Deux comptes Twitter mettent en scène Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon dans des situations d’étudiants lambda, en détournant avec beaucoup d’humour leur image. Les deux étudiantes qui en sont à l’origine le font “par plaisir”, tout en espérant attirer les jeunes vers la politique.
Quel meilleur moyen pour conjurer la gueule de bois électorale que l’humour et l’autodérision ? Refusant de faire le deuil de la défaite de leurs candidats à la présidentielle, deux étudiantes ont créé des comptes Twitter “post bad” (@postbadjeanluc et @postbadbhamon) pour se remettre du traumatisme de leur élimination le soir du 23 avril 2017. Elles y détournent quotidiennement des photos et des extraits vidéo de leurs champions Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon, en y ajoutant des descriptions qui rendent la situation désopilante, souvent en lien avec un monde estudiantin parfois cruel.
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Quand “JLM” prêche la sobriété en soirée
Pour mesurer la puissance comique de ces pastiches, on ne peut s’empêcher de vous en offrir quelques extraits. Le leader de la France insoumise (LFI) se retrouve ainsi en train de prêcher la sobriété en soirée :
quand mon pote me demande de remplir son verre en soirée pic.twitter.com/IS1l9oV4Au
— chonchon 🌿 (@postbadjeanluc) November 15, 2017
En étudiant désespéré pendant les révisions de partiels :
quand je révise et que je me rends compte que je suis dans la merde pic.twitter.com/KmZLGYNMPe
— chonchon 🌿 (@postbadjeanluc) December 9, 2017
Ou encore en élève réfractaire, réagissant aux commentaires rassurants d’un enseignant qui lui garantit que l’examen est dans la poche :
quand le prof dit que l'exam va être facile pic.twitter.com/YWJDQw0pVS
— chonchon 🌿 (@postbadjeanluc) December 14, 2017
Benoît Hamon se retrouve lui aussi dans la peau d’un étudiant lambda, dans des situations que l’on a tous connues. En galère à l’approche d’un partiel :
quand j’essaie d’apprendre un semestre de cours 24h avant pic.twitter.com/IYZeYSKAfY
— BH (@postbadbhamon) December 10, 2017
Satisfait d’avoir obtenu la moyenne (la vidéo est culte) :
quand t'as enfin la moyenne pic.twitter.com/LMbRkfz7O0
— BH (@postbadbhamon) November 8, 2017
Ou encore embarrassé quand on lui demande s’il se souvient de la soirée de la veille :
quand on me demande si je me rappelle de ce qu’il s’est passé à une soirée pic.twitter.com/5Zj1qjdzaY
— BH (@postbadbhamon) November 28, 2017
Du simple “délire” au militantisme
Derrière ces deux comptes se cachent Juliette (aka @postbadjeanluc, 14000 followers), 18 ans, étudiante en droit à Dijon, et Salima (aka @postbadbhamon, bientôt 10000 followers), 19 ans, étudiante en anglais à Lille. Juliette a été la première à créer son compte, comme “un délire”, en mai 2017.
Si elle se considère aujourd’hui comme militante de LFI, à l’époque de la présidentielle – à laquelle elle n’a pas pu voter, n’étant pas encore majeure – elle était encore loin de s’intéresser à la politique. C’est grâce à internet qu’elle a découvert Jean-Luc Mélenchon :
“Je ne m’intéressais pas du tout à la politique, mais je voyais passer ses vidéos sur internet, je le trouvais drôle et ses idées m’intéressaient. J’ai acheté L’Avenir en commun [le programme de LFI, ndlr], et je suis allée le voir en meeting à Dijon en avril, le dernier de sa campagne. J’étais un peu dég’ de ne pas pouvoir voter”, raconte-t-elle.
C’est aussi à ce moment-là qu’elle fait la connaissance de Salima sur Twitter, via leurs comptes personnels. L’une soutient “JLM”, l’autre “Benoît”, mais le contact passe bien. “On est devenues meilleures potes”, révèle Juliette. C’est elle qui conseille à Salima de créer le compte @postbadbhamon, dans le même esprit que le sien.
Leur politisation suit une trajectoire parallèle. “Je n’étais pas familière du monde politique, et je suis super timide, donc je n’ai pas fait la campagne de Benoît Hamon, retrace Salima. Mais j’ai voté pour lui ! L’idée c’était de montrer que beaucoup de personnes sont derrière lui, que les jeunes sont sensibles à ses idées. A la télé, dans les médias, on ne voit pas ce côté humain.”
L’humain d’abord
Sur leurs comptes “post bad”, les idées politiques s’effacent presque totalement au profit de la seule personnalité des deux impétrants, montrés sous un jour on ne peut plus sympathique. Leur leitmotiv revisite d’une certaine manière le slogan du Front de gauche en 2012 : “L’humain d’abord !”. “Les médias donnent souvent une image agressive de Jean-Luc. Je voulais au contraire en donner une image marrante, montrer que ça reste un être humain. Je pense que c’est une personne drôle. Il est dans la vie comme il est dans ses vidéos”, nous confie Juliette.
Grâce à leur inspiration, à l’entraide et à la faculté qu’elles ont à identifier leur génération (ces fameux millennials) aux deux candidats de gauche, elles ont obtenu la rétribution symbolique suprême : rencontrer leurs candidats “IRL”. L’une a rencontré Benoît Hamon début novembre, alors qu’il se rendait sur le plateau de BFMTV (elle l’avait contacté en DM) :
officiellement certifié par @benoithamon 😌 pic.twitter.com/D41kTxQZta
— BH (@postbadbhamon) November 2, 2017
L’autre a été tirée au sort pour participer à la convention de LFI à Strasbourg, où elle a pu échanger dix minutes avec “chonchon” :
selfie spécial de jean-luc pour mon compte ❤ pic.twitter.com/VIsbtFPxuf
— chonchon 🌿 (@postbadjeanluc) November 25, 2017
L’humour comme vecteur de politisation ?
Si elles sont parfois critiquées pour la personnalisation extrême de leurs comptes, leur côté “groupies”, voire le culte de la personnalité auquel elles participent, elles défendent l’utilité politique de ces blagues en apparence anodines :
“Parmi les gens qui me suivent, il y a des militants, mais aussi des personnes extérieures au monde politique. Ils découvrent Benoît Hamon à travers mes tweets, de manière plus humaine, et j’espère que ça peut les encourager à adhérer à ses idées”, avance Salima.
“Aujourd’hui tout tourne autour des réseaux sociaux. Les gens autour de moi les consultent plus que la télévision. En les utilisant, on peut donc les attirer vers la politique”, estime Juliette. En attendant, elles doivent toutes deux plancher sur leurs partiels : “Les études passent quand même avant”, sourit Juliette. Jusqu’à 2022 ?
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