Laurence Arné cartonnait déjà en DRH nympho dans « WorkinGirls » sur Canal +. La voilà maintenant à l’affiche de « Filles d’aujourd’hui », la nouvelle pastille de la chaîne cryptée qui remplace « Importantissime » de Chris Esquerre.
Il y a Jessica, la blogueuse mode qui a « pignon sur le Web » et qui admet, humblement, “avoir relancé le bonnet” ; Christelle la coach de Zumbalala qui « deal du bien-être » ; ou encore Gizzie P. la chanteuse (à texte). Derrière ces identités, déclinables à l’envi, se cache Laurence Arné, 32 ans, actrice et co-réalisatrice (aux côtes de Théodore Bonnet de Studio Bagel) de Filles d’Aujourd’hui, le nouveau programme court de Canal + qui cartonne sur le Web. Chaque samedi, Laurence parodie ces têtes à claques qu’on adore moquer mais qu’on aime bien dans le fond. « J’ai toujours aimé observer les gens, scruter les petits détails et les griller en plein mytho », raconte-t-elle, installée dans un café du quartier de l’Odéon où elle a ses habitudes. Bonne joueuse, elle reconnaît : « Il y a très certainement un peu de moi dans chacune des pastilles que je tourne. »
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Une nana qui parle aux nanas
C’est à Cannes l’année dernière, que germe cette idée de programme court. « Depuis le début, je sais que j’aime écrire et raconter des histoires : je m’étais donc dit que j’allais raconter les miennes. » En rentrant du festival, elle rencontre le patron de Studio Bagel Lorenzo Benedetti, puis Arielle Sarraco, la très discrète mais influente directrice de la création originale de Canal+, qui sont très vite séduits par son pitch. La chaîne cryptée lui commande une première saison de 12 épisodes de 3 minutes 30 et lui adjoint Bertrand Delaire (également co-auteur du SAV des émissions d’Omar et Fred ou de sketchs pour l’ex miss météo Doria Tillier) pour l’aider dans l’écriture. “Bertrand m’a aidé à penser ‘télé’”, reconnaît Laurence. Concrètement, Laurence Arné arrive avec idées et Bertrand Delaire essaye de les “planquer, pour que ça reste réaliste et que ça ne se transforme pas en vulgaire sketch”, explique-t-elle. Jusqu’ici, tout fonctionne à merveille. Bertrand Delaire complète : “Nous ne sommes pas là pour asséner des vérités mais pour porter un regard sur les personnages qu’elle incarne. Nous ne sommes pas dans le jugement. Les filles d’aujourd’hui ont une façon de penser qui a souvent été mise en scène par des hommes jusqu’ici. Cette fois c’est une nana qui parle comme une nana.”
L’idée de Filles d’Aujourd’hui n’est pas nouvelle pour Laurence Arné. En fait, elle revient à ses premières amours, du temps où elle faisait de la scène : « Je faisais un one-woman show dans le même style, avec d’autres portraits de femmes. Ça m’arrivait de jouer devant quatre ou cinq personnes seulement. C’était dur mais ça m’a renforcé. » Laurence Arné a fait ses études à Angoulême. Après le bac, elle se lance dans des études de communication et de sociologie. Lassée, elle débarque à Paris en 2003, à 21 ans pour devenir danseuse, mais se rend compte assez vite qu’elle n’est « pas assez bonne ». Bertrand Delaire la décrit comme “généreuse, hyper exigeante, avec le doute comme moteur” ; Laurence Arné se revendique, elle, grande timide – pas faux, à la voir jouer avec ses écouteurs d’iPhone tout au long de l’interview. En privée, Laurence Arné adore faire rire ses amis. La révélation survient le jour où elle commence à écrire des sketchs et doit les défendre sur scène. Elle se souvient : « Au début, j’étais aussi contente que flippée, j’ai eu un gros coup de stress quand ça a commencé à marcher. Je ne suis pas une machine à vannes mais j’avais énormément d’énergie à dépenser.”
Repérée par Dominique Farrugia
Filles d’Aujourd’hui n’est pas le premier des succès à accrocher au tableau des médailles de Laurence Arné. C’est en 2010 qu’on commence réellement à entendre parler de cette jeune femme énergique, maman d’un petit garçon de deux ans et demi. Elle apparaît au casting de L’amour c’est mieux à deux à côté de Laurent Laffite, une comédie de Dominique Farrugia – l’ancien des Nuls –, qui l’avait déjà repérée en 2008 dans son one-woman show Quelle conne !. Depuis, on l’a vue cartonner en DRH nympho dans WorkinGirls (toujours sur Canal) ou dans A coup sûr de Delphine de Vigan, un rôle qu’elle a spécialement écrit pour elle. “Ce métier est fait de cycles, concède Laurence Arne. Un premier film peut te lancer, tu surfes sur la vague deux ou trois films derrière, puis ça se calme. Et tu repars dans un projet, ainsi de suite…”
A travers la justesse et la minutie de ses pastilles, difficile de ne pas voir en Laurence Arne un petit côté Florence Foresti. Elle ne cache pas cette filiation, au contraire : “Florence a une vision hyper pointue, elle tourne tout en dérision. Je me retrouve totalement dans cet humour de femme ado, qui a du mal à gérer son côte femme active.” Active, Laurence l’est résolument, il lui reste encore quatre épisodes à tourner pour boucler la saison 1. On tente de lui demander si elle ne voudrait pas écrire pour d’autres comiques, mais son croisement de bras laisse planer ses réticences (nous aussi on se met à analyser) : “J’aime bien lire les projets des autres pour les aider, mais écrire pour quelqu’un d’autre, je ne crois pas en être capable. J’écris avec la projection de moi en train de jouer du coup c’est une mission supplémentaire de le faire pour une autre personne.”
Elle a en tout cas réussi la mission – pas facile – de succéder à Chris Esquerre et son croustillant Importantissime, sur la difficile tranche du samedi midi sur Canal +. Et en attendant une éventuelle saison 2, Laurence Arné sera bientôt à l’affiche de Nos futurs de Rémi Bezançon où elle partagera cette fois l’affiche avec Pio Marmaï, Pierre Rochefort et Camille Cottin. A Bertrand Delaire de conclure : “Laurence, c’est quelqu’un de très normal. Elle n’oeuvre pas pour son nombril mais pour le résultat, du coup on s’investit à fond tout les deux. Et d’ailleurs, si elle n’avait pas cet état d’esprit, je n’aurais rien pu lui apporter.” Une fille d’aujourd’hui, résolument.
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