Quelques jalons de la vie de l’anarchiste Ravachol commentés par des militants d’aujourd’hui, dans une docufiction de Bernard Cerf.
Comme le rappelle d’entrée de jeu une sorte de M. Loyal énervé (Pierre Merejkowsky), le 1er Mai est une fête “purement anarchiste… de base”. Et ce moyen métrage de Bernard Cerf, producteur/réalisateur familier du cinéma expérimental et de l’extrême gauche, est justement une évocation du célèbre anarchiste Ravachol.
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Conçu avant les attentats de 2015 en France, le film tombe à pic. Il interroge la nécessité et la légitimité de la violence politique. Y a-t-il un bon et un mauvais terrorisme ? L’histoire semble dire oui : si on stigmatise les islamistes cruels d’aujourd’hui, on célèbre les attentats de la Résistance. Quant aux anarchistes, c’étaient les bêtes noires de la société bourgeoise de la fin du XIXe siècle en Europe.
Action directe et CGT
Le film revient donc sur la vie de François Claudius Koënigstein (1859-1892), alias Ravachol, anarchiste légendaire malgré des faits d’armes assez minces. On rappelle pourquoi ces ennemis de l’autorité combattirent la police et la justice, et pour qui – la classe ouvrière. Le film enchaîne justement sur des portraits dans des lieux industriels avec en voix off des textes de Ravachol.
Parmi ces portraits : Jean-Marc Rouillan, ex-leader d’Action directe, groupuscule qui, à la fin des années 1970, reprit le flambeau des anarchistes d’antan. Sans aborder la problématique de l’islamisme violent, on fait le lien entre les situations sociopolitiques d’hier et aujourd’hui.
Si Rouillan ne démord pas de la nécessité d’une insurrection révolutionnaire armée, un cadre de la CGT interrogé dans le film ne tient évidemment pas le même discours. Intégrant quelques saynètes de l’enfance bucolique de Ravachol, le film a un ton théâtralement distancié, un peu années 70, en accord avec le sujet connexe de l’extrême gauche terroriste.
Desperados de la société industrielle
Mais si Ravachol fut condamné à mort en 1892, ce fut pour un meurtre de droit commun, pas pour sa croisade vengeresse contre les magistrats ayant condamné ses frères anars.
Le film rappelle que les terroristes sont les desperados de la société industrielle, qui ripostent aux souffrances infligées par le capitalisme. Certes, mais le terrorisme ne contribue-t-il pas à renforcer le contrôle et la répression policière ?
Ravachol docufiction de Bernard Cerf. Lundi 2, 0 h 35, France 2
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