Ce 25 janvier sur Tf1, France 2 et France Inter, les deux finalistes de la primaire du PS ont débattu avant le second tour de dimanche. Ils ont clarifié leurs différences, au prix de quelques cruelles passes d’arme.
Depuis le premier tour le 22 janvier, ils s’échangent des scuds par médias interposés. Le revenu universel de Benoît Hamon ? Une « société de l’assistanat ou du farniente » pour Valls. Réponse de Hamon : « C’est un peu paresseux intellectuellement ». Bref, encouragés d’autant plus au clash par des éditorialistes caricaturaux mettant en scène le combat final entre « la gauche qui rêve et la gauche qui gère », les deux impétrants étaient plus que volontaires. Dette, laïcité, environnement, antiterrorisme ou encore situation de la gauche française à l’approche de la présidentielle étaient au menu de cet ultime débat de la primaire du PS.
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La gauche utopique vs la gauche réaliste
Pendant toute la durée du débat, Manuel Valls a tenté d’apparaître comme plus crédible que son frère ennemi. Dans le sillon déjà tracé par Franz-Olivier GIesbert, qui a été jusqu’à déclarer que Benoît Hamon était un « trumpiste de gauche« , il a suggéré que son programme était idéaliste, utopiste, bref, irréalisable. « Il ne s’agit pas de rêver, mais d’être crédible », a martelé celui qui veut incarner la « gauche moderne« , et non « passéiste« , tout en essayant de donner des gages aux électeurs qui s’identifient le plus à gauche.
Quand Valls plagie Montebourg
L’occasion lui en fut donnée lors d’un échange à propos du revenu universel, proposition phare de Benoît Hamon. Manuel Valls s’y est opposé en argumentant que cette proposition (à laquelle Arnaud Montebourg était aussi opposé) consisterait à abandonner la lutte contre le chômage de masse :
« Le revenu universel, c’est un message de découragement, et pardon du mot, il est fort, d’abdication par rapport aux changements et aux mutations », affirme l’ex-Premier ministre.
Il a aussi estimé que cela reviendrait à une augmentation des impôts, ce qui lui permet de reprendre au passage mot pour mot un slogan d’Arnaud Montebourg (éliminé au premier tour), qui se disait « le candidat de la feuille de paie » :
« Derrière cela, ça se traduit par plus de dette, une augmentation de la fiscalité, par la taxation des robots, avec le risque de perdre en attractivité. Je ne veux pas de cela. Je suis le candidat de la feuille de paie. »
"Je suis le candidat de la feuille de paie" : Valls reprend mot pour mot la phrase de Montebourg https://t.co/SmgDXTt8Iq #PrimaireLeDebat
— Mathieu Dejean (@Mathieu2jean) January 25, 2017
Passes d’arme sur la laïcité
Comme on pouvait s’y attendre, c’est surtout sur la laïcité que les deux hommes se sont affrontés. Manuel Valls est le tenant d’une conception stricte de la laïcité, se référant à Caroline Fourest, parfois accusée d’en faire une arme de discrimination contre les musulmans.
???????????? 4- manuelvalls déclare partager la même conception de la laïcité que CarolineFourest #PrimaireLeDébat pic.twitter.com/Axtq31IIxt …
— Jason (@JasonJournalist) 25 janvier 2017
« Quand tu dis que la laïcité de Caroline Fourest est douteuse, c’est ambigu. Ma laïcité c’est celle de Caroline Fourest, d’Elisabeth Badinter, de ces femmes qui se sont battues pour le crèche Baby Loup. C’est un problème d’émancipation de la femme. […] Alors que des femmes dans le monde entier se battent pour se libérer de cet asservissement, nous nous serions ambigus ? Non ! », a plaidé Valls à propos du voile.
Benoît Hamon a estimé pour sa part que « oui, la laïcité est utilisée comme un glaive contre nos compatriotes musulmans », et a plaidé pour que les femmes musulmanes qui portent le voile de leur plein gré puissent le faire en toute liberté.
https://twitter.com/TF1LeJT/status/824363492920717312
A l’occasion de cet échange, Gilles Bouleau a interrogé Hamon sur son prétendu vote contre la loi interdisant la burqa… Alors qu’il n’était pas député. Preuve de la mauvaise foi de certains arguments utilisés pour discréditer Hamon ces derniers temps. L’intéressé a réutilisé une de ses citations favorites, de Paul Valéry : “Il y a des mots qui chantent plus qu’ils ne parlent”…
La tête de Hamon quand Bouleau lui dit qu'il a voté contre la loi interdisant la burqa (alors qu'il n'était pas député) #PrimaireLeDebat pic.twitter.com/ptSiUnrG2H
— Mathieu Dejean (@Mathieu2jean) January 25, 2017
L’environnement : deux visions opposées
Sur l’environnement, Manuel Valls a défendu le bilan du quinquennat, citant les lois passées dans ce sens. Mais dans ce domaine, il semble moins avancé que Benoît Hamon, qui l’a attaqué notamment sur les « boues rouges » :
« Je pense que Manuel aurait dû intervenir sur les boues rouges, on sait que les résidus sont toxiques. Les risques sont considérables, pour une entreprise qui a reçu du CICE. »
Hamon s’est aussi engagé à suspendre la déclaration d’utilité publique sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, alors que Manuel Valls est pour sa construction : « Difficile de dire qu’il faut davantage consulter les citoyens, et quand ils votent, remettre en cause leur décision », a défendu Valls à propos du référendum.
Au passage, Hamon a ramené Valls à sa responsabilité sur l’usage du 49-3 pour faire passer la loi Travail – que Hamon souhaite abroger :
Hamon à Valls : "J'aurais voté contre la loi travail si tu n'étais pas passé par le 49-3" #PrimaireLeDebat pic.twitter.com/TOP1IcgfsD
— Mathieu Dejean (@Mathieu2jean) January 25, 2017
Macron et Mélenchon
Interrogés sur leurs rapports à Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon a estimé que l’ex-locataire de Bercy n’était pas de gauche :
« Je suis dans la gauche, qui comprend Jean-Luc Mélenchon. Macron se dit ni de droite ni de gauche. Je considère que la gauche commence avec ceux qui se disent de gauche. »
Valls a pour sa part considéré être « clairement au cœur des progressistes, jusqu’à Emmanuel Macron. Nous avons gouverné ensemble. »
La punchline de Hamon
On savait Hamon fan de rap. Il l’a démontré en faisant preuve d’une grande repartie face à Valls à la fin du débat qui lui disait qu’il n’avait « pas toujours respecté les règles » : « Respecter les règles c’est commencer par respecter les programmes sur lesquels on est élu ». Set & match ?
https://twitter.com/philousports/status/824376900785160193
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