Cette année, les directeurs de colonies de vacances font face à des casse-têtes d’organisation. En cause, le nouveau décret du 26 avril qui régit désormais le statut de moniteurs. Il prévoit une interruption de travail de onze heures par jour pour les moniteurs. Les organisateurs ont dû trouver des moyens de faire fonctionner leur camp sans surcoût. Au moins pour cet été.
Tout commence en 2006 avec la création d’un « contrat d’engagement éducatif » (CEE) censé encadrer le statut du moniteur de colonies de vacances, jusque-là très flou. Un contrat qui a provoqué l’ire du syndicat Solidaires et du syndicat SUD-Isère, car il ne respectait pas les onze heures de repos journaliers exigés par une directive européenne adoptée en 2003. Ils déposent alors une plainte devant le Conseil d’Etat, et en 2011 la sentence tombe : le CEE est en partie illégal, le temps de repos devant être respecté.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Confrontées au nouveau décret, les colonies et centres de vacances pour enfanst ont dès lors dû s’adapter. Pour se conformer à la directive européenne, les dirigeants ont choisi des méthodes différentes : séparation de l’équipe d’animation en deux branches (celle de jour et celle de nuit), embauche de nouveaux animateurs, repos supplémentaire en fin de séjour…
Une organisation beaucoup plus complexe
Jean-Karl Deschamps, secrétaire national à la Ligue de l’enseignement, explique :
« Le texte nous contraint inévitablement à faire des modifications. Il est complètement inadapté et nous oblige à augmenter le nombre d’équipes de coordination et conduit à une rigidification du fonctionnement qui devient beaucoup plus complexe. »
Il explique ne pas avoir voulu séparer le groupe en une unité de jour et une de nuit : « J’ai voulu éviter les ‘gardiens de nuit’. Les gamins ne sont pas des marchandises, nous sommes d’abord des pédagogues, des co-éducateurs et il faut de la confiance entre adultes et enfants. »
La Ligue de l’enseignement a plutôt choisi de mettre en place des équipes renforcées. Ce qui coûte cher. D’autant que le taux d’encadrement exigé, lui, reste le même : un animateur pour huit enfants de moins de 6 ans, un pour douze s’ils sont plus vieux. Bien qu’il ne soit pas partisan d’une hausse des tarifs (il rappelle que trois millions d’enfants ne partent pas en vacances chaque année) Jean-Karl Deschamps est fataliste pour 2013 :
« Les prix augmenteront l’année prochaine, car cette année les rentrées annoncées ne couvrent pas les surcoûts. »
Les « monos » plutôt intéressés par la question pécuniaire
Pour Lilian, « mono » en colonies de vacances pour le groupe Telligo et étudiant à Sciences Po Bordeaux, la situation n’a pas changé, ou presque : « J’ai obtenu une demie journée de congé supplémentaire, pour un contrat de 10 jours« . Il précise :
« Personnellement, je n’ai pas besoin de ces onze heures de pause, j’arrive à gérer le manque de sommeil. Ce n’est pas le cas de tous les moniteurs. »
La question qui occupe l’esprit des moniteurs est plutôt celle de la rémunération. Lilian affirme se lever à 7 heures et demie et se coucher entre 1h30 et 2h du matin. Pour dix jours, il est payé entre 330 et 350 euros. Pourtant, il s’estime chanceux : « Dans certains centres, j’étais payé 23,47 euros la journée. Et les stagiaires, qui travaillent autant que nous, sont payés 19,6 euros. » Il ajoute :
« Bien sûr que l’argent n’est pas le but. J’adore ce que je fais, c’est un vrai plaisir. Mais les organisateurs ne prennent pas en compte que pendant qu’on est animateur, on ne fait ni boulot d’été, ni stages… » Avant de conclure, laconique : « Le salaire a aussi son importance. »
Si la revendication est balayée par les organisateurs de séjours au prétexte que les animateurs seraient au service d’une cause et non à la recherche du gain, les syndicats revendiquent une revalorisation financière. Le salaire fixé par le CEE (20 euros brut pour une journée de travail) ne satisfait pas les syndicats. Temps couvert sur les « jolies colonies de vacances » cet été.
{"type":"Banniere-Basse"}