Ouvert il y a une semaine, La Chouette propose de réparer votre vélo pendant que vous sirotez tranquillement un café ou goûtez un bagel. C’est le premier café-vélo parisien. Etonnant, sachant que le concept fait des émules depuis 2010 à travers le monde. A l’entrée, Jacob s’apprête à dégainer les outils accrochés au mur pour […]
Ouvert il y a une semaine, La Chouette propose de réparer votre vélo pendant que vous sirotez tranquillement un café ou goûtez un bagel. C’est le premier café-vélo parisien. Etonnant, sachant que le concept fait des émules depuis 2010 à travers le monde.
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A l’entrée, Jacob s’apprête à dégainer les outils accrochés au mur pour réparer la roue d’un fixie. Dans la deuxième salle, derrière le comptoir sur lequel sont posés des cookies et muffins sous cloche, Chris présente sa variété de thé à une cliente, tout en actionnant la machine à café pour une autre. Servies, les deux femmes vont se poser dans la troisième salle, un lieu cosy avec deux canap’ et deux tables en bois home-made.
Bienvenue au café-vélo La Chouette, situé à deux pas de la rue hyper animée du Faubourg-Saint-Denis. On peut y réparer faire sa bécane, tout en sirotant une boisson chaude, se sustenter, ou juste se poser pour bosser quelques heures. « Nous voulions un lieu welcoming pour que les gens aient envie de rester, expliquent Chris et Jacob, les patrons de ce lieu hybride. Et pas seulement les cyclo. » Mais si l’envie leur prend de rentrer en deux roues, Jacob pourra leur proposer un de ses vélos vintage, dégottés dans une brocante ou sur le Bon Coin, qu’il a lui-même retapé .
Le vélo, plus qu’un simple moyen de locomotion, un mode de vie
Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est le premier lieu ou un des premiers lieu de ce genre à Paris. Sur le canal de l’Ourcq, à deux pas du Bellerive, un café désormais fermé et remplacé par un restaurant de sushi proposait des chocolats chaud et des réparations de vélo. Il existe bien Steel Cyclewear & Coffeeshop qui s’intéresse aux riders, mais pour leur vendre fringues et accessoires. Les bourlingueurs savent en effet que ces lieux mixtes ont fleuri depuis longtemps à Amsterdam, Copenhague, Montréal, San Francisco et bien d’autres villes du monde. Respectivement originaire de Melbourne et Liverpool, Chris et Jacob sont familiers du concept. Surtout depuis qu’il ont vécu à Londres. « La ville compte une trentaine de cafés-vélos », rapporte Jacob. Le premier a d’ailleurs vu le jour dans la capitale anglaise, en 2010, sous l’enseigne Look Mum, No Hands. Laquelle rencontre un tel succès, jusqu’à l’étranger, qu’elle a élargi ses activités aux ateliers réparations, soirées de projection de courses et même cycle speed dating.
Egalement surprenant, le café-vélo s’est implanté en France en premier lieu dans les villes de province. D’abord à Lyon, sous le nom de Bicycletterie, puis Grenoble, Nantes, Lille, et Angers. En adoptant une déco écolo-cosy ou en proposant de la bouffe healthy, ces lieux ont réussi à séduire une clientèle citadine pour qui le vélo est devenu, au-delà d’un simple moyen de locomotion, un mode de vie. Il fait en tout cas partie intégrante du quotidien de Jacob et Chris. Ils n’envisagent en aucun cas prendre le métro, et encore moins la voiture. « Non seulement le vélo est écolo mais en plus ça fait un bien fou, je vous jure, grâce à lui, t’arrives au boulot à la fois détendu et bourré d’énergie », déclare Chris, qui ne cache pas sa volonté de participer à la vélorution parisienne.
Paris, capitale du vélo en 2020
Mais les cyclistes parisiens sont-ils vraiment absents ? Ce qui expliquerait cette pénurie de café-vélo. C’est en fait tout le contraire. Selon une étude de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU), l’usage du biclou dans la capitale a triplé entre 2001 et 2010. Et en 2014, l’utilisation des pistes cyclables a augmenté de 8 %. L’expérience de Jacob et Chris le prouve. Avant de lancer La Chouette, le duo louait une cave, à Voltaire. Ils y retapaient les vieilles bécanes et les revendaient. Ils le faisaient après leur boulot chez American Apparel, l’usine de fringue où ils se rencontrés, au départ pour des amis, puis des amis d’amis, jusqu’à ne plus pouvoir contenter cette clientèle grandissante. « Pourquoi ne pas faire de notre passion un métier ? », se sont-ils dit, avec la volonté en plus de créer « un lieu sociable et accessible ». Selon eux, les magasins français de vélo « sont beaucoup trop chers. A 35 € de l’heure, on a essayé de faire un prix juste ».
La formule semble prendre. La première semaine a été encourageante. « On a réparé une dizaine de vélos et accueilli une trentaine de personnes par jour. Surtout des groupes de cyclo, ceux qui créent des évents sur Facebook pour partir en balade à plusieurs autour de Paris. » La troupe profite que l’un d’entre eux ait une chambre à air à réparer pour prendre un café.
Mais la tendance vélo ne risque-t-elle pas de se tarir ? Chris et Jacob sont ultra-confiants. Surtout depuis qu’ils ont appris que d’ici 2020, la mairie a prévu de faire de Paris la capitale du vélo. L’objectif est de tripler les déplacements en deux roues, et ce en doublant la longueur des voies cyclables, passant de 700 km à 1400 km, et en investissant 150 millions d’euros. Ce qui équivaut au budget consacré par Amsterdam à la bicyclette.
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