Samedi 16 mars, à l’appel de 140 organisations, une “marche du siècle” s’est joyeusement élancée de quatre lieux parisiens. L’objectif, au lendemain de la grève mondiale de la jeunesse pour le climat : initier un “printemps climatique et social” et mettre les politiques face à leurs responsabilités.
Ecologistes, militant.e.s antiracistes, gilets jaunes, syndicats, associations, ONG, politiques, teufeu.r.se.s, bébés, jeunes et moins jeunes : samedi 16 mars, à Paris, le cortège de la “Marche du siècle” était des plus hétéroclites. C’est à l’appel de 140 organisations que s’est initiée cette grande manifestation “pour le climat, la biodiversité, la justice sociale contre la répression”. Elle aurait réuni, selon ses organisateurs et organisatrices, 107 000 personnes à Paris pour plus de 350 000 manifestant.e.s dans 220 villes de France (45 000 à Paris selon un comptage indépendant d’un collectif de médias). La veille, pas moins de 50 000 jeunes (29 000 selon la police) avaient déjà manifesté dans les rues parisiennes à l’occasion de la grève mondiale de la jeunesse pour le climat.
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🌍 HISTORIQUE 🎉#MarcheDuSiècle : ce 16 mars 2019, 107 000 personnes sont descendues dans les rues à Paris pour demander une réponse politique à la hauteur de l'urgence climatique et des exigences de justice sociale. En France, plus de 350 000 personnes se sont mobilisées. pic.twitter.com/oN7OC9LgOt
— Greenpeace France (@greenpeacefr) March 16, 2019
Dans la capitale, rendez-vous était donné place de l’Opéra, où devaient se rejoindre plusieurs cortèges avant de rejoindre la place de la République : un premier, composé de gilets jaunes et de militant.e.s écologistes à l’origine de “l’Affaire du siècle”, défendant “l’urgence sociale et climatique”, un autre marchant “pour le vivant”, un troisième appelant à “rouler vert pour demain”. Le tout, en faisant jonction avec “la marche des solidarités” menée notamment par le collectif Justice et vérité pour Adama Traoré, pour combattre les violences policières et le racisme. A 14 heures, la foule, joyeuse et motivée, formait une masse impressionnante devant le Palais Garnier. C’est que les citoyen.ne.s présent.es estiment qu’il y a “urgence” : comme l’affirme une pancarte dans le cortège, “la fin du monde, ça n’est pas que dans les films”.
« Mettre fin à ces politiques mortifères pour les humains et la planète »
“Fin du monde, fin du mois, mêmes coupables, même combat”, “Changeons le système, pas le climat”, “Pas de justice climatique sans justice fiscale et sociale”, “Macron, assez d’émissions”… Parmi les slogans brandis dans les différents cortèges, un message émerge : le printemps sera “climatique et social” ou ne sera pas.
La marche « urgence climatique et sociale » vient de partir de Trocadéro, direction Opéra pour la #MarcheDuSiècle. En tête de cortège, Cyril Dion, Cécile Duflot ou encore François Boulo. Gilets jaunes et assos écolo défilent ensemble pic.twitter.com/QXarz5pccV
— Amélie Quentel (@ameliequentel) March 16, 2019
“Le système aujourd’hui est seulement là pour faire de l’argent, et donc dominer soit les humains, soit la nature”, explique Simon, 24 ans, “à la base plutôt là pour le côté écolo”, mais qui se réjouit de la convergence de différentes luttes. Un discours également tenu par l’avocat et figure du mouvement des gilets jaunes – dont l’Acte XVIII avait lieu en parallèle aujourd’hui – François Boulo, que l’on croise en tête du cortège “urgence climatique et sociale” : “Il y a une convergence de nos revendications : il faut mettre à fin à ces politiques qui sont mortifères pour les humains et la planète, et à la répression policière et judiciaire des mobilisations. Sans répartition équitable des richesses, on n’aura ni la justice sociale, fiscale et climatique.” D’autres gilets jaunes ont fait le déplacement pour cette « Marche du siècle ».
« La morgue manifeste de nos dirigeants est devenue insupportable »
A l’image de Françoise, 70 ans, certain.e.s portent les deux casquettes : cette militante d’Attac arbore le fameux vêtement fluo tout en brandissant une banderole de l’asso altermondialiste. “Nous sommes actuellement conscients que c’est le capitalisme et les multinationales qui détruisent le climat et polluent. Et, sur le plan social, ce sont les pays les plus pauvres où les problèmes liés au climat sont les plus graves.”
Même discours chez Olivier, membre de Greenpeace : “Les premières victimes du changement climatique sont les gens qui n’ont pas les moyens de se soigner, qui ne peuvent pas acheter de produits favorables à leur santé.” Pour cet homme de 65 ans, “qui n’est pas forcément convaincu par le Grand soir” mais pour qui malgré tout “le système tel qu’il existe aujourd’hui mène droit dans le mur”, c’était “une nécessité de se bouger aujourd’hui, dans la mesure où nos dirigeants ne font pas ce qu’il faut. Il faut prendre le taureau par les cornes”. Il déplore le fait que les politiques cèdent “à la pression des lobbies” et qu’ils soient “à la traîne des mouvements sociaux” : “La morgue manifeste de nos dirigeants est devenue insupportable.”
Recours contre l’Etat pour “inaction climatique”
Avec “Notre Affaire à Tous”, la Fondation pour la Nature et l’Homme et Oxfam France, Greenpeace fait d’ailleurs partie des quatre assos – réunies sous le nom de “l’Affaire du siècle” – qui viennent de déposer un recours administratif contre l’Etat pour “inaction climatique”, dans la foulée de leur pétition signée par plus de deux millions de personnes. Pour Olivier, cette mesure “est une façon de mettre les politiques face à leurs responsabilités et de faire avancer le dossier, comme cela a déjà été fait dans certains pays”.
Outre des membres de Bloom, Alternatiba, WWF ou encore Youth for Climate, on croise aussi Marine et Emma, toutes deux membres de l’ONG “Notre Affaire à tous”. Les deux jeunes femmes se réjouissent de cette “belle mobilisation citoyenne” et du fait que, pour la première fois, l’Etat puisse être “attaqué sur un tel fondement : celui de respecter ses obligations en terme de climat”. Pour elles, idem : “La justice fiscale, sociale et climatique, aucune ne va l’une sans l’autre.”
Il est environ 15 heures, des centaines de personnes se mettent alors à genoux, poings levés, afin d’observer une minute de silence pour les victimes des violences policières. Au loin, on entend les grosses basses de la géniale Rave 4 climate, initiée par l’association militante Give a Fuck (G.A.F). L’ambiance est belle. Au microphone, une militante crie ceci : “Vos enfants vous diront merci demain d’être ici aujourd’hui.”
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