Une quinzaine de jours après son placement en redressement judiciaire, Têtu a découvert son premier acheteur potentiel : ses lecteurs. Une campagne de soutien nommée « Rachetons Têtu », tente de fédérer de petits investisseurs pour proposer une offre de rachat. L’objectif est d’obtenir au moins 9 000 signatures d’ici le 26 juin.
Et si Têtu était sauvé par ses propres lecteurs ? Le projet paraît ambitieux, mais il existe. Devant les difficultés financièrement du titre (1,1 million d’euros de déficit en 2014), son propriétaire Jean-Jacques Augier avait demandé le placement en redressement judiciaire de CPPD, la société éditrice de Têtu. Attachés à leur magazine, des lecteurs ont décidé de lancer une campagne de financement participatif (ou crowdfunding) pour racheter le titre. Intitulée « Rachetons Têtu« , elle essaie de fédérer, via les réseaux sociaux, tous ceux qui souhaitent voir l’aventure Têtu continuer.
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Rachat de TÊTU par ses Lecteurs – Signez la pétition! https://t.co/c2pDMHwluZ @ChangeFrance #RachetonsTÊTU #JeSuisTêtu #savemyTETU
— RACHETONS TÊTU (@RachetonsTETU) 11 Juin 2015
Le projet est conçu en deux étapes. Une pétition en ligne doit permettre de rassembler des petits investisseurs qui, par leur signature, s’engagent à participer au financement du titre. La somme rassemblée sera un premier apport, complété par des investisseurs institutionnels. Ce qui permettra de déposer une offre de rachat au tribunal de commerce de Paris et lancer véritablement la campagne de crowdfunding. Le nombre de signataires de la pétition détermine donc la réalisation du projet. « Puisque le nombre d’abonnés est de 9 000, on espère rassembler au moins autant de signatures pour être crédible », détaille Brice Fogliami, à l’origine du projet.
« Garder l’indépendance du magazine »
A 37 ans, Brice Fogliami fait partie des lecteurs de la première heure. Travaillant lui-même dans le crowdfunding, l’idée d’un rachat du titre lui est parue évidente. “Des entreprises comme les sous-vêtements Lejaby ou les madeleines Jeanette ont été rachetées par leur salariés, je me suis dit que Têtu pourrait l’être par ses lecteurs”, raconte-t-il. Après en avoir discuté avec des amis lecteurs, il s’est lancé dans le projet.
L’objectif est de “garder l’indépendance du magazine”, insiste Brice Fogliami. « Si Têtu intègre un grand groupe (ce que souhaite son propriétaire, Jean-Jacques Augier, NDLR), il risque de perdre sa liberté de ton » et ça, pour le trentenaire, il n’en est pas question. Pour lui comme pour d’autres, Têtu a marqué son histoire personnelle. « Par ses combats, ses articles, il nous a accompagnés dans notre développement, nous a aidés à nous assumer ».
“Une marque de soutien supplémentaire”
La rédaction a bien sûr eu écho du projet. Brice Fogliami a contacté Yannick Barbe, directeur de la rédaction, pour l’en informer. “On est très touchés que cette initiative vienne de nos lecteurs”, confie-t-il. Malheureusement, la rédaction ne peut se permettre d’appuyer l’initiative, au risque de faire fuir de potentiels investisseurs. “On a un attitude bienveillante envers eux, il n’est pas question de leur demander d’arrêter cette campagne, mais on la perçoit uniquement comme une marque de soutien supplémentaire », lance Yannick Barbe. Un soutien important, alors que la presse LGBT traverse une mauvaise période avec l’annonce des difficultés financières de Yagg.
Yagg, Têtu… Les médias LGBT en grande difficulté #RachetonsTÊTU http://t.co/YnbRDFuSFZ via @LExpress — RACHETONS TÊTU (@RachetonsTETU) 16 Juin 2015
Si “Rachetons Têtu” réussit son défi, ses instigateurs espèrent tourner le journal un peu plus vers les régions. Dans la communauté LGBT, le titre a une image parisiano-centrée. Pourtant, Brice Fogliami en est persuadé : « C’est aussi grâce aux régions que Têtu va continuer. »
En attendant, ceux qui souhaitent soutenir l’initiative ont jusqu’au 26 juin 12 h, pour signer la pétition. Passé ce délai, il ne sera plus possible de déposer une offre au tribunal de commerce. Pour l’instant, la campagne dépasse timidement les 200 signatures. Brice Fogliami lance un appel aux célébrités et autres personnalités publiques qui voudraient bien promouvoir le projet et les aider à atteindre les 9 000 signatures. « On a conscience qu’en 10 jours ça va être compliqué d’arriver à notre but », avoue Brice Fogliami, « mais on y crois. Au moins notre initiative permettra peut-être d’attirer des investisseurs. »
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