A 33 ans, Rafaël Rozendaal est sans doute l’artiste le plus “partagé” du net, attirant à lui seul 40 millions de visiteurs par an. Son dada? Des animations pixelisées online et des adresses Internet “psyché”, manipulables à souhait, mais cryptées au nom de leur acheteur. On a eu la chance de l’intercepter entre un départ […]
A 33 ans, Rafaël Rozendaal est sans doute l’artiste le plus « partagé » du net, attirant à lui seul 40 millions de visiteurs par an. Son dada? Des animations pixelisées online et des adresses Internet « psyché », manipulables à souhait, mais cryptées au nom de leur acheteur.
On a eu la chance de l’intercepter entre un départ pour Amsterdam et un voyage à Tokyo. Rafaël Rozendaal est un migrateur. « Je voyage tout le temps, j’adore arriver dans une nouvelle chambre d’hôtel, un nouveau quartier, une vue différente à ma fenêtre », raconte-t-il d’emblée. En ce moment l’artiste est sur un projet de catalogue qui regrouperait toutes ses images et ses textes. Des créations qui s’inscrivent dans le mouvement du « Neen art », né au début des années 2000. Le peintre grec Miltos Manetas développe le concept d’oeuvres 100% virtuelles: de l’absurde et de la dérision. Il repère vite le jeune Rafaël et l’intègre à la mouvance. Les neen stars n’ont pas de galeries, alors ils se regroupent parfois lors d’exhibitions temporaires. Pour faciliter ces rencontres, Rozendaal a mis en place les BYOB (Bring Your Own Beamer), des expos d’une nuit, où plusieurs artistes présentent leur travail. Et ça marche à fond : rien que pour le début de l’année 2013, il en est à plus d’une vingtaine d’expo organisées de Saint Cloud à Tel Aviv, de Bruges à San Antonio. Le prochain rendez-vous a lieu à Dublin, en juillet prochain.
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Colorflip (cliquez sur le lien pour découvrir le clip animé) – 2006: On change d’univers chromatique à chaque mouvement de souris. Les réalités s’inversent, et l’installation en mouvement se transforme en une véritable expérience digitale.
Internet comme toile
Mi-Néerlandais, mi-Brésilien, Raphaël naît à New-York au début des années 1980 d’un père peintre et d’une mère architecte – cette époque du kitch et du fluo que l’on retrouve dans plusieurs de ces créations numériques. « Mes parents m’ont toujours montré des choses qui sortaient de l’ordinaire, c’est comme cela que j’ai commencé à rechercher ce qui pouvait surprendre, en dépassant les évidences ». Il troque alors les supports plan pour exercer son art: « Internet est devenu ma toile ». Un choix qui remonte à une passion d’ado : « A 16 ans, j’ai découvert toutes les potentialités qui s’offraient à moi avec ces trois ‘w’: cet écran et ce réseau qui met tous les citoyens à égalité ». Il nous confie qu’il utilise Internet un peu à la façon de Coca-Cola. Enigme ou ironie? Un peu barré, R. Rozendaal n’hésite pas à jouer avec les mystères lors de notre questions/réponses. Il marche à l’intuition, comme dans son exposition « Without hesitation » à Tokyo (2012), en collaboration avec Kevin Carrigan, directeur artistique chez Calvin Klein.
Hotdoom – 2009: Pour arriver à ce résultat, il « utilise d’abord des programmages graphiques avec lesquels il dessine les croquis initiaux. Ensuite, (il) joue sur l’interactivité à l’aide d’un programmateur ».
« Rien n’est prévu à l’avance, je n’attends pas de réactions particulières du public, tant qu’ils n’utilisent pas mes travaux à mauvais escient. Lorsqu’on découvre mes travaux, on doit être libre d’interpréter et de ressentir ce que l’on veut »
Des oeuvres accessibles accessibles partout, tout le temps
Accessibles via des URL, les oeuvres de Rafaël Rozendaal n’ont aucune trace physique. La souris remplace le pinceau pour « s’offrir » aux internautes amateurs d’art numérique. Mais le neen art n’est pas gratuit pour autant, une adresse URL se vend jusqu’à 10 000 $. A ce prix, elle est au nom de son acheteur mais reste visible par tous.
Falling, falling – 2011 : Ici, l’oeil et la vue du spectateur s’adaptent aux effets des dimensions, ou perdent l’équilibre.
« J’ai toujours aimé l’idée que mes créations puissent être à la disposition de n’importe qui, n’importe où, tout le temps … c’est quand même génial quand on y pense! Avec Internet comme canevas, j’ai en fait une exposition solo à chaque seconde de la journée dans le monde entier. Que demander de plus en tant qu’artiste? »
Rafaël Rozendaal crée sans cesse de nouveaux sites et teste actuellement l’imagerie lenticulaire, un procédé qui permet de produire des images avec une impression de relief en 3D. Il trouve même le temps de faire de la musique avec un ami. Son groupe, Cold Void, tire plutôt sur l’électro indus’:
Marie Monier
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