Face à la fronde des députés UMP, le gouvernement a suspendu le démontage des panneaux de signalisation des radars. Si la polémique est close, le problème de l’insécurité routière reste entier.
La suppression des panneaux de signalisation des radars. Voilà bien une mesure gouvernementale qui aura fait l’unanimité… contre elle. Annoncée entre autres mesures chocs destinées à lutter contre l’insécurité routière, par le ministre de l’Intérieur le 11 mai dernier, son impopularité a été telle qu’elle décida 74 députés UMP à envoyer une lettre au Premier Ministre pour lui faire part de « la profonde exaspération » de « milliers » d’électeurs. Une révolte de la majorité parlementaire tout à fait inédite, et quelque peu surprenante puisqu’elle fut animée par les députés de la Droite populaire, d’ordinaire plus prompts à renforcer la répression sécuritaire.
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Démontage des panneaux suspendu
Ce matin, lors d’une réunion du groupe UMP à l’Assemblée nationale, François Fillon insistait :
« Tous ceux qui ont des propositions en matière de sécurité routière doivent être entendus. Mais le gouvernement ne reviendra pas sur la fin de la signalisation systématique des radars ».
Quelques minutes plus tard, pourtant, son ministre de l’Intérieur annonçait, d’une voix discordante, que le démontage des panneaux signalant les radars (auquel s’opposait, soit dit en passant, Sarkozy en 2007) était finalement suspendu. « Trente-six panneaux ont déjà été démontés, il n’y en aura pas un de plus avant concertation locale avec les élus », précisait-il, avant d’ajouter que chaque panneau supprimé serait remplacé par un radar pédagogique indiquant aux automobilistes leur vitesse.
Des concessions applaudies par les députés UMP, raillées par d’autres: « Je suggère que Guéant et Fillon se rencontrent pour harmoniser leurs positions. La politique du gouvernement est totalement illisible… », n’a pas manqué d’ironiser le député villepiniste Jean-Pierre Grand. Autre député de la majorité, Yannick Favennec s’indigne lui carrément de cette « cacophonie incroyable », parlant même de « foutoir », tandis que Thierry Mariani, pourtant membre du gouvernement (secrétaire d’Etat aux transports), le concède : « C’est vrai, il y a un problème« .
« On peut se féliciter » triomphe, malgré tout, Christian Jacob. En menant la fronde avec l’appui des députés de la Droite populaire, le président du groupe UMP à l’Assemblée aura œuvré à contrer (du moins pour un temps) une mesure gouvernementale totalement impopulaire, et donc se préserver accessoirement l’image de la majorité auprès de l’électorat. En attendant, 355 personnes sont mortes d’un accident de la route le mois dernier, soit 19,6 % de plus qu’en avril 2010…
Vincent Barros
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