Après les socialistes ce week-end à La Rochelle, c’était au tour de l’UMP de se réunir hier à Port-Marly, dans les Yvelines. Petites phrases et règlements de comptes ont pesé sur la journée.
Après le déhanché de Nadine Morano, il y a deux ans à Royan, au milieu de jeunes militants éméchés et le dérapage de Brice Hortefeux à Seignosse l’année dernière – « Quand il y en a un, ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes » – l’UMP avait voulu la jouer soft. Une université d’été dans les Yvelines, à Port-Marly, sur une journée, après un séminaire de l’équipe dirigeante à huis clos lundi 30 août. Patatras ! Cette journée d’hier est loin d’avoir été succès.
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Des rangs clairsemés
Alors que la salle pouvait accueillir jusqu’à 1800 participants, des bâches avaient été tendues sur les côtés pour éviter des rangs trop clairsemés. Au final, seuls 1200 sièges étaient occupés. Ce n’est qu’en fin d’après-midi, une demi-heure avant l’arrivée de François Fillon, que les membres du parti majoritaire de son faits plus nombreux.
Certains, à l’image de Jean-Pierre Raffarin, premier vice-président de l’UMP, présent lundi pour le séminaire à huis clos de l’équipe dirigeante, à l’occasion duquel il avait réitéré ses critiques sur le virage sécuritaire du gouvernement, étaient hier carrément absents. D’autres se sont faits très discrets, comme Frédéric Lefebvre, le porte-parole du parti, assis au premier rang mais très loin de l’allée centrale. Dominique Paillé, lui, avait filé peu après le déjeuner. « Ce n’est pas très festif cette année », résume tout simplement l’ex-ministre Renaud Muselier.
Le match Copé/Bertrand sur tous les écrans
Il faut dire que l’ambiance n’a pas été des plus cordiales. Le match Jean-François Copé/Xavier Bertrand, pourtant pacifié depuis quelques mois, a repris hier de plus belle. Quelques heures avant l’ouverture du Campus UMP, le patron du groupe à l’Assemblée, reçu à l’Elysée par Nicolas Sarkozy, ne mâchait pas ses mots contre la gestion du parti par Xavier Bertrand dans une interview accordée au Parisien :
« Je regrette que mon parti n’ait pas pris l’initiative d’organiser des universités dignes de ce nom, qui nous auraient permis de répondre au PS qui vient, pendant trois jour, d’étaler sa colère contre nous ». Et Copé d’accuser : « Notre famille politique doit se montrer capable de créer une dynamique (…). Le parti, aujourd’hui, n’y parvient pas. »
Réplique cinglante de Xavier Bertrand : « Dans notre camp plus qu’ailleurs, on. n’aime pas les diviseurs, on n’aime pas les snipers. »
Jean-François Copé en profite pour glisser aux journalistes que « la réponse au PS » sera faite aux journées parlementaires de l’UMP, à Biarritz, les 23 et 24 septembre… Le rendez-vous qu’il organise en tant que patron de l’UMP.
Un climat décidément délétère. Un parlementaire UMP embraye : « La perspective d’un remaniement annoncé par le Président entraîne chacun à se positionner. Mais il faut qu’on crève rapidement l’abcès. » « Rien n’est pire pour nous que les effets de la division, confie aux Inrocks le secrétaire d’Etat Benoît Apparu. Il y a deux, trois déclarations qui ne sont pas les plus fines et tout le monde part. »
Les règlements de comptes entre ministres
A son arrivée à Port-Marly, Valérie Pécresse, a taclé les ministres qui avaient pris leurs distance avec la politique actuelle du gouvernement. Lundi, sur RTL, Bernard Kouchner avait souligné qu’il avait pensé à démissionner devant le tournant sécuritaire de la droite. Mardi, sur RTL toujours, c’était au tour de Fadela Amara de critiquer « la surenchère de Brice Hortefeux ».
Valérie Pécresse leur est donc rentrée dans le lard :
« Bien sûr, il y a tous ceux qui, quand la tempête fait rage, descendent dans la cale pour y organiser le procès du capitaine. Ils ne sont pas nombreux mais ils parlent fort et quelquefois, leurs ambitions personnelles leur font perdre le cap. Et bien nous (…), nous serons sur le pont, nous serons à la manoeuvre avec notre capitaine et nous tiendrons le cap », a-t-elle lancé, devant les militants.
Le secrétaire d’Etat, Georges Tron poursuit : « Que Fadela Amara vienne avec nous dans les banlieues quand ça pète!. Alors on se fiche des petites phrases de M. X ou de Melle Y, car cela nous déconnecte des problèmes des Français! ».
François Fillon multiplie les rappels à l’ordre
Après toutes ces divisions, la journée a même failli finir sur un gros ratage avec l’arrivée de François Fillon trois fois annoncée et trois fois repoussée. Pourtant rompu à l’excercice des meetings, l’UMP a eu hier beaucoup de mal, au point que les jeunes militants ont dû entonner la Marseillaise pour combler les blancs.
Dans un discours de clôture d’une demi-heure, François Fillon a admis que la rentrée serait « difficile » et a appelé au rassemblement de l’UMP.
« La France doit rassembler et ce rassemblement est valable d’abord pour nous-mêmes », lance-t-il, ajoutant : « Les petites phrases, les états d’âme, la majorité a le devoir de s’en dispenser ». Et de conclure à la tribune : « Ni stigmatisation, ni surenchère, ni impuissance : voilà notre ligne de conduite.
Le Premier ministre a profité de son discours pour endosser l’image du rassembleur dans un parti qui a montré toute la journée une sacrée image de division.
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