Tandis que la semaine de la mode du prêt-à-porter vient de s’achever à Paris, l’heure est au bilan. On vous raconte les moments forts de cette semaine rythmée par des défilés très attendus mais aussi quelques coups de théâtre.
La Fashion Week printemps-été 2017 c’était : 91 Défilés en 9 jours, un vol de bijoux pour près de 10 millions d’euros, des dizaines de tweets cinglants de Loic Prigent, un défilé à ciel ouvert sous la canopée des Halles, une femme à la tête de la création chez Dior pour la première fois de son histoire ou encore des moments d’euphories vestimentaires. Résumé en 10 points de ce qu’il ne fallait pas rater.
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1. Les premiers pas de 3 nouveaux stylistes chez Dior, Saint Laurent, et Lanvin
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Cette saison, les défilés Dior, Saint Laurent et Lanvin avaient tous trois la saveur d’une première fois. Après un long et haletant mercato-mode, Bouchra Jarrar a fait ses premiers pas chez Lanvin, le belge Vaccarello a pris la suite de Slimane chez Saint Laurent (pression maximale) et Maria Grazia Chiuri a signé son premier défilé chez Dior. Une nouvelle page s’est tournée cette semaine dans l’histoire de ces trois maisons emblématiques avec la garantie d’un souffle nouveau apporté par leurs nouvelles recrues.
2. Quand la jeune génération s’affirme
Ils sont les figures montantes de la mode aujourd’hui et à la sortie de leurs défilés l’excitation était au rendez-vous. Koché tout d’abord a, comme à son habitude, ouvert son show au public dans un décor XXL à ciel ouvert. C’est sous la canopée des Halles que les mannequins ont défilé-couru au milieu des promeneurs intrigués par le spectacle. Christelle Kocher, fondatrice de la marque, incarnait ce jour-là la notion de la mode démocratisée qui a du chien.
Chez Y/Project également le public avait du mal à contenir son enthousiasme en découvrant le défilé punk et coquin de Glenn Martens. On y a vu de la jeune femme en nuisette brodée, des total-looks en velours façon rideau de théâtre, des corsets explosés ou encore des pantalons à la mousquetaire-maréchal ferrant s’en allant à une soirée BDSM. Rien que ça.
Chez Balenciaga, Demna Gvasalia signait son très attendu deuxième défilé. Et l’essai fut plus que transformé par celui que le milieu appelle » Dieu » et sa bande. Haut du corps oversize, épaules carrées comme si le cintre n’avait pas été ôtés, cuissardes et des notes de fétichisme ici et là : la femme Balenciaga s’affirmait bien de son temps, avant-gardiste et un poil kinky ( les pièces en Spandex, ce synthétique strech inventé par Dupoint en 1958 que le designer remettait ici au gout du jour ).
3. L’instant Sonia Rykiel
https://www.youtube.com/watch?v=c9zhsUNUCk4&feature=youtu.be
Moment suspendu, explosion de paillettes en guise de larmes pour un hommage fidèle à l’esprit de celle qu’on appelait « la reine du tricot ». Cette semaine, la maison Rykiel a fait ses ultimes adieux à sa fondatrice décédée le 25 août 2016 avec un défilé joyeux teinté d’émotion, dans le plus pur esprit de la créatrice. Ce jour là, « Sonia Forever » s’inscrivait sur des pulls typiquement Rykiel ou encore sur les cartons d’invitations, les murs étaient baignés d’images d’archives de la styliste et les mannequins arboraient son inimitable crinière rousse.
"C'était pas des robes c'était un instant c'était l'éternité tu savais pas si c'était des confettis ou des larmes."
— Loic Prigent (@LoicPrigent) October 4, 2016
4. Le braquage du siècle
C’est l’information qui a fait frémir la semaine de la mode et les réseaux sociaux : la businesswomen, star de télé-réalité et femme de Kanye West a été victime d’un braquage à main armée et ligotée dans sa baignoire dans la nuit du 3 octobre. Un scénario digne d’un film à l’américaine. Bilan du vol : un diamant titanesque, des boites à bijoux pour près de 10 millions d’euros et un énorme coup dur pour le tourisme et le marché du luxe en France. « Sauve mais traumatisée », la star – qui, rappelons le, est également mère de deux enfants – n’a, pour l’instant, fait aucune apparition publique depuis. Les braqueurs enfuis à vélo pédalent encore, mais jusqu’à quand ? La suite au prochain épisode.
5. Les nouvelles belles gueules des catwalks
Grand point positif et pas des moindres, cette saison les castings des défilés étaient particulièrement métissés. Côté révélations : Aiden Curtiss (fille de la mannequin Katoucha décédée en 2008) a entamé sa carrière sur le podium du défilé Roland Mouret.
Chez Paskal, Off-White et Aalto notamment, Lina Hoss – crane rasé de près, gueule d’ange et yeux de biche – s’est largement démarquée. Ces filles à l’allure punk et au faux air sage, on les retrouve aussi chez Dior avec les soeurs May et Ruth Bell. Chez Kenzo, on a misé sur une ambiance surréaliste avec des « statues-vivantes » en guise de décor de défilé. Audacieux.
Koché cependant demeure la marque la plus innovante en la matière. Dans ce show ultra vitaminé, un gang d’artistes se mêle aux mannequins confirmés et à ceux castés sauvagement. Lindsey Wixson, l’américaine aux joues rebondies partageait le catwalk avec l’illustratrice et chanteuse Safia Bahmed Schwartz ou encore avec la musicienne Khady Khadyak.
