Le premier débat télévisé aura au moins eu le mérite de faire connaître les sept candidats à la primaire de la Belle Alliance populaire : à part ça, quelques bourdes, quelques tacles, et quelques clarifications.
Ils étaient dans les starting-blocks. Sylvia Pinel, François de Rugy, Jean-Luc Bennahmias, Vincent Peillon, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Manuel Valls ont débattu pour la première fois ce 12 janvier sur TF1 et RTL, avant le premier tour de la primaire de la Belle Alliance populaire (BAP), le 22 janvier. Au cours de leurs échanges, quelques points de divergence sont apparus, entre les plus fidèles au bilan du quinquennat et les plus critiques.
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Loi Travail : ceux qui l’abrogent et ceux qui l’assument
Par exemple, Sylvia Pinel et François de Rugy ont défendu la loi Travail, à la satisfaction de l’ancien Premier ministre Manuel Valls, quand d’autres s’engagent à l’abroger – comme Benoît Hamon et Arnaud Montebourg. L’ancienne ministre du logement, membre du Parti radical de gauche, Sylvia Pinel, a ainsi estimé que « cette loi a été soutenue par certaines organisations syndicales réformistes, il y a des avancées comme le droit à la déconnexion, le compte personnel d’activité ou encore le compte pénibilité ». Benoît Hamon a de son côté attaqué cette loi, en soulignant que le plan social qui menace 178 postes à La Voix du Nord est possible grâce à la loi Travail.
Le bilan de François Hollande jugé par les candidats
Cependant contrairement à ce que l’on aurait pu attendre, les candidats – même les plus « frondeurs » – ont retenu leurs coups contre François Hollande. Au moment de qualifier « d’un mot » le bilan de François Hollande (procédé critiqué par les internautes pour le peu de place qu’il fait à la nuance), Arnaud Montebourg l’a ainsi jugé « difficile à défendre mais qui contient des avancées », François de Rugy l’a dit « contrasté » et « en demi-teinte », et Benoît Hamon a estimé qu’il laissait « sentiment d’inachevé, comme si nous étions restés sur de beaucoup sujets au milieu du gué ». Seuls Sylvia Pinel et Manuel Valls n’ont émis aucune réserve sur ce bilan.
Un vrai clivage s’est dessiné, comme prévu, entre les candidats sur la question du revenu universel – une allocation inconditionnelle qui permettrait aux personnes démunies de vivre dignement et de libérer notre rapport au travail. Jean-Luc Bennahmias et Benoît Hamon y sont favorables, tandis que Vincent Peillon est « philosophiquement » contre, et que Manuel Valls estime qu’il conduirait à une « société de l’assistanat et du farniente » – il soutient en revanche un minimum décent qui serait alloué sous condition de revenus.
>> Lirez aussi : Pourquoi l’allocation universelle divise autant la gauche ? <<
François de Rugy s’y est opposé en expliquant que cela revenait à abandonner le terrain de la lutte contre le chômage. Vincent Peillon a aussi souligné que le revenu universel signifierait un renversement de la logique motrice de la gauche depuis des siècle, à savoir la lutte pour l’égalité et la redistribution : « pendant des siècles, [la solidarité a été basée] sur l’idée que ceux qui ont le plus donnent à ceux qui ont le moins ». Benoît Hamon a défendu son idée en se référant à son maître dans sa jeunesse, Michel ROcard, le père de la « deuxième gauche », qui subissait les mêmes accusations quand il a mis en place le RMI.
Quelques boulettes
Le débat de la primaire de la BAP a été l’occasion de quelques boulettes pour les candidats. Ainsi Vincent Peillon, qui s’est distingué par sa ferme volonté de rassembler toutes les familles de la gauche dans l’optique de la présidentielle, a évoqué un « soldat d’origine musulmane« . Des internautes sur Twitter se sont interrogés sur la localisation de la « musulmanie ».
#PrimaireLeDebat
Quelqu’un a dit à #Peillon qu’il n’y a plus d’«appelés du régiment» dans les armées depuis 20 ans !?!#PrimaireGauche pic.twitter.com/TX1UoOKkts— Marc Herstalle ⑬ (@herstalle) 12 janvier 2017
L'"origine musulmane", je ne connais pas. Ça vient de quel pays ? La Musulmanie? #PrimaireLeDebat
— Bastien Bonnefous (@Bonnefous) January 12, 2017
Jean-Luc Bennahmias s’est pour sa part emmêlé les pinceaux en affirmant formellement que son programme en matière de sécurité ne contenait pas l’idée de mettre en place des vigiles équipés d’armes non létales pour immobiliser d’éventuels terroristes dans les supermarchés. Or sur son site c’est clairement affiché.
Bennahmias et les vigiles
Bon bah c'est vraiment sur son site https://t.co/VHmhrfw7Gu pic.twitter.com/DeYWaCEsIL— Arthur Nazaret (@ArthurNazaret) January 12, 2017
Il a également fait référence à une grande initiative qu’il a menée avec « Monsieur Castro ». Face aux regards surpris de son entourage il a précisé qu’il ne s’agissait pas du « lider maximo » mais de l’architecte Roland Castro. Et de se « rattraper » : « Je ne parlais pas de Ségolène Royal », pour finir sur MalaiseTV…
https://twitter.com/malaisetele/status/819671186615504901
Manuel Valls a eu de son côté un moment d’ego-trip qui n’est pas passé inaperçu lorsqu’il a déclaré qu’il restait « marqué à jamais » par son propre discours à l’Assemblée après les attentats de janvier 2015.
Manuel Valls : "Je reste marqué par mon propre discours". Oui, oui, vous avez bien lu. #PrimaireLeDebat
— Nassira El Moaddem (@NassiraELM) January 12, 2017
Il est également sorti de ses gonds pour s’en prendre à Gilles Boulleau, le présentateur de TF1, qui semblait défendre les arguments de François Fillon à ses yeux : « Je crois que vous n’êtes pas son porte-parole! »
#PrimaireLeDebat Echange tendu entre @manuelvalls et @GillesBouleau : « Vous n’êtes pas le porte-parole de François Fillon. » pic.twitter.com/raS8DiwdIx
— Public Sénat (@publicsenat) 12 janvier 2017
Au cours de ce débat, chacun y est allé de sa petite référence historique, mais Benoît Hamon s’est distingué en citant Paul Valéry… Un coup qui paraissait bien préparé. D’ailleurs, il citait déjà cette phrase en juillet 2016 dans une tribune du JDD.
"Paul Valéry disait que certains mots chantent plus qu'ils ne parlent. Notre rôle est de faire parler la devise républicaine" #GrandJury
— Benoît Hamon (@benoithamon) February 15, 2015
D’après un sondage Elabe pour BFMTV effectué après le débat, Arnaud Montebourg a été jugé le plus convaincant à 29 %, suivi par Manuel Valls (26 %) et Benoît Hamon (20 %).
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