L’appel à manifester contre l’islamophobie, lancé ce jeudi 7 novembre par Rachid Temal (PS), a suscité de vives polémiques. Notamment à cause du choix de la date, le 20 novembre, Journée internationale des droits de l’enfant.
“Je pense qu’un appel pourrait être lancé à tous les partis et associations, par exemple, le 20 novembre prochain, place de la République.”
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Ce jeudi 7 novembre, alors que de nombreuses personnalités politiques ont refusé de participer à la marche contre l’islamophobie prévue ce dimanche, Rachid Temal, sénateur PS du Val d’Oise et invité de BFM, a appelé les Français à un nouveau rassemblement “pour montrer leur attachement à la République, à l’unité de notre pays et combattre l’ensemble des racismes.”
Problème : le 20 novembre est également la Journée internationale des droits de l’enfant.
Lyes Louffok, membre du Conseil national de la protection de l’Enfance et auteur de l’ouvrage Dans l’enfer des foyers, est un des premiers à avoir réagi sur Twitter :
En choisissant le 20 novembre pour l'organisation de votre rassemblement vous invisibilisez la journée internationale des droits de l'enfant
On galère suffisamment à ce que les médias en parlent!
Imaginez si cela avait été fait le 8 mars
Merci, on s'en souviendra @faureolivier https://t.co/wVWZfbzP4a
— Lyes Louffok (@LyesLouffok) November 7, 2019
Une proposition isolée
Il apprend finalement par un mail du PS que la date de l’événement sera annoncée lors d’une conférence de presse initialement prévue vendredi 8 novembre, puis reportée. Une annonce qui n’a visiblement pas perturbé Rachid Temal qui a confirmé sur Twitter, à plusieurs reprises, bloquer la date du 20 novembre.
Ce type est odieux.
Il bloque le 20 novembre pour son rassemblement. Il invisibilise la journée des droits de l’enfant.
Et, il se permet ce type de commentaire.
Sérieusement, @faureolivier, dégagez-le ! pic.twitter.com/zlymdRfq2K
— Lyes Louffok (@LyesLouffok) November 7, 2019
Contacté par les Inrocks, Lyes Louffok nous explique avoir ensuite reçu des messages d’Olivier Faure, premier secrétaire du PS, dans lesquels il déclare : “Nous ne ferons pas d’événement le 20 novembre, il s’agit d’une proposition isolée de Rachid Temal”, en prenant soin de préciser que ce dernier ne fait plus partie de la direction du PS depuis juin 2019.
La colère passée, Lyes Louffok déplore “une grosse maladresse” de la part de Rachid Temal : “Qu’un sénateur propose, a priori sans le soutien de son parti, un rassemblement à une date où il existe déjà un événement international, et qu’il ne le sache pas, c’est effarant !”
>> A lire aussi : Les musulmans sont davantage touchés par le racisme
La gauche toujours plus divisée
Depuis l’annonce d’une marche contre l’islamophobie, les personnalités publiques de gauche n’ont eu de cesse de se diviser. Parmi les centaines de signataires, on retrouve notamment le leader de la France Insoumise (FI) Jean-Luc Mélenchon, l’ancien candidat à la présidentielle Benoît Hamon ou encore Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.
D’autres ont refusé de soutenir la démarche. D’après eux, les liens potentiels entre certains organisateurs de l’événement, comme le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) avec les Frères musulmans, et l’utilisation de certains termes – tels qu’“islamophobie” ou encore “lois liberticides” – vont à l’encontre de “l’esprit républicain”. Pour Olivier Faure, qui s’est exprimé sur Twitter, cette manifestation n’est rien d’autre qu’une “dérive anti laïque et anti républicaine”.
D’autres encore ont signé l’appel avant d’annoncer qu’ils ne se rendraient pas à la marche. C’est le cas de l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot qui a déclaré honorer un autre déplacement, le même jour, à Ivry-sur-Seine, en soutien à la candidate écologiste aux municipales. Le député de la Somme, François Ruffin, a également décidé de pas se rendre au rassemblement alors qu’il fait partie des signataires.
Interrogé par France Inter à ce sujet, mercredi 6 novembre, il a déclaré avoir signé alors qu’il “étai [t] à Bruxelles en train de manger des frites et des gaufres” avec ses enfants, avant d’ajouter “Je n’irai pas dimanche, je joue au foot. Je ne fais pas de médias le dimanche non plus parce que je joue au foot”. Face à la multiplication des critiques à son égard, il s’est excusé sur Twitter.
Taha, chères toutes, chers tous, mes mots sur les frites et les gaufres vous ont indignés. Ils relèvent d'une évidente maladresse, dans mon cas récurrente. Et je les regrette aussitôt prononcés. Toutes mes excuses aux personnes que j'ai blessées.
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) November 7, 2019
{"type":"Banniere-Basse"}