Quoi de mieux pour se venger d’une rupture que balancer une photo explicite de son ex sur le net ? Pour tenter d’enrayer ce phénomène croissant, le “revenge porn”, la Californie a voté une loi le 1er octobre. L’Etat de New York devrait lui emboîter le pas.
“My ex girlfriend loves dick” : un titre racoleur pour une vidéo privée, montrant une fille en train de faire une fellation à son mec, prise au hasard parmi d’autres sur des sites spécialisés dans le revenge porn, un phénomène devenu un fléau aux Etats-Unis. Sur un autre site, le cliché d’Ann, elle-même en train de se photographier la main dans la culotte et légendé par son ex en colère : “Cette photo m’a été envoyée du téléphone de ma copine par un mec avec qui elle venait de me tromper.” Outre le nom et la ville d’Ann, son ex a aussi ajouté un lien vers sa page Facebook. Un cas classique de revenge porn : dans les galeries d’images, des filles dans des situations explicites, se shootant grâce à leur smartphone sous la lumière crue de leur chambre. Si les victimes peuvent demander aux sites de retirer les images, la démarche est souvent vaine, les fichiers circulant vite ailleurs.
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En 2004, le New Jersey a été le premier Etat américain à se doter d’un loi anti revenge porn. Depuis le 1er octobre, la Californie dispose elle aussi d’un texte condamnant cette pratique à six mois de prison ferme et 1000 dollars d’amende. Un texte insuffisant qui ne s’applique pas au selfie et ce, même si le smartphone est volé. A l’origine de cette loi, le sénateur républicain Anthony Cannella, sensibilisé au problème par sa collaboratrice, Charlotte Laws (autoproclamée “Erin Brockovich du revenge porn”), dont la fille Kayla, 26 ans, et elle-même victime, explique : “Je me prends beaucoup en photo. C’est générationnel, nous sommes très auto-centrés”. Sa photo topless a fini par atterrir sur “Is Anyone Up ?” l’un des sites de revenge porn créé par Hunter Moore et fermé le 19 avril 2012. En réaction à cette promulgation, Moore a publié une vidéo sur YouTube la semaine dernière pour se moquer de la faiblesse de la loi en narguant “le selfie est justement tout l’intérêt. Cette loi ne stoppe rien et va renforcer le trafic du revenge porn, parce que les gens en parlent.”
Conscient des failles du texte californien, l’Etat de New York travaille à son tour sur un projet de loi anti revenge porn mais qui prendrait en compte le cas du selfie. Le sénateur de l’Etat, Phil Boyle, déclarait la semaine dernière “ 80 % des photos de revenge porn sont des selfie. Avec la prolifération des smartphones et des réseaux sociaux, le problème va empirer”.
Et en France ? Aucune jurisprudence n’existe sur le sujet. Probablement grâce à la protection du droit à l’Image par l’article 9 du Code Pénal. Il ratifie qu’en cas de diffusion publique d’une photo ou vidéo représentant une personne (qu’elle en soit l’auteur ou non), sans son autorisation préalable (écrite ou non équivoque), il y a une faute condamnable pouvant aller jusqu’à un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende, et ce même si les photos sont sur des sites étrangers. L’exception culturelle a du bon.
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