Misogyne, homophobe, climato-sceptique et anti-avortement. Voici un résumé succinct du vice-président américain Mike Pence, pressenti pour prendre la relève d’un Trump de plus en plus en position de faiblesse.
Mike Pence, 57 ans, vice-président de Donald Trump et donc des Etats-Unis, n’est pas un nouveau venu en politique. Ancien gouverneur de l’Indiana (de 2013 à 2017) et avant ça député du même Etat (de 2001 à 2013), il a émergé publiquement pour la première fois en 1999.
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Après deux tentatives ratées pour se faire élire à la Chambre des Représentants (l’équivalent yankee de l’Assemblée nationale), ce fils de démocrates comprend comment faire parler de lui. Au cours d’une émission de radio locale qu’il anime lui-même, il évoque la place des femmes au sein de l’armée américaine. Pour ce « chrétien, conservateur et républicain » – il tient à ce qu’on le présente « dans cet ordre » -, c’est bien évidemment une hérésie :
« Vous voyez, beaucoup d’hommes trouvent les femmes sexuellement attirantes, beaucoup de femmes trouvent elles aussi les hommes attractifs sexuellement. Mettez-les ensemble dans des quartiers fermés, pendant une longue période , et vous verrez que les choses commenceront à devenir intéressantes… C’est ce qui est arrivée à la jeune Mulan. Morale de l’histoire : les femmes dans l’armée, c’est une mauvaise idée. »
L’anecdote pourrait faire rire si cet homme au sourire discret et aux cheveux de talc, « heureux soldat » de l’Eglise évangélique, membre du Tea Party « avant que ça ne soit cool », n’était pas pressentie pour prendre la relève de Donald Trump. Le président américain est de plus en plus menacé d’une destitution à mesure que les scandales éclatent sur ses supposées relations avec la Russie.
Misogyne, homophobe et climato-sceptique
Le profil de son éventuel remplaçant n’est guère reluisant. Car Mike Pence ne se borne pas à la misogynie la plus primaire. Anti-avortement, climato-sceptique – « le réchauffement est un mythe » et le protocole de Kyoto “un désastre” – , pro-tabac – « malgré l’hystérie de la classe politique et des médias, le tabagisme ne tue pas » –, il semble aussi avoir fait de la communauté homosexuelle sa bête noire :
« Les hommes homosexuels ne peuvent pas intégrer l’armée parce que leur présence affaiblit les troupes. »
Quant aux communautés LGBT, dans leur ensemble, elles sont selon lui responsables de « l’effondrement de la société ».
Born and raised dans l’Indiana en plein Midwest américain, Mike Pence présente un parcours plutôt classique en politique. « Il est connu pour être un idéologue conservateur qui a grimpé les échelons du Parti républicain et non pas comme un stratège de la politique extérieure », raconte le journaliste Shane Harris. Issu d’une famille catholique irlandaise, il se tourne très vite vers l’évangélisme et adhère durant ses études au courant Born Again – une sorte de renaissance christique avec la célèbre cérémonie du baptème d’eau :
« Pour moi, tout commence par la foi, c’est ce qui compte le plus, et je tente de mettre en avant la vérité morale à chaque fois en première position. Puis vient ma philosophie de gouvernement et ma politique en troisième position », expliquait-il en 2010 sur une chaîne catholique.
La place des femmes est au foyer
Depuis son élection en 2001 à la Chambre des Représentants, le parcours de Pence se prolonge au gré de ses déclarations choc et outrancières. Pour ce père de trois enfants, la place des femmes est au foyer car une mère qui voudrait poursuivre sa carrière professionnelle induit forcément un « retard de croissance et de développement » pour l’enfant.
Allant plus loin que le militantisme anti-avortement primaire, Mike Pence voudrait que les familles et hôpitaux américains enterrent les fœtus avortés : « Je signe cette loi en priant Dieu de continuer de bénir ces précieux enfants, ces mères et ces familles », expliquait-il lorsqu’il était encore gouverneur. Le planning familial est son pire ennemi : « Je pense que les Américains seront surpris d’apprendre que les infrastructures qui profitent le plus de ces fonds sont aussi celles qui procèdent le plus largement à l’avortement », déclare-t-il en 2011. Et ne lui parlez pas de préservatif, cette « faible protection » contre les MST. En 2015, il a aussi défendu une loi sur la « liberté religieuse » dans l’Indiana, considérée comme une discrimination envers les communautés LGBT.
S’il a hésité un temps à se présenter à la l’élection de présidentielle américaine, Mike Pence fut un soutien de Ted Cruz avant d’être désigné par le camp républicain, le 15 juillet 2016 comme vice-président probable des Etats-Unis.
L’un de ces derniers faits d’arme comme gouverneur de l’Indiana est d’avoir voulu, en 2016, s’opposer à l’installation de réfugiés syriens dans son Etat au nom de la sécurité et de la probabilité, selon lui, que des terroristes se cachent parmi eux.
Il rejette la théorie de l’évolution
Au niveau international, Mike Pence est favorable au maintien des Etats-Unis dans l’Organisation mondiale du commerce, a approuvé l’invasion irakienne de 2003 et s’est opposé à la fermeture de Guantanamo.
Cerise sur ce triste gâteau, Mike Pence rejette la théorie de l’évolution comme il l’expliquait à MSNBC en 2009 :
« Est-ce que je crois à l’évolution ? J’embrasse l’idée selon laquelle Dieu a créé les cieux et ma Terre, les mers et tout ce qu’il y a dedans. La manière dont il l’a fait, je ne peux rien en dire, mais je crois en cette vérité fondamentale ».
Reste à savoir laquelle.
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