Au lendemain du week-end meurtrier à Copenhague, la presse danoise et internationale revient longuement ce lundi sur des attaques qui rappellent les attentats parisiens du mois dernier.
Après les attaques terroristes à Copenhague ce week-end, les journaux européens et internationaux évoquent largement ce nouvel épisode tragique qui survient un peu plus d’un mois après les attentats à Paris. Tour d’horizon.
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Au Danemark, le quotidien conservateur Berlingske, cité par Courrier International, appelle le pays à « répondre par tous les moyens : des initiatives anti-radicalisation, un travail de renseignement efficace et une réaction déterminée contre ceux qui utilisent le terrorisme contre les mots et les caricatures ». Avant de conclure : « Ainsi nous pouvons aussi dire que nous sommes malheureusement tous Charlie. »
Le quotidien de centre-gauche Politiken titre de son côté : « Ce Danemark que nous ne connaissons pas » et exhorte ses compatriotes à ne pas changer leurs habitudes. « Nous devons tous réaliser que dans une société libre, nous sommes vulnérables par rapport aux terroristes qui n’hésitent pas à menacer, à utiliser la violence et à tuer. […] Aucune arme n’est plus forte, face à l’extrémisme, que le quotidien dont nous faisons tous partie. »
En France, Libération titre ce matin en danois « Vi er Danskere« , « Nous somme danois » [sic]. L’édito intitulé « Ne pas céder » incite à « rester groupés » : « La liberté d’expression et de croyance − ou de non-croyance − est bel et bien menacée en Europe par un noyau de fanatiques et il reste beaucoup à faire avant de tourner la page. Que faire justement ? C’est la question que chacun d’entre nous se pose aujourd’hui, effrayé de voir obscurantisme et antisémitisme resurgir au cœur d’un vieux continent que l’on pensait apaisé à jamais. Le pire serait de répondre à la haine par la haine, aux armes par les armes. C’est ce que cherchent les tueurs : effrayer, déstructurer les sociétés européennes en usant de la menace terroriste, par nature imprévisible. Face à ce danger, il faut rester groupés, rappeler à chaque instant l’esprit du 11 janvier et ne céder ni à la peur ni à la division. »
Dans la même veine, The Times titre outre-manche « Vi er Jøder », « Nous sommes juifs » et appelle les gouvernements occidentaux « à dire leur solidarité, sans aucune réserve ». Le quotidien britannique évoque le philosophe Spinoza qui, dans son Traité théologico-politique en 1670, parlait de la chance qu’avaient ses concitoyens juifs de vivre aux Pays-Bas, où la liberté de jugement et de culte était garantie. « 350 ans plus tard, l’opinion du grand penseur rationaliste semble prématurée », ajoute l’éditorialiste qui écrit : « Au cœur de l’Europe occidentale civilisée, démocratique et tolérante, les juifs sont la cible d’attaques meurtrières. »
Toujours en Grande-Bretagne, The Guardian fait sa une avec les attentats meurtriers du week-end : « La peur de l’antisémitisme grandit après les attaques de Copenhague. » Et le quotidien s’interroge sur les similitudes entre ces événements et ceux de Paris il y a un mois. Il met en évidence « des jeunes gens ayant grandi en Europe, passés à l’acte au moment où une guerre est en train d’être livrée aux islamistes dans une partie du monde musulman, où l’islamophobie grandit en Europe, où le conflit israélo-palestinien connaît une polarisation accrue, et où l’antisémitisme se développe ». Le journal conclut en parlant de la « radicalisation de jeunes gens vulnérables, déséquilibrés, dont on manipule les idéaux ».
C’est cette même idée qui est mise en avant dans l’article du New York Times, citant un habitant du quartier où vivait l’auteur des attaques à Copenhague. Mohammud Awil se demande ainsi comment cet homme a pu devenir « un violent fanatique ». Il accuse « les imams auto-proclamés qui ciblent des jeunes qui boivent ou se droguent car ils sont faibles » et déclare connaître plusieurs familles « dont les enfants nés au Danemark sont partis combattre en Somalie ou au Moyen-Orient ». « On leur lave le cerveau« , conclut-il.
Ailleurs dans la presse, on souligne aussi les points communs entre les attaques de Copenhague et celles de Paris. « Les cibles sont familières », peut-on lire dans le Washington Post. « Un caricaturiste, des policiers et des juifs. » Idem pour La Repubblica, qui évoque le « modèle Paris » : « D’abord l’attaque contre la satire ‘blasphématoire’ contre Mahomet, puis, peu de temps après, l’action contre la communauté juive.«
Enfin, The Guardian et Libération publient le récit de Niels Ivar Larsen, journaliste au quotidien danois Information, présent lors de l’attaque contre le centre culturel Krudttonden. « La lutte pour la liberté d’expression est la chose la plus importante pour moi. Mais était-il écrit que je devais mourir pour elle ? Le martyre est pour les fanatiques, pas pour les démocrates. Imaginez, mourir pour un dessin suédois représentant un chien à tête de prophète. Quelle raison absurde de mourir. Quelle raison absurde de tuer. »
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