Seul point noir au tableau de cette semaine de la mode parisienne : les mannequins arabes demeurent encore trop rares sur les podiums.
6. Rei Kawabuko
Le bruit court depuis quelques mois mais un indice est encore venu éclairer cette théorie : Rei Kawakubo, la styliste japonaise de la marque Comme des Garçons, pourrait bien être le prochain sujet de l’exposition annuelle du Met. En effet, Anna Wintour et Andrew Bolton (en charge du Costume Institute du Metropolitan Museum of Art ) étaient tous deux présents à son défilé. À 74 ans, Rei Kawakubo serait donc la seconde styliste après Yves Saint Laurent à se voir dédier une exposition annuelle de son vivant dans ce musée, un rappel historique qui illustre l’ampleur de son influence sur l’histoire de la mode.
7. Maria Grazia Chiuri, la consécration
https://youtu.be/Qmvs4s-_joA?list=PLrnmKpO6z0hAhfoM4aOs5e7ngMQ_PKILg
Maria Grazia Chiuri : la femme forte qui a marqué cette fashion week c’était elle. La nouvelle styliste de Dior, première femme à être directrice artistique de la mythique maison française, a donc réalisé son baptême du feu en solo, sans son acolyte de toujours Pierpaolo Piccioli resté chez Valentino. L’italienne a imposé sa vision d’un show engagé féminin et féministe, osant le top à inscription « we all should be feminists » et s’inspirant largement du vestiaire des escrimeurs. Si dans les grandes maisons de mode les hommes sont en grande majorité nommés directeurs artistiques, Maria Grazia Chiuri inverse la tendance et impose une mode de caractère où la femme est une combattante élégante.
8. Le féminisme était aussi dans la rue avec Gigi Hadid
Cette semaine, la mannequin Gigi Hadid a subi les affres d’un pseudo-journaliste spécialiste du frottage de star non consenti. Prise de court et par réflexe d’auto-défense cette dernière assena au jeune homme un coup de coude au visage bien senti que certains qualifièrent dans la presse de « violent ». Dans la foulée, Lena Dunham (notamment) contre-attaque en offrant une tribune 100% girl power à Gigi sur sa Lenny’s Letter soulignant l’importance de la légitimité des actes d’auto-défense en tant que femme subissant une agression à caractère sexuel. La morale de l’histoire : Gigi se retrouve cette semaine en égérie boxeuse pour la nouvelle collection fitness de Reebok.
9. Les meilleures BO de défilé
On commence en douceur chez Jacquemus avec Clara 3000, Dj d’élection du styliste qui a signé l’intégralité de la musique du défilé. La parisienne s’est très largement inspirée du film Jean de Florette pour une BO en osmose avec cette collection qui voyageait entre l’Espagne et la Provence à coup de silhouettes façon santons-toréadors.
Sur un rythme bien plus intense et sexy au possible, la voix de l’américaine Louisahhh!!! (membre de la team Bromance) a enveloppé l’ouverture du défilé Carven. Envoûtant.
Chez les finlandais d’Aalto, c’est Dactylo – grande habituée des soirées queer parisiennes à coup de soirées Flash Cocotte, Jeudi O.K et de Trou aux biches – qui a assuré un live parfaitement maitrisé. De quoi exciter les oreilles du public venu assister au show et évoquer le souvenir de nuits blanches au Gibus.
Chez Chanel, Michel Gaubert nous avait dégoté un remix totalement démoniaque du Love to Love You Babe de Donna Summer. Parfait pour accompagner la thématique du défilé Data Center.
On saluera également un étonnant et génial Louis Sclavis chez Nehera ( qui signe une très belle collection) et la sélection parfaite et ultra narrative de Véronique Branquihno : Lady Jane des Rolling Stones, un Cat Stevens et un final lacrymal sur le Can’t Leave de Maria Carey. On y revient ci-dessous.
10. Le gothique toujours au top
Si les jeunes créateurs auront brillé pendant cette fashion week, la vieille garde n’aura pas été de reste : deux des plus belles claques (et des BO) furent dispensées par deux vieux routiers du circuits, Véronique Branquinho et Rick Owens.
Chez la Belge, on fut une nouvelle fois bluffés par la cohérence de la collection et la puissance narrative du défilé, qui s’apparentait à un petit film noir d’inspiration gothique : sur une bande son parfaite donc, des Ladies mort-vivantes au teint de cire déambulaient, babies vernies aux pieds et robes écrues à volants et à smocks, quelques part entre pionniers américains, True Blood et les soeurs Brontë.
https://www.youtube.com/watch?v=ItEoqE0EeoE
Très inspiré, dans la lignée des saison précédentes, l’Américain Owens fut encore une fois impérial, avec une collection très architecturale, très féminine qui jouait beaucoup sur des drapés pareils à des nuages et beaucoup plus colorée qu’à l’habitude (on retiendra un jaune, très Dries Van Noten). En bande son la voix de Nina Simone, puissante, émouvante, ajoutait encore en majesté. On en sortait groggy, empli d’un sentiment d’apaisement : celui qui survient lorsqu’on a été confrontés à une vision artistique puissante, sans compromis et surtout dénuée de tout cynisme. À la saison prochaine, Rick.
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