Sur France Musique, Anne Montaron présente A l’improviste, une émission dédiée à la musique improvisée, art de l’instant éphémère et éternel.
« C’est à la fois un continent et un îlot. » Signée Carole Rieussec, du duo électro-acoustique Kristoff K.Roll, cette idée d’un paradoxe identitaire pour décrire A l’improviste sonne juste.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Depuis sa création en 2000, l’émission de France Musique s’est distinguée tant par sa discrétion que l’ampleur de son projet : être l’amplificateur d’un territoire sonore très escarpé allant du free-jazz à certains arpents de l’expérimentation contemporaine (concrète, bruitiste, etc.), avec des détours trop rares par le rock et l’électronique.
Une traversée en solitaire parce que la pratique de l’improvisation, si elle a joué un rôle essentiel dans l’histoire de la musique, semble toujours susciter la méfiance ou la peur de l’inconnu – trop déroutante, pas assez corvéable. Sauvée par une pétition en 2007, amputée d’une demi-heure en 2010, soit la moitié de son format, l’émission a su grandir dans l’adversité, résistant aux variations saisonnières des grilles, aux rumeurs, aux menaces de suppression. Des aléas finalement banals qui n’ont pas entamé l’énergie d’Anne Montaron et son équipe à défendre une personnalité unique en Europe – au moins sur le service public.
Car ce que donne à entendre A l’improviste, c’est le concert, point de rencontre idéal entre la légèreté de la diffusion radio et le jet instantané de l’improvisation. Idéal ou presque : captées dans les festivals ou organisées dans les auditoriums de la Maison ronde, les performances ne sont pas retransmises en direct. Un choix éditorial de France Musique que comprend Anne Montaron :
« Pour trouver son rythme, un concert d’impro prend parfois du temps. C’est une sorte de croissance organique, avec des moments forts et des moments de latence, mais sans miniature. Une vraie prise de risque ! »
Le credo de la productrice n’est de toute façon pas de proposer un simple relais de spectacles vivants mais aussi de donner la parole à des artistes porteurs d’une autre esthétique et jamais entendus ailleurs.
Depuis dix ans, l’émission cherche – et a trouvé – son équilibre entre échappées sonores fulgurantes et discours plus apaisés. Sa ligne a bien sûr évolué sur le fond (passant de l’impro thématique et idiomatique à l’impro libre) et sur la forme (regard plus acéré sur l’actu d’une scène plus riche qu’on ne le pense).
Si on y invite toujours beaucoup d’instrumentistes, des personnages hors normes y trouvent désormais leur place, comme le platiniste supersonique eRikm ou les divas rebelles Catherine Jauniaux et Isabelle Duthoit. » L’improvisation, c’est une donnée essentielle du geste musical, précise Anne Montaron. Ce que je cherche, c’est son universalité à travers les genres. Et puis je veux vivre avec la musique de mon temps. J’aime la surprise, l’imprévisible, sortir des cérémoniaux classiques. » Les dix minutes regagnées à la rentrée ne seront donc pas de trop.
Pascal Mouneyres
A l’improviste France Musique, le lundi à 23h30
{"type":"Banniere-Basse"}