Pour cette semaine spécial municipales, trois personnalités locales parlent de leur ville : les musiciens chatoyants de Rocky, l’éminent street-artist Jef Aerosol, et l’enthousiaste Michel Seydoux, propriétaire du Losc.
Rocky (groupe sélectionné par Les Inrocks Lab) : “Il faut développer la politique musicale de Lille”
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A partir du moment où Lille est devenue capitale européenne de la culture en 2004, tout a changé. Avant, la culture était plus underground, on n’avait pas vraiment de politique culturelle. C’est devenu dingue avec la création du Tri Postal, des Maisons-Folie… Ça a super bien marché : les Lillois ont un vrai appétit pour la culture.
Depuis, le bilan est plus contrasté. Il y a l’asso Lille 2004, rebaptisée Lille 3000, qui organise des biennales reconnues à l’international (les expos Saatchi, Pinault ou Perrottin au Tri Postal). Le TriPo, c’est la vitrine de Lille. Il y aussi la gare Saint-Sauveur, très active et accessible à tous. Mais en dehors de ces deux locomotives, l’ambiance est un peu retombée, et certaines personnalités moteurs de 2004 sont parties bosser ailleurs, notamment à Paris.
C’est là-bas que se trouve tout le boulot artistique. Regardez Manu Barron qui gère le Social Club, Laurent Sabatier au Nouveau Casino, Arnaud Delbarre à l’Olympia… ce sont tous des Lillois. Lille est une capitale de la musique avec une offre musicale très pointue grâce à des salles comme l’Aéronef ou le Grand Mix. Mais il n’y a pas d’artistes lillois connus. Club Cheval ou de Skip the Use sont passés par des structures parisiennes pour émerger.Même nous : notre manager et notre label sont parisiens.
Martine Aubry a déjà fait tellement pour la ville, et les musiques actuelles ne sont pas une priorité à Lille, c’est clair et c’est normal. Ceci étant dit, pour créer une scène, un coup de pouce de la mairie ne serait pas de trop. De plus, dynamiser le secteur culturel comme à Reims est le meilleur attaché de presse qui soit. Combien coûte une page de pub dans Le Monde ou le Figaro ? Combien de rédactionnels dans ces mêmes quotidiens ont été publiés au sujet de la « scène rémoise »? C’est inestimable.
Jef Aerosol, street-artist : “Une véritable métropole culturelle européenne”
Nantais d’origine, je suis arrivé dans le Nord en 1984. Autant dire que depuis, la ville a énormément changé : certains quartiers insalubres sont devenus magnifiques. J’aime flâner dans le centre et la vieille ville, j’aime les Maisons-Folie, le Tri Postal, le quartier en devenir d’Euratechnologies… Le revers de la médaille, c’est que dans certains endroits, la vie de quartier a laissé place aux boutiques de luxe et enseignes multinationales… C’est la rançon de la rénovation et de la « gentrification » des vieux centres urbains.
Côté culture, nous avons eu la chance d’avoir des maires férus d’art contemporain. Pierre Mauroy avait déjà beaucoup fait, et Martine Aubry a repris le flambeau. Depuis 2004 où Lille est devenue capitale européenne de la culture, l’engouement des habitants a été encouragé par des manifestations d’envergure (parade, expos, concerts…), non seulement à Lille mais aussi à Tourcoing ou Roubaix. Si on peut parfois reprocher des tentations un peu élitistes ou des “copinages” trop flagrants, le vent de culture qui souffle sur la ville a définitivement changé sa physionomie et en a fait une véritable métropole culturelle européenne.
De la même façon que des artistes étrangers sont invités par Lille 3000, les artistes lillois sont sollicités ailleurs en France ou à l’étranger. En dépit des structures locales désormais nombreuses et actives, il est indispensable de bouger pour étendre son champ d’action. C’est une chose dont je profite avec grand plaisir, tout en brandissant mon appartenance lilloise.
www.jefaerosol.com
Michel Seydoux, président du Losc : “Le Losc est un bon citoyen”
Je suis arrivé à Lille presque en même temps que Martine Aubry en 2001-2002, après un “stage de formation” à l’Olympique Lyonnais (rires). Même si j’ai des origines nordistes très lointaines (mon arrière-grand-père Charles Seydoux a été député de 1852 à 1870), c’est surtout pour le challenge que je suis venu ici. Le club venait à peine d’être privatisé, c’étaient les balbutiements du foot lillois. Il a fallu construire un club et les infrastructures qui vont avec.
Martine Aubry partage avec moi l’idée qu’une grande métropole a besoin d’un vecteur sportif important. Évidemment, elle a son caractère, mais on se respecte beaucoup et on partage le même amour du foot. Si je vais voter pour elle? Je suis tranquille, je vote à Paris !
Le doublé championnat de France-Ligue 1 en 2010 a redonné de la fierté à la métropole. C’est un symbole important pour une ville qui a connu une grosse crise industrielle. Le stade, c’est le dernier endroit de mixité sociale dans la ville : c’est le seul lieu où la joie est collective. Il y a effectivement eu des tergiversations sur le nom du Grand Stade (on soupçonne Aubry d’avoir baptisé le stade “Pierre-Mauroy”, faute de ne pas avoir vendu le naming – ndlr). Dans tous les cas, le Losc est un bon citoyen : que le stade s’appelle Pierre, Paul ou Jacques, l’essentiel c’est qu’on puisse y jouer et offrir du spectacle à toutes les franges de la population.
www.losc.fr
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