Richissime homme d’affaire, passionné de politique ou joueur invétéré, ils sont nombreux à avoir fait des pronostics sur les résultats de la présidentielle. Ce premier tour n’échappera donc pas à ces parieurs, qui ont parfois misé gros sur leur poulain.
Si Marine Le Pen est élue présidente, il se frottera les mains. Si elle ne l’est pas, il exultera tout autant. Le milliardaire américain David Tepper, décrit comme « potentiellement le meilleur dirigeant d’hedge fund de sa génération » par le magazine Forbes, a investi une partie de son argent dans la présidentielle française. L’ancien trader de Goldman Sachs fait partie de ceux qui pourraient gagner des millions grâce à ce scrutin.
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Ni politicien ni devin, l’homme d’affaire pense toucher le jackpot, peu importe le résultat de l’élection. Son idée est simple. D’un côté, il achète en masse des actions européennes, dont le prix est plus bas à cause d’un « risque » Le Pen sur-évalué. De l’autre, il mise sur une chute de la valeur des obligations françaises, pariant que les chances de voir la candidate frontiste élue sont sous-estimées.
Billionaire David Tepper is betting long on European stocks, short on bonds https://t.co/xknXyeZtLD pic.twitter.com/YkxVyb6GAN
— Bloomberg (@business) 8 mars 2017
Tactique paradoxale ? On aurait toutefois tort de douter des capacités du 127ème homme le plus riche au monde. Outre-Atlantique, ses placements financiers sont suivis très attentivement. Il n’est d’ailleurs pas le seul milliardaire a misé sur la victoire de Marine Le Pen. Hugh Hendry, connu pour ses provocations médiatiques mais aussi pour avoir fait fortune durant la crise financière de 2008, estime que ses gains seraient « considérables » si la frontiste triomphait.
Benoit Hamon président ?
D’autres personnes espèrent aussi ramasser un joli pactole le soir du 7 mai. Guillaume, 29 ans, est trader à Londres. Lui n’a pas encore la chance d’être dans le classement de Forbes, contrairement à David Tepper. D’ailleurs, il ne spécule pas sur les marchés financiers mais sur des sites de paris en ligne, spécialisés dans la politique. Depuis un an, il met en jeu son argent sur Betfair Exchange, préférant parier contre des joueurs plutôt que contre des bookmakers. “Les joueurs sur Betfair sont moins sophistiqués, ils laissent une plus grande place à leur émotion dans leurs paris. Par exemple les partisans du Brexit avaient misé leurs économies sur le Brexit.” Plutôt favorable au remain, Guillaume n’a pas hésité à parier sur le départ du Royaume-Uni de l’UE, empochant 200 livres (239 euros) au passage.
Concernant la présidentielle, il avoue avoir “fait des paris dans tous les sens”. Il a ainsi misé sur l’arrivée de Benoit Hamon à l’Elysée. “Sa cote indique qu’il a 0,12% de chance que ça arrive. Il ne sera pas président, je le sais, mais ses chances sont quand même supérieures à ce taux”. Avec une mise de départ de 10 livres, Guillaume pourrait remporter 9200 livres (11 000 euros). En vrac, il a aussi placé 1000 livres (1200 euros) sur un Emmanuel Macron obtenant entre 15 et 20% au premier tour, 275 livres (328 euros) sur la présence de François Fillon au second tour et quelques sous encore sur un duel Le Pen-Mélenchon.
Quand on le questionne sur sa vision de cette élection, Guillaume hésite un temps avant de répondre. “Ca m’embêterait vraiment que Marine Le Pen soit élue, mais je me dis qu’au moins dans mon malheur, je gagne de l’argent.”
« On fait pas ça pour l’argent »
Que pense-t-il alors de ceux qui misent avant tout pour le plaisir d’avoir raison ? En France, les paris politiques en ligne sont interdits, contrairement à la Grande-Bretagne. Alors les amateurs de pronostics passent par des moyens détournés. Hypermind a été créé en 2015 par Emile Servan-Schreiber et Mathieu Laine. Cette plateforme repose sur le modèle du marché prédictif ; un marché où les participants misent sur la probabilité qu’un événement se réalise. Mis cote à cote, ces paris donnent une indication, parfois supérieure au sondage, sur la possibilité d’un tel scénario. Sur Hypermind donc, les internautes utilisent une monnaie fictive. Jérôme a rapidement rejoint la plateforme. “À force de donner mon avis sur tout et sur rien en discutant de politique sur les forums, je voulais voir ce que je valais au jeu des prédictions.”
Le pharmacien de 38 ans s’en fiche de “jouer pour des clopinettes”, mais apprécie cette plateforme qui « [lui] permet, en quelque sorte, de débattre avec plusieurs milliers de personnes en même temps.” Jérémy, ingénieur parisien également amateur d’Hypermind, confirme. “On fait pas ça pour l’argent. Moi j’ai dû gagner 40 € en tout, sous forme de bon d’achat.” Après l’analyses des différents sondages, le trentenaire pense que la candidate du FN a le plus de chance de remporter l’élection. L’intérêt pour cet habitué des fils de la bourse, est de tester la fiabilité de ses prédictions.
Pour Arthur et Youmni aussi, l’argent n’est pas l’objectif. Avec leur bande de potes, ces étudiants ont chacun misé une pinte de bière sur les résultats du premier tour. Leurs pronostics ? Beaucoup de « Le Pen-Macron », mais aussi un « Fillon-Le Pen » et un « Mélenchon-Le Pen ». Dimanche, ils auront eux aussi les yeux rivés sur leurs écrans, même si, d’après Arthur, « on ne payera jamais nos bières ».
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