Le rap comme parole politique, mais laquelle ? Ces dernières années, des MC’s sarkozystes, socialistes ou nationalistes ont pris le mic’ pour défendre leur cause ou chanter la gloire de leurs dirigeants. Dernier exemple en date : Seno, qui rend hommage à DSK, « le plus grand pimp de France ». L’occasion d’établir un best of, pour le meilleur et pour le pire.
Le rap sarkozyste
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Les éminences de l’UMP ne détestent pas le rap, elles le combattent. On se souvient du procès intenté en 2002 par Sarkozy contre Hamé du groupe La Rumeur (relaxé par la cour de cassation huit ans plus tard), et également de la fronde parlementaire de 152 députés en 2005 contre sept autres groupes de rap. Aujourd’hui encore, les dissensions demeurent. Alors, quand des rappeurs ou prétendus tels prennent le mic’ pour chanter la gloire du président, leur cri du cœur se doit d’être entendu ! C’est ainsi que le dénommé Big Bang, manifestement inspiré par un sample de Booba, se retrouve sur la page Dailymotion du parti majoritaire. Le tube « Mon pays France » du jeune populaire David Limon, lui, s’est retrouvé hébergé par le site officiel du parti lors de l’opération « 48 heures chrono », fin 2005. Gérard et Tomy, chantres (ironiques) du sarkozysme, n’ont pas eu cet honneur-là… Bref, si Nicolas Sarkozy et ses disciples n’aiment pas les rappeurs, ils en inspirent certains. Tum Sally par exemple.
Le rap socialiste
Même s’ils n’entravent probablement que dalle au rap, les socialistes l’aiment éperdument. Les gens doivent le savoir ! Si François Hollande se pointe dans l’émission Planète Rap de Skyrock pour soutenir la station, Martine Aubry avoue, quant à elle, kiffer davantage « un rap un peu ancien quoi ». Qu’on se le dise : le PS aime le rap, et il le lui rend bien. En témoigne ce morceau mis en musique par le beatmaker Weeta, « La France est en nous », écrit par le président du club éponyme, Fayçal Douhane, et Bariza Khiari, sénatrice de Paris. Ce plébiscite d’un millier de militants et responsables socialistes a perdu sa place de numéro 1 en 2010 au profit d’un nouveau morceau repris en manif’ – « Ma retraite, j’la veux ! » – interprété par les Nantais Maxetric, Syze et DJ Fls. Mais un son rap mis en ligne cette semaine pourrait à nouveau bousculer la hiérarchie : Seno – Libérez Dominique, un hommage au « plus grand pimp de France ».
Le rap frontiste
Des ghettos noirs américains aux blanches campagnes de France, le rap a voyagé. Pire, il a immigré dans des territoires qu’on lui pensait hostiles, jusqu’à s’instiller dans le sang pur de ses irréductibles défenseurs. Pourtant prompts à défendre leur culture, même les nationalistes ont succombé, au premier rang desquels Goldofaf. Ce catholique traditionaliste, membre du Renouveau français, a déjà sorti deux albums, Génération FAF (2008) et Dans la tourmente (2009), tous deux produits par le label Patriote Productions. Le bonhomme a atteint son Graal en 2007 par une reprise du groupe Sniper, Gravé dans la roche, reprise notamment dans une émission de Karl Zéro. Un autre ménestrel du rap, Léon Fasc, s’est résolu à porter la plume dans ses plaies. Pour ce catho traditionnaliste et opposant virulent au sionisme, il n’y a qu’un seul maître à penser qui vaille, auquel il a consacré un morceau d’anthologie : Jean-Marie Le Pen. La scène rap nationaliste vibrionne, et dans ce milieu hautement concurrentiel, un petit nouveau, un chasseur de « crouilles », dévide son flow : White Terroriste. Pris dans la tourmente du rap game, le skinhead répond à ses détracteurs dans son titre Soldat blanc.
http://youtu.be/GSUR6pn607w
Le rap centriste, écologiste, social-démocrate, anticapitaliste, néolibéral ou patronal n’a pas encore, à notre connaissance, trouvé sa voix. L’amour, lui, a trouvé Don Choa. Le rappeur de la Fonky Family, au-delà des clivages politiques et idéologiques, a déclaré son « love prolétaire » à Rama Yade. Désopilant.
Vincent Barros
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