La semaine qui débute s’annonce décisive pour Radio France, qui entame son 19e jour de grève, la plus longue de son histoire. Explications.
Par habitude, certains se réveillent peut-être encore avec les ondes de France Inter, en dépit du bouleversement des programmes qui a lieu depuis 19 jours, en raison d’une grève pour le maintien de l’emploi à Radio France. Ce matin, ils auront eu la bonne surprise d’être cueillis à 7h par la voix de Patrick Cohen, qui a pu ouvrir la matinale comme de coutume. Les émissions Boomerang, puis L’Instant M ont bien eu lieu, jusqu’au journal de 11h, avant que le fil des programmes ne soit de nouveau interrompu par la playlist des grévistes.
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Patrick Cohen, en désaccord sur les moyens, solidaire de l’objectif
Patrick Cohen a eu le temps de se fendre d’un billet spécial à 7h43 pour faire le point sur la grève à Radio France. Il a tenu à rappeler qu’à France Inter, en ce qui concerne la Matinale, elle est limitée aux techniciens :
« Le conflit est toujours en cours, on vous en parle dans les journaux mais précisons que France Inter dans son ensemble n’est pas, n’était pas en grève. S’agissant de la matinale pendant ces deux semaines de silence, des reportages ont été réalisés, des chroniques des éditos ont été écrits et programmés sans pouvoir être diffusés parce que nos techniciens eux étaient en grève »
Il s’est dit en désaccord sur les moyens, mais solidaire sur les objectifs des grévistes : « Le maintien d’un service public de la radio qui ne soit pas étranglé ou sacrifié par la rigueur budgétaire surtout quand les engagements financiers de l’Etat ne sont pas tenus ».
Fleur Pellerin défend « la singularité du service public »
Dans la foulée, il recevait une invitée de circonstances : la ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin. Elle a plaidé pour le maintien de la « singularité du service public », qu’elle a mis en opposition avec RTL et Europe 1 : « Malgré tout le respect que j’ai pour RTL ou pour Europe 1, il y a une mission spécifique de décryptage de l’information, d’accès à la culture ». Elle a cependant défendu la « stabilisation » de la dotation de l’Etat à Radio France depuis 2012 (environ 650 millions d’euros) au lieu de son augmentation, car « on peut penser une radio publique ambitieuse » mais « plus économe des deniers publics ».
Elle a renvoyé au « président de Radio France [Mathieu Gallet] la responsabilité de définir un projet d’entreprise ». Celui-ci doit présenter mercredi 8 avril lors d’un comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire son plan stratégique.
Mardi les grévistes décideront de la poursuite ou non du mouvement
Le conflit pourrait donc encore se durcir en ce début de semaine, qui sera marquée par des échéances décisives. Mercredi matin, Mathieu Gallet se rendra à l’Assemblée nationale, où il sera auditionné par la commission des Affaires culturelles. Pour rappel, son projet stratégique prévoit 300 à 380 départs volontaires. Les organisations syndicales connaîtront la teneur exacte de ce texte dès mardi, comme la direction s’y est engagée. C’est également mardi que les grévistes décideront de la poursuite ou non du mouvement, ainsi que de la reprise des négociations, interrompues samedi après sept heures de débats houleux.
Interrogée sur la grève à Radio France il y a trois jours dans les Matins de France Culture, l’intellectuelle et militante altermondialiste canadienne Naomie Klein, auteure de Tout peut changer (éd. Actes Sud), a fait part de sa solidarité avec le mouvement.
.@NaomiAKlein : « L’audiovisuel public a pour mission d’éduquer à la différence. » #GrèveRF
— Matins FranceCulture (@Lesmatinsfcult) 3 Avril 2015
Elle revient longuement (à partir de 1h15 sur ce player) sur le rôle de l’audiovisuel public, et les attaques dont il est la cible partout dans le monde.
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