Au lendemain des attentats, le 11e arrondissement semble figé dans sa stupeur. Retour sur les lieux des drames.
C’est le silence qui est le plus marquant. Un silence obsédant, permanent, envahissant. Ce samedi à Paris, au lendemain des pires attaques terroristes que la France ait connu, la clameur habituelle du 11e arrondissement n’est plus. Les commerçants ont bien ouvert leur boutique, les restaurants ont sorti quelques chaises. Mais les établissements restent déserts. À quelques mètres du lieu où a eu lieu la fusillade de la Fontaine-au-Roi, le coiffeur est bien seul, dans son salon. “Quelques clients sont venus, mes habitués. Mais je n’ai pas vu grand monde”, raconte-t-il en souriant tristement. Qui pourrait bien avoir l’idée de se couper les cheveux dans un moment pareil ? Juste en face de sa boutique, la vitrine d’un magasin garde encore la trace d’une balle perdue.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Dans les rues qui entourent les lieux du drame, les passants se sourient en se croisant. Virginie, une psychologue, vient proposer ses services aux policiers qui font encore barrage. “J’habite juste à côté, j’ai vu ce qui c’était passé. La seule chose que je puisse faire c’est venir, dit-elle. Pour les gens qui ont vécu ça, il faut parler, libérer la parole.”
“Le bruit d’un camion qui déchargeait du gravier”
À deux pas, la rue Bichat est devenue le théâtre d’un recueillement sourd. Journalistes, voisins, passants hagards s’entassent sur ce petit carrefour. D’une part et d’autre du trottoir le Carillon et le Petit Cambodge, les deux bars pris pour cible, se font face. Les vitres de la terrasse du Carillon sont criblées de balles. Les impacts sont très resserrés. Ils impressionnent par leur taille. Quelques passants viennent déposer des fleurs, des bougies, des dessins. “Nous étions là au moment où ça a pété, raconte une jeune fille aux yeux rougis. On était juste en face. On a entendu un gros bruit, comme un camion qui déchargerait du gravier. Mais c’était trop long, ça durait trop longtemps. On s’est réfugiées dans la boutique de vin et on a attendu. On ne pouvait plus sortir.
En silence
Boulevard Richard-Lenoir, quelqu’un a accroché un drapeau français à sa fenêtre. Il est à quelques mètres du Bataclan, devant lequel toute la presse française et internationale s’est s’est donnée rendez-vous. Le lieu est encore complètement bouclé par les forces de l’ordre et la façade du bar attenant recouverte d’une grande bâche grise. Ça et là, on retrouve des traces de l’assaut. Quelques gants en latex de pompiers, quelques carafes d’eau. Des traces de sang, aussi. La circulation est encore coupée tout le long du boulevard.
Drapeau français à la fenêtre boulevard Richard Lenoir pic.twitter.com/bvP0UeR8ly
— Cerise OnTheCake (@ceriseonthecake) 14 Novembre 2015
Là, au milieu des journalistes, des policiers et des badauds, un jeune homme est arrivé en vélo, en tirant un piano à roulettes. Il s’est mis à jouer Imagine, de John Lennon. Puis il est reparti. En silence.
Devant le Bataclan, un pianiste est venu rendre hommage aux victimes de l’attentat pic.twitter.com/AmISvyacKP — Maud Vallereau (@maudvallereau) 14 Novembre 2015
{"type":"Banniere-Basse"}