Près de 3,5 millions de téléspectateurs (un record) ont regardé « L’Emission politique », qui faisait son retour ce 9 février avec Marine Le Pen comme invitée. Qu’en retenir ?
Marine Le Pen a attiré 3,5 millions de téléspectateurs sur France 2 hier soir dans L’Emission politique, de retour après la primaire de la Belle Alliance Populaire. Un record d’audience, avec 16,7% de part d’audience selon Médiamétrie. A la fin de l’émission, Karim Rissouli, Léa Salamé et David Pujadas ont présenté à la candidate du Front national les résultats d’un sondage réalisé pendant sa prestation : elle aurait ainsi convaincu 40% des « Français » (en réalité 1144 personnes interrogées, ça mérite d’être précisé), ce qui la hisse à la deuxième position depuis le début de L’Emission politique, derrière…Alain Juppé. Ce qui a suscité une grimace de sa part :
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
VIDEO: Réaction de #MarineLePen en apprenant le nom du seul #politique ayant plus convaincu les téléspectateurs qu’elle????#LEmissionPolitique pic.twitter.com/heQzM7Slfw
— fandetv ن (@fandetv) 10 février 2017
Face à face avec Najat Vallaud-Belkacem, débat avec Patrick Buisson, décryptage économique de François Lenglet… On vous récapitule ce qu’on peut retenir de cette émission.
La « sale odeur » autour de Macron et Fillon
Evoquant le Penelopegate, Marine Le Pen a dénoncé la « sale odeur de trafic d’influence, peut-être de trafic d’intérêt » autour des candidatures de François Fillon et d’Emmanuel Macron:
« Des hommes politiques qui se servent de leurs responsabilités, de leur mandat ou de leurs responsabilités ministérielles pour avantager des petits copains ou alors qui se font remercier peut-être après les avoir aidés »
Le point d’orgue de l’émission : le débat avec Najat Vallaud-Belkacem
En guise de face à face politique, Marine Le Pen a débattu face à Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Il a été le point d’orgue de la soirée, le débat étant franchement tendu entre les deux femmes. Sur l’éducation, la ministre a accusé Marine Le Pen de vouloir organiser « un tri sélectif des élèves ». Celle-ci a maintenu sa proposition de consacrer « 50 % du temps d’enseignement à l’école primaire à l’apprentissage du français ».
Ce que propose Mme Le Pen, c'est d'organiser un tri sélectif des enfants dès l'âge de 12 ans. Les parents doivent savoir #LEmissionPolitique pic.twitter.com/4zx364rJFq
— Najat Vallaud-Belkacem (@najatvb) February 9, 2017
La présidente du FN a attaqué la ministre sur son supposé manque d’autorité – « Vous avez tellement peu d’autorité que l’école islamiste que vous vouliez fermer est toujours ouverte ! » – et a repris à son compte les insultes de l’extrême droite sur Benoît Hamon : « Vous soutenez Benoît Hamon, l’islamo-gauchiste ». Cette séquence a suscité beaucoup d’intérêt sur Twitter, et la pugnacité de Najat Vallaud-Belkacem a été remarquée :
Najat Vallaud-Belkacem face à Marine Le Pen pic.twitter.com/X45hn6DExi
— Daz. (@dazjdm) February 9, 2017
La « divine surprise » Patrick Buisson
Surprise pour Marine Le Pen : l’ancien patron du journal d’extrême droite, et ancien conseiller de l’ombre de Nicolas Sarkozy Patrick Buisson était invité à lui faire face. Elle ne s’y attendait pas du tout, vu sa réaction quand il est arrivé :
« Ah je m’attendais pas à vous voir, là… [Rire] J’avoue ! »
Le débat a porté sur le clivage « mondialistes/patriotes » que Marine Le Pen veut substituer au clivage droite-gauche. Patrick Buisson lui a au passage envoyé un scud bien senti, lui reprochant de « faire payer aux enfants de clandestins une faute qu’ils n’ont pas commise » en les privant d’éducation gratuite. On ne s’attendait pas forcément à ça de sa part…
Les approximations de Marine Le Pen
Au cours de l’émission, Marine Le Pen a aligné quelques inexactitudes ou contre-vérités heureusement repérées par différents sites d’information (ici et ici). Par exemple, l’une des mesures phares de son programme consiste à instaurer une taxe de 10% sur toute embauche d’un travailleur étranger. Et elle affirme qu’elle « existe déjà ». Il n’en est rien puisque la taxe existante ne concerne pas les ressortissants de l’Union européenne, et qu’elle n’est applicable « lors de la première entrée en France de cet étranger ou lors de sa première admission au séjour en qualité de salarié ».
Elle souhaite aussi interdire la double-nationalité, et se justifie ainsi : « C’est le cas en Allemagne, je crois ». Ce n’est en fait pas le cas.
Sa plus grossière erreur
La plus grosse erreur de Marine Le Pen a consisté à omettre que le mariage avec un Français n’a pas d’effet automatique sur la nationalité. Elle déclare ainsi, comme le relate Le Lab :
« Les gens qui se marieront pourront voir leur conjoint les rejoindre. Je vous indique en revanche que la naturalisation par mariage ne sera plus automatique. C’est-à-dire que le mariage sera un des critères qui sera analysé dans le dossier de demande de naturalisation, dont les critères seront considérablement renforcés. Parce que je pense qu’on accorde la nationalité beaucoup trop facilement depuis déjà un certain nombre d’année, y compris à des gens qui ont un casier judiciaire ce que je trouve parfaitement ahurissant. Donc le mariage sera un des critères mais ne sera plus automatique. »
Or c’est déjà le cas, c’est balot, comme l’indique le site service-public.fr: « le mariage avec un Français n’a pas d’effet automatique sur la nationalité. L’acquisition de la nationalité française se fait selon la procédure de la déclaration si un certain nombre de conditions sont réunies ».
.@MLP_officiel dit"la naturalisation par mariage est automatique".FAUX.Qu'ils arrêtent de la laisser dire n'importe quoi #LEmissionPolitique pic.twitter.com/xToY3mtL6w
— Nassira El Moaddem (@NassiraELM) February 9, 2017
Les 300 000 euros réclamés au FN par le Parlement européen
Enfin, Marine Le Pen a été interrogée sur l’affaire des assistants parlementaires FN au Parlement européen, qui auraient été rémunérés par les fonds européens alors qu’ils travaillaient essentiellement pour le parti. Marine Le Pen a continué à désigner cette affaire comme un montage politique, et refuse de payer les 300 000 euros réclamés : « Le Parlement est contre nous au quotidien, s’est-elle plainte jeudi soir. La réalité est que le Parlement se sert de ce type d’affaire sans queue ni tête (…) parce que nous nous opposons constamment aux initiatives européennes. »
A ce sujet, Charline Vanhoenacker n’a pas manqué d’en rajouter une couche. Ce qui a peu fait sourire Marine Le Pen.
« Vous, vous êtes la candidate du nanti-système ! », lance Charline Vanhoenacker à Marine Le Pen
{"type":"Banniere-Basse"}