Emmanuel Macron a détaillé aujourd’hui son programme et sa vision du pays, pour en finir avec le mythe du candidat sans programme et affirmer sa ligne politique sociale-libérale.
« On se fout des programmes, ce qui importe c’est la vision. » expliquait Emmanuel Macron en décembre dernier sur RTL. Souvent raillé pour son absence de propositions concrètes, le candidat le plus en vogue dans les sondages décide finalement que le programme a son importance. Il le détaille ce jeudi dans Le Parisien avant de le publier en intégralité sur son site internet, une semaine après avoir dévoilé sa vision économique pour la France.
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Mont Sinaï : Emmanuel Macron présente à ses fidèles les tablettes de son programme https://t.co/ncujVdIXLG pic.twitter.com/vlH24tCcVe
— Le Gorafi (@le_gorafi) March 1, 2017
Le costume de l’homme providentiel
Assumant totalement son envie de se présenter en homme providentiel, quitte à jouer avec une certaine dimension christique, Emmanuel Macron se projette dans un rôle de président « qui ne s’engage pas dans le quotidien de la vie gouvernementale« . Le chef de l’Etat serait plus un guide global, déléguant ses fonctions, qu’un vrai acteur du jeu politique.
« Je veux retrouver un équilibre qui a été perdu depuis 10 ou 15 ans, explique le candidat. Aujourd’hui, on demande au président d’être garant des institutions et en même temps d’être présent et responsable de tout. Or, il faut un président qui préside. »
.@EmmanuelMacron "Nous ne proposons pas de réformer notre pays : nous proposons de le transformer"#ProgrammeEM ➜ https://t.co/IfAgBgjlCY pic.twitter.com/luCk2mqnAX
— Les Jeunes avec Macron (@JeunesMacron) March 2, 2017
Le « président qui préside » expose ses priorités : réformer l’école, la société du travail, la modernisation du modèle de croissance d’un point de vue écologique, la sécurité et la vie publique. Et évoque l’idée d’un jury citoyen, devant lequel il devra rendre compte chaque année de l’efficacité de ses actions.
Réformer en profondeur
Quant à son gouvernement, le candidat d’En Marche l’imagine resserré, composé de plusieurs familles politiques (« la gauche sociale-démocrate, les radicaux de gauche, les écologistes, le centre, la droite…« ). Il serait dirigé par un premier ministre à même de maintenir cet équilibre assez instable sur le papier.
Parmi ses grands chantiers annoncés : l’éducation. Avec un accent mis sur l’école primaire : « 20% des jeunes en CM2 ne savent pas bien lire, écrire et compter (…) notre système est plus déterministe et inégalitaire aujourd’hui qu’il y a 20 ans. » En bon libéral, la solution d’Emmanuel Macron a un nom : l’autonomie. Autonomie des établissements par rapport aux rythmes scolaires, mais aussi au niveau du recrutement et des méthodes pédagogiques. Un de ses objectifs est de réduire le nombre d’élèves par classes en primaire à 12 au maximum dans les zones REP + (nouveau nom donné aux ZEP). Ce qui passerait par la création de 4 000 à 5 000 postes d’enseignants.
💼 "Emmanuel Macron recueillerait 29 % de leurs suffrages au premier tour de scrutin."
💪 A tous les profs, #EnMarche!https://t.co/Nu2k58ppGu— L'Éducation En Marche ! (@EduEnMarche) February 24, 2017
« Nous devons arrêter d’affecter dans les zones les plus difficiles de jeunes enseignants qui sortent de leur formation, car cela ne marche pas. Il faut des enseignants plus expérimentés pour traiter les situations les plus difficiles. Je rémunérerai également substantiellement mieux ceux qui enseigneront en REP et REP +. »
7% de chômeurs en 2022
Même credo à propos du marché du travail. « Fixer la même règle pour tous au niveau national grippe l’économie« , dénonce l’ancien banquier. En pagaille : permettre aux entreprises de renégocier les 35 heures, pénaliser les entreprises qui abusent des CDD courts, en finir avec le système d’assurance chômage actuel par cotisation pour aller vers un système universel financé par l’impôt qui serait donc accessible aux entrepreneurs, agriculteurs et professions libérales, et contraindre les chômeurs à accepter un travail décent dans leur région s’il correspond plus ou moins à leur niveau de compétence et à leur ancienne rémunération (avec une marge de 20 à 25%). Il vise ainsi le chiffre de 7% de chômeurs en 2022.
