Depuis la diffusion du reportage des Infiltrés « A l’extrême-droite du père », le parquet a ouvert une enquête, des élus ont mis en cause Alain Juppé et quelqu’un a tagué les tradis.
Le reportage des Infiltrés « A l’extrême-droite du père », passé sur France 2 le 27 avril, avait suscité une levée de boucliers dans les milieux catholiques traditionalistes avant même sa diffusion.
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Introduits en caméra cachée dans le groupuscule d’extrême-droite bordelais Dies Irae, les journalistes de l’agence Capa avaient montré les liens entre les militants de ce groupuscule, une église traditionaliste et une école privée hors contrat, où enfants, professeurs et parents d’élèves tenaient des propos racistes et antisémites.
Scandalisés par ce qu’ils considèrent comme un « viol » de l’établissement scolaire, des parents d’élèves avaient porté plainte contre les auteurs du reportage, les accusant d’avoir incité leurs enfants à la haine. Les lettres de mise en demeure tentaient de décourager France 2 de diffuser l’enquête, sans succès. Certains sites et journaux d’extrême-droite étaient allés jusqu’à publier la photo de l’un des journalistes infiltrés.
Enquête préliminaire
Depuis la diffusion du reportage, l’affaire a pris une autre dimension. Compte tenu des propos racistes et antisémites qu’il met en évidence, le parquet de Bordeaux a ouvert une enquête préliminaire. Le reportage est « révélateur d’agissements susceptibles d’incriminations pénales », relève le parquet.
Inspection de l’école Saint-Projet
Par ailleurs, l’inspection académique a lancé en mars une inspection de l’école Saint-Projet, qui a mis en lumière « un certain nombre d’insuffisances graves », notamment concernant les enseignements d’histoire et de sciences, a indiqué le recteur d’académie, Jean-Louis Nembrini.
Les Infiltrés avaient assisté à un cours d’histoire sur la Seconde guerre mondiale réhabilitant Pétain, présentant De Gaulle comme « un déserteur », les SS comme « une troupe d’élite » et passant sous silence la Shoah. Le recteur « en tant que citoyen », s’est déclaré « horrifié » par les propos entendus dans le reportage.
Conséquences politiques
La diffusion du reportage aura également été l’occasion, pour l’opposition socialiste bordelaise, de rappeler que c’est à l’initiative d’Alain Juppé que l’église Saint-Eloi a été confiée aux traditionalistes de la Fraternité Saint-Pie-X en 2002. Le maire de Bordeaux leur avait laissé la jouissance des lieux pour y faire des travaux, contre l’avis de l’évêque. La décision du tribunal administratif, qui obligeait les occupants à quitter les lieux, n’a jamais été appliquée par la mairie ni par la préfecture.
Pourtant, Alain Juppé, après la diffusion du reportage, a demandé par courrier au préfet et au recteur d’académie « des poursuites judiciaires […] une fois les faits avérés ». Il visait en particulier les propos tenus à l’intérieur de l’école Saint-Projet.
Les élus socialistes du conseil municipal ont tenté de soulever le débat en séance sur l’attitude d’Alain Juppé, sans succès. Puis ils ont largement retracé, sur leurs blogs ou dans la presse, l’historique de ce contentieux.
Tags et vitrine brisée
Ce weekend, le domicile de Thomas Rivière, fondateur de l’école Saint-Projet, a été tagué de croix nazies et de sigles « SS ». Le bar associatif du groupuscule Dies Irae, non loin de là, a également été tagué. La vitrine de la librairie traditionaliste, située en face de l’église Saint-Eloi, a été brisée par des pavés. La brigade anti-criminalité a interpellé et placé en garde à vue deux personnes de 25 et 27 ans, auteurs présumés des dégradations, qui prenaient la fuite.
Regarder l’intégralité du reportage des Infiltrés sur le site de France 2
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