Avec Farpoint, le jeu vidéo en réalité virtuelle franchit une étape. Quasiment la première. Equipé d’un casque et d’une manette en forme de fusil d’assaut, on est allé dégommer de l’alien pour voir ce que ça donnait.
Si vous avez un jour rêvé de vous balader dans Starship Troopers pour descendre des arachnides (je ne vous juge pas…), c’est désormais possible. Conçu par le studio californien Impulse Gear, Farpoint est l’un des premiers jeux développés pour le casque de réalité virtuelle (VR) de la PlayStation 4. Ce FPS (First Person Shooter) transcende l’expérience du jeu vidéo.
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Au moment de le tester, j’ai commencé par baisser les stores de mon salon (histoire de ne pas paraître trop ridicule aux yeux de mes voisins). De loin, jouer à un jeu de VR, c’est donner le sentiment de reproduire une piñata (ce jeu d’anniversaire où les ados s’échinent à percer un récipient en papier mâché avec les yeux bandés).
Un casque paramétrable et vraiment confortable
Ma street-credibility protégée, je me suis ensuite équipé du casque VR de Sony. Doté d’un grand écran Oled (5,7 pouces), d’une définition de 960 x 1 080 pixels par œil et d’un champ de vision d’environ 100 degrés, il permet une immersion totale. Facilement paramétrable, il se révèle vraiment confortable. Il est synchronisé avec la PlayStation Camera, qui capte les mouvements du casque et, par extension, ceux du joueur.
Mais ce n’est pas tout. Farpoint ne vous envoie pas dans l’espace pour planter des patates comme Matt Damon dans Seul sur Mars. L’environnement étant très hostile, le jeu est fourni avec le Aim Controller, une manette de visée en forme de fusil d’assaut. Si au premier abord son design minimaliste rappelle le pire des films de SF low cost des 70’s, il permet dans les faits de tirer de façon réaliste et intuitive. Dès les premières minutes de jeu, je me surprends à “fraguer” de l’alien comme si j’avais fait ça toute ma vie.
De la SF classique
Revenons à l’histoire justement. Dans Farpoint, j’incarne un pilote chargé de secourir deux scientifiques perdus sur une planète peu accueillante. Alors qu’ils étaient sur le point de retourner sur Terre, une déflagration spatiale non loin de Jupiter les a happés sur une planète rouge aride. Uniquement doté d’un équipement rudimentaire pour survivre (mais upgradable au fil du temps), je vais devoir retrouver The Pilgrim, la station spatiale des scientifiques qui s’est écrasée au sol.
Dès mes premiers pas, je comprends que cette opération de secours n’a rien d’une partie de plaisir. Dans ce désert, où les volcans rejettent de la lave bleue, des hordes d’arachnides me sautent littéralement dessus en crachant des boules d’acide. Au cours de mon expédition, des droïdes et autres ennemis se joignent à l’attaque.
Jamais le jeu vidéo ne m’a paru aussi physique
Avec le Aim Controller, je vise, je tire, je me planque aussi parfois (comme lorsqu’une araignée géante pointe le bout de ses griffes). Lors de chaque tir ou impact, je ressens le contrôleur vibrer entre mes mains et je reste immergé à chaque escarmouche grâce à des capteurs de mouvement intégrés. Pour recharger ou changer d’arme, il me suffit de lever mon bras droit comme Schwarzy et son fusil à pompe dans Terminator 2. Lorsque j’ai terminé d’explorer un lieu, j’en apprends un peu plus sur l’intrigue et sur les deux scientifiques qui m’ont précédé sur place.
Il vous faudra à peu près six heures pour venir au bout du jeu. Mais même avec la meilleure condition physique du monde (ce qui n’est pas mon cas, rassurez-vous), il est impossible de le finir d’une traite. Les courbatures arrivent, et il faut se résoudre à reposer temporairement son casque pour ne pas finir chez un ostéopathe. Jamais le jeu vidéo ne m’a paru aussi physique. Avec Farpoint, il est impératif d’être sans arrêt sur ses gardes et attentif à l’environnement sonore, afin d’anticiper les attaques qui peuvent surgir de n’importe où et à n’importe quel moment.
Stupeur et tremblements
L’expérience peut donner le tournis. Si je n’ai pas vomi mon déjeuner en jouant à Farpoint, tout le monde ne peut pas en dire autant. Le ressenti varie en fonction des sensibilités de chacun. Comme la plupart des jeux de VR, il peut générer des effets secondaires tels que des nausées, des maux de tête ou une sécheresse oculaire. Il est donc important de se ménager des pauses au cours de son exploration spatiale (voire de tester le jeu avant de l’acheter).
Si Farpoint n’a pas le même rendu graphique que les blockbusters de la PlayStation 4 (on constate un peu d’aliasing et de clipping), il laisse entrevoir les opportunités titanesques de la VR. Dans son bureau tapissé d’affiches de jeux vidéo, avenue de Wagram à Paris, le directeur de la communication de Sony France, Richard Brunois, ne manque pas de qualificatifs pour décrire son nouveau bébé : “Le casque de VR qu’on a conçu est le résultat de deux décennies de recherches, explique-t-il. Il fallait d’abord pouvoir le rendre accessible au grand public. Je pense que nous sommes encore à la préhistoire de la VR, mais Farpoint est le premier jeu à en montrer les prémices.” Si Farpoint est le Pong de la réalité virtuelle, on va devoir s’habituer au port du casque à domicile…
David Doucet
Le jeu Farpoint muni du Aim Controller est vendu 89,90 €. Le casque de réalité virtuelle Sony PlayStation VR coûte 400 €
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