présenté – puis vendu pour 90 000 dollars – lors de sa dernière exposition à la Gagosian Gallery de New York, qui s’est tenue de septembre à octobre 2014.
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Génie ou plagiat? L' »appropriationnisme » – ou art de la reproduction – que Richard Prince pousse à son plus haut degré, suscite autant d’interrogations que de controverses.
Lors de sa dernière exposition à la Gagosian Gallery de New York, l’artiste américain présentait, et vendait, des captures d’écran effectuées à partir de son « feed » Instagram, l’application de partage de photos. Des clichés pris tant par des célébrités (Kate Moss), que par des personnes d’influence (le marchand d’art Tony Shafrazi), ou bien d’illustres inconnus.
Une remise en cause radicale du concept de propriété intellectuelle, dont témoigne le cas Doe Deere. La créatrice d’une marque de cosmétiques a vu son portrait placardé l’automne dernier sur les murs de la galerie, sans que Prince ne lui ait jamais demandé son accord. Elle a raconté la semaine dernière via Instagram que l' »œuvre » avait été déjà vendue pour la somme de 90 000 dollars. L’Américaine déclarait pourtant ne pas vouloir entamer de poursuites.
La méthode de Richard Prince ? Trouver une image qu’il apprécie dans le flux de l’application, la commenter, faire une capture du tout et l’envoyer par mail à un assistant. Le document sera ensuite recadré, agrandi, puis imprimé pour terminer accroché au mur.
L’artiste n’en est pas à son coup d’essai; il s’était notamment fait connaître pour Sans Titre (Le Cowboy), une publicité Marlboro photographiée et de ce fait sortie de son contexte, selon un processus de « re-photographie ». Un sens aigu de la dérision est l’une de ses principales armes pour traiter des mythes qui font la société américaine, de la virilité du cowboy à l’infirmière du roman de gare.
Mais l’artiste fait aussi l’objet de nombreuses critiques, aussi radicales que le titre de cet article paru dans Artnet : « Richard Prince craint ». D’abord pour le fait qu’il collecte et diffuse ces photos sans la permission de leurs auteurs, ce qui peut légalement être considéré une violation du droit de propriété intellectuelle. C’est ainsi que le photographe français Patrick Cariou a poursuivi l’artiste en 2008 – sans succès – , après que ce dernier avait repris des photographies tirées de son livre Yes, Rasta (2000), pour les présenter à peine retouchées lors d’une autre exposition à la Gagosian Gallery.
Mais aussi parce qu’il vend ces « œuvres ». Les 38 clichés Instagram qui ont été présentés à la Gagosian Gallery se sont ainsi vendus aux alentours de 100 000 $ pièce, sans qu’un seul centime ne revienne à leurs auteurs. Enfin, les dernières critiques se centrent sur la perversité supposée de l’artiste, tant au regard des critères de sélection des clichés – figurant pour la plupart des femmes dénudées- –, que de ses propres commentaires : “Sortons ensemble la semaine prochaine. Déjeuner, Sourires”, répond-il par exemple à une Pamela Anderson voluptueuse.
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