En bouleversant le système actuel de cotisation sociale, Emmanuel Macron entend mettre fin par la même occasion à la présidence de l’Union Nationale Interprofessionnelle pour l’Emploi dans l’Industrie et le Commerce (Unédic) par les partenaires sociaux, qu’il juge trop politiques.
#macron veut donner aux syndicats la moitié des sièges dans les conseils de surveillance ! https://t.co/XZybBZkRHe pic.twitter.com/mn0XLyMLFt
— Thierry Fabre (@FabreFaber) March 1, 2017
Un Etat dirigé comme une entreprise
Si Emmanuel Macron entend devoir rendre des comptes aux citoyens qui l’éliraient, il ne serait pas le seul. Son programme publié ce jeudi midi affiche une envie claire de contraindre tous les organismes à prouver leur efficacité, que ce soit les lycées, les hôpitaux ou les tribunaux. Avec le risque de transformer les élèves ou les patients en clients à satisfaire à moindre coût.
Et pour les établissements publics comme pour les entreprises, gare à ceux qui ne respecteront pas les règles. Emmanuel Macron compte bien afficher publiquement les entreprises qui n’appliquent pas la parité, imposer aux grands groupes internet de payer leurs impôts en France, et sanctionner plus durement la fraude fiscale. La fraude aux prestations sociales elle serait sanctionnée, en plus du remboursement de la somme détournée, par un retrait pur et simple de la prestation en question.
Une société ouverte, mais protégée
"L'#égalité entre les hommes & les femmes sera une cause nationale que je porterai personnellement" #programmeEM @EmmanuelMacron #parité pic.twitter.com/6H9EoiuAtA
— Marine Mathé (@marine_mathe) March 2, 2017
Emmanuel Macron fait partie des candidats prêts à réfléchir à la dépénalisation du cannabis. Tout comme il souhaite ouvrir la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules, et souhaite reconnaître la filiation des enfants nés par GPA à l’étranger sur leur état-civil français. Pour autant, il n’est pas favorable à la légalisation de la GPA en France. Mais à côté de ces avancées sociales, Emmanuel Macron affirme aussi ses ambitions sécuritaires.
15 000 nouvelles places en prison, 10 000 gendarmes et policiers supplémentaires, des peines plus sévères pour les incivilités (qui englobe à la fois le harcèlement de rue et les dégradations des casseurs durant les manifestations), ainsi que la création d’un état-major rattaché au président de la République, voilà ce que prévoit Emmanuel Macron en matière de sécurité, sans s’avancer sur une prolongation ou non de l’état d’urgence.
Nous continuerons notre bataille contre la menace terroriste. 2% du PIB seront consacrés à la Défense. #ProgrammeEM pic.twitter.com/mb3JFkPZ4t
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) March 2, 2017
« En tant que candidat, je suis citoyen comme vous et je n’en sais guère plus (sur l’état d’urgence), c’est normal. Je ne prendrais donc pas aujourd’hui de position de principe, même si je suis évidemment favorable à ce que l’on puisse le lever, car le propre d’un Etat de droit, même avec une menace terroriste, n’est pas de vivre éternellement sous état d’urgence. »
L’intégralité du programme d’Emmanuel Macron est disponible sur son site internet.
Appeler à des trêves judiciaires c’est affaiblir l’autorité de l’État. #ProgrammeEM pic.twitter.com/NBzsROJYaO
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) March 2, 2017
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