Il était une fois un court-métrage d’animation destiné à sensibiliser les élèves de CM1 et CM2 à l’homosexualité. Le conte, en cours de tournage, n’aura pas droit à son happy end : le ministre de l’Education s’est opposé à sa projection dans les écoles.
« Le Baiser de la lune » raconte, entre autres, l’idylle de Félix, le poisson-chat et Léon, le poisson-lune, qui décident d’afficher leur amour au grand jour. Tourné par une société de production rennaise, le court-métrage de Sébastien Watel devait, de manière ludique et poétique, sensibiliser les écoliers de CM1 et de CM2 contre l’homophobie mais aussi « donner une vision moins stéréotypée des relations amoureuses » selon son auteur (voir la vidéo).
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Evoquer l’homosexualité en primaire, « il me semble que c’est prématuré », a estimé Luc Chatel mercredi sur RMC, affirmant que le film n’a « pas vocation à être projeté en primaire ». Le ministre de l’Education dit pourtant « oui à la lutte contre l’homophobie, oui à la lutte contre les discriminations ». Oui, mais seulement pour les lycéens et collégiens. Trop jeunes pour comprendre l’homosexualité, selon le ministre, les élèves de primaire ne verront donc pas le film.
Plusieurs associations « familiales » ont carrément qualifié l’initiative « d’incitation à l’homosexualité ». L’hebdomadaire « de droite libérale » Les 4 vérités a lancé une pétition contre le court-métrage.
Christine Boutin, la présidente du Parti chrétien-démocrate, a elle aussi demandé au ministère « l’interdiction de diffusion du film » dans les écoles primaires, au nom du « respect de la neutralité de l’Education nationale ».
En face, la résistance s’organise. Plusieurs associations de lutte contre l’homophobie ont demandé au ministre « de remplir sa mission sans céder aux lobbys ultraconservateurs » et le Parti socialiste est monté au créneau. « Luc Chatel suit la frange la plus archaïque de sa majorité », a t-il dénoncé.
Les syndicats de l’éducation et la FCPE (parents d’élèves) ont également fait part de leur désaccord dès mercredi dans un communiqué commun demandant au ministre de « revenir sur ses déclarations ». «Tout montre que c’est très tôt, avant que les stéréotypes et les comportements discriminatoires soient intériorisés, qu’il faut agir », soulignent-ils. Le ministère n’a pas encore réagi.
Le Conseil régional de Bretagne, les Conseils généraux des Côtes d’Armor et du Finistère et la ville de Rennes soutiennent financièrement l’initiative, tout comme Martin Hirsh, Haut commissaire aux solidarités actives, qui a annoncé jeudi que ses services avaient participé « à hauteur de 3 000 euros ». Léger paradoxe, l’Etat vient donc d’interdire un film qu’il a contribué à produire.
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