Reliefs, une récente revue trimestrielle, convoque les arts, la littérature et les sciences pour explorer l’inconnu.
Conquérir des espaces vierges : la revue Reliefs s’ajuste à cette vieille obsession. Si peu de territoires semblent aujourd’hui inaccessibles à l’être humain, si notre chère Terre compte peu d’endroits n’ayant pas été foulés par des pieds (chaussés ou non), des espaces vierges subsistent.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Reliefs pose d’emblée son cadre : “Jusqu’au XIXe siècle, les scientifiques étaient des aventuriers (…) L’exploration de la planète n’était pas terminée. Maintenant, il faut plutôt chercher à savoir comment le monde qui nous entoure fonctionne, et surtout comment l’homme va se conduire à l’égard de cette petite boule si fragile tournant dans l’univers.” Ces observations de Théodore Monod résument bien le projet du trimestriel qui, en deux numéros, se pose déjà comme la référence d’un genre presque inconnu : la revue d’aventures.
Cartes anciennes, graphisme ultramoderne et dessins magnifiques
En plus de 200 pages, Reliefs s’emploie à abolir les frontières entre les arts, les sciences et les lettres. En proposant une superbe iconographie, mélangeant cartes anciennes, graphisme ultramoderne et dessins magnifiques (signés par le plus que talentueux Clément Vuillier), le tout est aussi agréable à regarder et à manipuler qu’à lire.
Le premier numéro lorgnait du côté de l’exploration des abysses, et réussissait à mêler la géopolitique des câbles sous-marins, une interview de l’écrivain Patrick Deville et un portrait de Gertrude Bell (“la reine du désert”). Tout ça en gardant une véritable cohérence, ce qui s’apparenterait presque à un miracle.
Donner ses lettres de noblesse à la vulgarisation scientifique
Le second numéro se concentre sur les tropiques, Amazonie en tête. Ici encore, Reliefs tient son lecteur en haleine tout au long des pages. On passe ainsi d’un entretien avec Thomas Pesquet, astronaute, à l’interview d’un anthropologue ayant vécu chez les Jivaros, en passant par un dossier sur les virus forestiers ; et, en dépit de notre condition de profane, on est surpris de tout comprendre. Car là semble se trouver la clé de Reliefs : (re)donner ses lettres de noblesse à la vulgarisation scientifique et lui offrir un magnifique écrin.
La revue se voit même soutenue par Mathias Enard, Goncourt 2015 avec Boussole, qui lui accorde une belle et longue interview. Avec Reliefs, le lecteur prend de la hauteur. Xavier Ridel
Reliefs (Ed. Panorama 5), revue trimestrielle, 19 €, en librairie
{"type":"Banniere-Basse"}