Sarkozy “actionnaire” de France Inter selon Val, Hees décoré de la Légion d’honneur… Journalistes et producteurs craignent pour leur indépendance.
Une radio qui coûte cher à l’actionnaire, qui n’est pourtant pas très bien traité par la station” : rapporté par Le Monde, cette assertion du directeur de France Inter, Philippe Val, passe mal au sein d’une rédaction et des producteurs, connus pour être vigilants quant à leur indépendance.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le terme “actionnaire” jure dans une maison historiquement plus attachée à ses auditeurs qu’aux intérêts du pouvoir. Sauf qu’avec la réforme de l’audiovisuel de l’an dernier, et la nomination du patron de Radio France, Jean-Luc Hees, les règles du jeu ont changé.
Si France Inter proclame encore son indépendance, palpable à l’antenne, certains craignent à terme la réduction de son périmètre. D’où la stupéfaction et la colère que la phrase de Philippe Val – seulement maladroite ? – provoque auprès des producteurs et des journalistes.
Des salariés sceptiques devant les manières de faire de leur directeur – supprimer la chronique de Simon Tivolle à 6 h 45, amputer la tranche de Patricia Martin d’une demi heure sans discussion avec les intéressés – et inquiets sur ce qu’il leur concocte pour la prochaine grille.
C’est en septembre que Philippe Val imposera pour la première fois sa signature, jusque-là assez discrète, dans la grille des programmes. Val entend faire bouger la station pour qu’elle ne devienne pas ce qu’il appelle un “musée”.
Mais, la muséification n’a-t-elle pas bon dos ? Le risque d’un vieillissement de la grille, auquel un directeur est légitimement tenu de veiller, ne cache- t-elle pas des arrière-pensées ? Il se dit dans les couloirs que deux excellentes émissions – exigentes et attachées à la culture et au reportage –, Esprit critique, Et pourtant elle tourne, pourraient bien disparaître.
Pour contrer ces rumeurs, Val a voulu rassurer ses troupes lors d’une rencontre avec la société des journalistes mercredi 13 janvier en assurant qu’il n’avait
“jamais pensé une seconde les supprimer”.
Quant à la grille de rentrée, il réfléchit encore à des émissions nouvelles, sans donner de précision ni de casting. Val a promis plus de transparence et de proximité avec les journalistes.
Si, parfois de manière exagérée, le directeur d’Inter se heurte à la surveillance étroite de chacun de ses gestes ou envies, il le doit aux conditions de nomination de son patron Jean-Luc Hees.
Encore une fois chatouillé par Stéphane Guillon dans sa chronique du 11 janvier :
“Jean-Luc, vieil anar de gauche, fais gaffe, comme t’es nommé par Sarko, est-ce que t’as pas peur qu’on dise que t’as mis tes couilles dans ses mains ?… , le boss, récemment élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur par Sarkozy, fait mine de ne pas voir le problème et affirme se moquer du chroniqueur matinal.
Sauf qu’il lui reproche de ne jamais attaquer les patrons de Canal+, au risque de perdre “ses 40 000 euros par mois” (cf. le site du Point).
Chouette ambiance à la Maison ronde ! Chacun se balance des scuds par écrans et micros interposés.
Hees, Val et Guillon se croisant dans l’ascenseur ? La scénographie de France Inter ouvre à d’insensés mouvements dramaturgiques.
{"type":"Banniere-Basse"}